Critique Rudolf Turkey 7

Rudolf Turkey, le millionaire arrogant

Petite remarque avant de commencer : cette critique concerne l’entierté de la série et contient des spoils légers sur la dynamique de l’intrigue, donc ne vous inquiétez pas je ne balance pas les détails ou des noms ! De plus, dans cette critique, je ne redonne pas le plot de base (pour ça, checkez ma critique du tome 1 ⇒ lien). Ici, je fais plutôt un avis global de la série.

Rudolf est tout de même pour un public averti car certains scènes sont un peu gore et avec de la violence gratuite.

La série tourne autour de Rudolf Turkey, le « héros » de l’histoire qui est en réalité un anti-héros à cause de son sale caractère: millionnaire arrogant, il n’est jamais reconnaissant envers les autres, très demandant sur son entourage, manque de tact, pingre, colérique, impulsif, orgueilleux, ne fait jamais d'efforts… En ce sens, il fait des choses vraiment discutables, il est capable notamment d’ultra-violence gratuite (péter à mains nues le coude d'un homme s'étant déjà rendu ou coup de poing à son secrétaire Aigue-Marine qui était juste honnête dans ses propos).

Des personnages secondaires qui ont de l'importance

Mais Rudolf Turkey n’est pas seul. Il est entouré de ses efficaces « scribouillards » comme ils les appellent : Momoko sa fidèle secrétaire japonaise adepte d’arts martiaux et Aigue-Marine son autre secrétaire qui a un don pour tirer avec les armes à feux. Il y a également le duo de policiers Pale Python et Vermelho Wolf qui se complètent parfaitement entre l’intelligence de Pale et les muscles de Vermelho. Mais plus encore, il y a une femme qui tient tête à Rudolf! Rudolf veut ardemment sortir avec la très séduisante barmaid Lapin et essaie de la convaincre avec son argent et son pouvoir mais sans résultat. Je suis finalement assez touchée par ce personnage féminin qui bouscule le cliché de princesse à protéger car elle tient à son indépendance et lance même à Rudolf « qui t'a dit que je voulais être protégée ?“. Avant d'être une sexy bombass, Lapin est d'abord une femme d'une classe sociale inférieure qui s'est battue pour mener à bien son projet de bar et le diriger de manière indépendante. Lors d’un chapitre, Rudolf est rattrapé par un passé au nom de Jenny, son excentrique d’ex-fiancée qui en fait voir de toutes les couleurs à Lapin. On se rend compte des sources de discrimination comme la situation sociale, la famille et couleur de peau (car Lapin est métisse). Mais avec cet épisode, on peut concéder une qualité à Rudolf: en étant amoureux de Lapin, il ne s'arrête pas aux apparences et clichés arrêtés qu’ont les gens de son statut.

Des enjeux crescendo

Au début de l’histoire, l’auteure plante le décor et peint le portrait de Rudolf Turkey tout puissant à Gond Land avec un ton assez léger dans l’ensemble. Mais rapidement, les enjeux montent avec les tentatives d’assassinat sur Rudolf et son entourage ainsi que l’arrivé de Gil Goat, le secrétaire du maire actuel à la fin du tome 3. S’en suit un entraînement rude pour chacun et une bataille aux élections entre Rudolf et l’autre candidat dangereux Benjamin Bear. Le paroxysme de l’histoire a lieu à la toute fin du tome 5 avec un retournement de situation et une grosse trahison d'une personne de l'entourage de Rudolf. Personnellement, si je n’avais pas commencé par hasard la série par le tome 6, je ne l’aurais jamais vu venir ! En tant que lecteur, on peine à y croire tout comme Rudolf ! Finalement, le tome 7 est l’apothéose de toute l’histoire et on assiste à des scènes vraiment fortes de bataille finale contre les méchants.

Une évolution entre le début et la fin pour tout le monde

Grâce à ces remous, tout ce beau monde subit une bien belle évolution entre le premier et dernier tome. Tout d’abord, Momoko et Aigue-Marine prennent en assurance et s’affirment dans leur rôle de secrétaire et garde du corps. Dans le tome 5, Rudolf prend toute la mesure de l'importance de ses assistants qui le soutiennent contre vent et marée. Il a eu du flair lors de leur recrutement car ils ne payaient pas de mine à la base mais maintenant ils sont prêts à tout pour Rudolf. De plus, l’histoire d’Aigue-Marine contient un retournement vraiment inattendu!

Au cours de ce périple, Rudolf Turkey qui était arrogant et égoïste va apprendre à dire “merci”,’”j’ai besoin d’aide” et ”désolé”, bref il arrive enfin à se préoccuper des autres afin de devenir maire de Gond Land. Il va même jusqu’à s’incliner pour demander l’aide d’un médecin pour sauver un de ses assistants alors que 4 tomes avant il disait texto : « ceux qui baissent la tête pour un oui ou pour un non n’ont aucune valeur à mes yeux ». Lapin est le principal vecteur de cette transformation car par ses refus constants, elle l'oblige à être plus généreux, doux et poli. A l’aide d’encore d’autres épreuves, il finit par comprendre l'importance fondamentale de son entourage qui l'a aidé à faire de lui ce qu'il est.

Niveau dessins et humour

Les dessins de ce manga sont vraiment excellents. Ils sont riches en détails et le chara-design est vraiment chouette avec des corps vraiment en chair que ce soit pour les hommes ou les femmes. Un autre point fort de ce manga réside dans le dessin des femmes qui ont de belles formes, bien en chair mais sans tomber dans le fan service (e.g. plan gratuit sur des petites culottes dont j’ai absolument horreur…). Les scènes d’actions sont également réussies avec des plans et un découpage dynamiques. Mais les autres scènes ne sont pas en reste car les scènes entre Lapin et Rudolf donnent lieu à de jolis moments de tendresse avec de beaux dessins, de beaux découpages des planches qui permettent de ralentir la scène qui est comme suspendue pendant un instant de douceur.

Une autre force réelle du titre réside dans son humour qui joue sur le contraste de la démesure des actions et pensées de Rudolf comparé à son entourage. On a ainsi affaire à un humour fun et décomplexé qui permet de prendre un réel plaisir à la lecture, à tel point qu’on peut être triste de quitter ces personnages et Gond Land à la fin du tome 7.

En conclusion, que du bonheur!

De manière générale, cette série réussit très bien à balancer sérieux et humour. Alors que la première partie de l’histoire reste globalement légère malgré les tentatives d’assassinat sur Rudolf et son entourage, les tomes 6 et 7 s’avèrent beaucoup plus lourds émotionnellement. On finit donc la série en beauté dans un final percutant et on quitte ces personnages formidables à regret à la fin du dernier tome.

mimy28

Baignant dans les mangas depuis maintenant plus de 10 ans, j'ai progressivement ouvert mon panel d'intérêt des shonen aux seinens en recherchant des histoires bien ficelées qui proposent d'intéressantes pistes de réflexions et avec plutôt de beaux graphismes.
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