Chronique : Border T.1

Parce qu'il a été touché à la tête au cours de ses investigations, Ango Ishikawa, inspecteur au sein de la 1ère unité de recherche du Département de la Police Métropolitaine de Tokyo, se trouve à vagabonder dans les abîmes de la mort. Or, après avoir été miraculeusement ramené à vie, il se découvre "une capacité à communiquer avec les morts" ! Dès lors, Ishikawa se pose à l’écoute des victimes assassinées, se confrontant aux affaires les plus difficiles pour les libérer de leurs regrets. 

Morts et vivants, loi et justice, vérité et mystification... Ici commencent nos enquêtes entre mystère, suspense paranormal et extrasensoriel !

Titre : Border T.1
Editeur français : Komikku
Date de sortie : 24/09/2015
Dessinateur : Yua KOTEGAWA
Scénariste : Kazuki KANESHIRO

Série terminée en 4 tomes

Je vois des gens qui sont morts...

Border, c'est avant tout un inspecteur pas comme les autres du nom de Ango ISHIKAWA. S'il ressemble à n'importe quel inspecteur de prime abord, il cache un secret au coeur de sa boîte cranienne : une balle reçu accidentellement au cours d'une enquête. Depuis ce jour-là, il a la capacité de voir et entendre les morts tant que leur corps est laissé intact. Une gros avantage pour résoudre des cas épineux !

© Yua KOTEGAWA 2014 © Kazuki KANESHIRO 2014 / KADOKAWA CORPORATION, Tokyo

Bien entendu, personne n'est au courant de son "pouvoir" et il n'a pas l'air de vouloir le révéler à quiconque même s'il se pose des questions sur celui-ci. La balle dans la tête d'Ishikawa agit comme une épée de Damoclès sur celui-ci puisqu'il sait qu'à tout moment, il peut succomber.

Pouvoir percevoir la détresse des âmes vagabondes semble être tout de même un vrai fardeau pour Ishikawa. Ceci transparaît dans son attiude très posée, limite mélancolique. On sent que cette personne est différente et très empathique. Par contre, les victimes ne réagissent pas tout le temps de la même façon et même une fois mortes, elles continuent parfois à vouloir conserver des secrets ou à vouloir aider des personnes de leur entourage. Ceci rend les choses parfois plus compliquées que prévues pour Ishikawa.

Des méthodes efficaces

Pouvoir communiquer avec les victimes est un avantage énorme pour la résolution des enquêtes mais cela ne fait pas tout. En effet, l'auteur met en avant à plusieurs reprises les méthodes d'Ishikawa afin d'obtenir des aveux ou du moins faire bouger les choses en vue de faire avancer l'enquête.

© Yua KOTEGAWA 2014 © Kazuki KANESHIRO 2014 / KADOKAWA CORPORATION, Tokyo

C'est en conjuguant habilement son expérience en tant qu'inspecteur et son nouveau pouvoir qu'il arrive à être vraiment efficace et c'est ce point qui est intéressant. Mais d'un autre côté, cet inspecteur se suffit à lui-même. Certes, il est épaulé pas une jeune fille en stage d'observation mais au final, elle fait plus de la figuration qu'autre chose. Alors que tout le monde mène l'enquête de façon "classique" (pas le choix !), Ishikawa quant à lui part chaque fois dans des directions complètement différentes grâce aux informations qu'il a pu glaner grâce à son pouvoir. Sur ce point, on croirait presque voir Sherlock Holmes, qui, même s'il est épaulé par le Dr Watson, arrive à résoudre tout de son côté grâce à son sens aiguisé de l'observation.

Mais dire qu'Ishikawa fait tout, tout seul, ne serait pas totalement exact car il faut bien avouer qu'il sollicite régulièrement un génie de l'informatique qu'il "exploite" en échange de sa clémence. En effet, il menace gentillement le jeune fille de la coffrer pour un délit dont nous ignorons actuellement la nature.

Pas 100% original mais...

Le scénario de Border n'est pas sans en rappeler d'autres, que ce soit dans le milieu du manga ou même du cinéma et des séries TV. Dans la famille des enquêteurs qui sont aidés par des pouvoirs, on pense au manga Psychometrer Eiji sorti en 1996 ou encore à Pushing Daisies ou Medium, les séries TV américaines.

Cette approche n'est donc pas révolutionnaire mais n'en demeure pas moins prenante et plutôt efficace. Border se démarque cependant par la fatalité qui pèse sur son héros, chose qui devrait prendre de l'importance d'ici la fin de la série qui compte 4 tomes.

Ce premier tome est composé de deux enquêtes dont l'une ne fait pas preuve d'une grande originalité mais qui a le mérite d'être traitée avec sensibilité. Pas trop d'action mais suffisamment pour rythmer le récit. L'auteur met plutôt l'accent sur la psychologie des personnages impliqués dans les meurtres. En découle une ambiance assez particulière, dûe en grande partie à la personnalité du héros, Ishikawa.

© Yua KOTEGAWA 2014 © Kazuki KANESHIRO 2014 / KADOKAWA CORPORATION, Tokyo

Côté dessin on retrouve bien le style facilement identifiable de Yua KOTEGAWA. La première planche en couleur est magnifique mais bizarrement la seconde nous refroidit car bien moins réussie. Mais heureusement, le reste est de très bonne qualité avec des personnages bien travaillés aux yeux expressifs.