Chronique : Tokyo therapy 1

La thérapie pour les nuls 

Choix osé de la part des jeunes éditions Komikku avec la sortie d’une série en deux volumes, Tokyo Therapy, dont le sujet est évoqué sans équivoque dans le nom de la série. Dessiné par Toshinobu Tana avec Taro Koutsu au scénario, deux mangakas dont aucune œuvre n’était encore sortie dans notre pays, Tokyo Therapy nous propose de suivre Miwa Shinjo, psychologue clinicienne. Un thème, et un métier, assez rarement abordé en manga, et encore moins en tant que trame principale. Les divers cas étudiés par notre psychologue ne seront bien entendu pas des plus joyeux mais pourraient bien donner un point de vue assez éloigné des préjugés liés à cette activité.

 

Dessinez-moi un arbre svp

Ce premier volume de Tokyo Therapy nous propose quatre « affaires » que devra traiter Miwa Shinjo, dont trois en intégralité. Il sera ainsi question de dépression suite à un deuil familial, de violence conjugale, de trouble post-traumatique et de passé inavoué (voire inavouable). Des sujets durs donc, mais traiter sous un angle « médical », les guillemets étant de rigueur puisque le titre insiste longuement sur la différence entre la psychiatrie et la psychothérapie, notre héroïne n’étant donc pas un médecin mais bien une psychologue clinicienne.


© Taro Koutsu / Toshinobu Dana / Houbunsha


Ces détails, importants, sont précisés très clairement et appuyés par la présence d’un psychiatre, proche  de notre héroïne fraichement divorcée. L’angle médical du traitement signifie que la situation est prise avec du recul et une analyse détachée des événements et des causes à l’origine du trouble détecté, réussissant ainsi à dédramatiser les sujets. On notera également que les diverses histoires s’insèrent dans la vie de tous les jours de notre héroïne, entre son emménagement, sa fille et son passé avec le fameux psychiatre.

 

Test de Szondi et autres joyeusetés

Tout l’intérêt de Tokyo Therapy réside finalement dans cette description très didactique des « mécanismes de l’âme ». Comment un événement du passé lointain peut avoir une influence importante sur le comportement d’aujourd’hui, comment un sentiment de culpabilité peut gâcher la vie d’une personne, comment, en essayant de guérir, on provoque parfois plus de mal que de bien. Sur ce point, le titre s’avère très souvent passionnant et c’est avec parfois un grand étonnement qu’on parcoure les pages  sans temps mort.

 

© Taro Koutsu / Toshinobu Dana / Houbunsha


Un contenu qui fait presque totalement oublier la « forme » : le graphisme de Taro Koutsou qui, dès la couverture, en rebutera plus d’un. Et pourtant, si certains visages souffrent clairement d’un manque de détails, de finesse ou tout simplement de beauté, il n’en est rien de l’ensemble du volume, où certains personnages sont bien mieux réussis que ce à quoi on pouvait s’attendre en feuilletant les premières pages, même si cela aura du mal à passer pour un point positif du titre.

ivan isaak

Passionné de mangas, lecteur de Jules Verne, David Gibbins et Stephen King.
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