Critique Manga Suicide Island

8
Suicide Island

par Kamiville le dim. 25 mars 2018

Peut-on reprendre goût à la vie alors qu’on a déjà essayé de se donner la mort ?

C’est le point de départ de ce survival où un groupe de suicidaires récidivistes est envoyé sur une île isolée par le gouvernement japonais qui ne sait pas quoi faire de ces individus qui, par le soin et la réinsertion dont ils ont besoin, coûtent chers à l’État. Paradoxalement, alors qu’ils avaient voulu abandonner la vie, ces suicidaires chercheront à survivre.
D’emblée, si vous vous attendez surtout à voir des combats entre les différents personnages à la façon Battle Royale, vous serez très vite déçus : dans Suicide Island, il y a une composante humains VS humains mais c’est surtout humains VS Nature, c’est-à-dire que l’accent est mis davantage sur la survie face à la soif et à la faim, à l'adaptation dans un environnement sauvage. On suit donc le quotidien de personnages qui s’adonnent à la pêche, la chasse en montagne, la culture de bananiers et de riz, l’élevage de chèvres et de poules, entre autres, pour se nourrir de repas frugaux et dans chacune de ces activités, l’auteur insère quelques notes explicatives accompagnées de schémas. Par exemple, on a droit à des explications schématisées sur l’extraction du sel de mer, la construction de harpons, la pêche à la palangre, les étapes de la culture du riz, etc… Ce côté pédagogique permet au lecteur de comprendre comment les personnages font pour survivre face à cette nature tantôt hostile, tantôt généreuse.

En ayant lu ma critique jusqu’ici, vous devez vous dire que ce manga ennuyeux pour un survival, il ne se concentre pas beaucoup sur l’action, il n’y a pas autant d’affrontements que dans les survival concurrents mais il y en a tout de même. Quand il y a affrontements, c’est entre le groupe dans lequel se trouve notre héros installé à l'Ouest de l'île et où le régime tendrait vers une démocratie et le groupe installé au Sud de l'île, celui de Sawada qui, par la force, a réussi à instaurer une tyrannie où règne la débauche avec des filles qui servent à assouvir les pulsions sexuelles des hommes. Le deuxième groupe cherche à envahir le territoire du premier et récupérer les filles qui y sont. De par les différents affrontements, l’auteur arrive à donner une portée philosophique à son oeuvre. En effet, bien que le groupe du héros cherche plus à se protéger qu’à riposter, ils doivent mettre fin à ces affrontements et cela implique de tuer les autres mais justement, ont-ils la légitimité de décider de la vie ou de la mort d’autres individus alors qu’ils ont déjà tenté eux-même de se donner la mort ? Ont-ils le droit de juger les actes barbares du groupe de Sawada alors qu’ils sont sur une île isolée, sans loi, où tout le monde est libre de faire ce qui lui chante, y compris tuer ?

Pour ce qui est des personnages, comme de nombreux survival, il y en a une multitude surtout répartie entre les 2 groupes cités plus haut. Puisque l'histoire tourne autour du groupe de notre héros, l'auteur a pris soin de placer au fur et à mesure des flashback sur le passé de chaque personnage du groupe pour que le lecteur puisse s'y attacher. Dans ces flashbacks intégrés dans le scénario, on apprendra surtout la raison du mal-être du personnage en question et la cause qui l'a poussé à se suicider.

Toujours sur les personnages mais sur leur character design, l'auteur a un style très particulier, pas grand public du tout. Je n'ai pas aimé mais cela ne m'a pas empêché de lire l'intégralité du manga parce que j'ai accroché à l'histoire et l'ambiance. Je trouve les corps mal proportionnés avec des corps trop fins comparés à la tête et le style de l'auteur ne permet pas toujours de bien faire ressortir les expressions des personnages, c'est très loin du niveau du dessinateur de Battle Royale dans ce domaine là. On peut aussi noter le fait que plusieurs personnages peuvent se ressembler, ce qui les rend difficilement distinguables.
Cependant, l'auteur se rattrape avec les dessins des animaux et des décors. Que ce soient les chiens, les cerfs, les requins ou les buissons, la forêt, la montagne, le coucher du soleil, tout est toujours très soigné.

Bref, Suicide Island n'est pas le survival le plus grand public et le plus conventionnel. Il ne plaira pas à tout le monde de par son dessin mais aussi par sa composante humains VS Nature qui limite grandement les scènes d'affrontements, surtout dans les premiers tomes. Ce ne sera qu'au bout du quart du manga que le manga montre son vrai potentiel.
Si vous passez ce cap, vous vous rendrez compte que vous aurez affaire à une ode à la vie où l'auteur exhorte le lecteur à vivre, oui, mais surtout à profiter de la vie comme Horace le préconise : "Carpe Diem".

En bref

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Suicide Island
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