Critique Manga Love stories #1

10
Love stories

par Charlie One le lun. 1 mai 2017 Staff

Wow.


Juste wow.


Wow.


N’arrêtez pas de lire, j’essaie juste de mettre en ordre mes idées pour retranscrire au plus juste mon ressenti sur ce 1er tome de Love Stories. Wow.


Love Stories n’est pas un manga qui raconte une énième histoire d’amour, contrairement à ce que pourrait induire le titre. Il traite des relations amoureuses, oui mais autrement, Love Stories est avant tout l’histoire d’une amitié naissante, incroyablement sincère entre deux garçons : Yuiji Hasegawa et Yamato Yoshinaga.


Deux camarades de classe évoluant dans des cercles distincts et que rien ne prédestinaient à n’être plus que cela… d’autant plus lorsque l’histoire commence sur le point de vue de Hasegawa, venant tout juste d’apprendre l’homosexualité de Yoshinaga et qui, dans un premier temps, est quelque peu frileux à l’idée de le côtoyer…


Dans les faits, je ne vous le cache pas, ce premier chapitre m’a quelque peu dérouté. Non pas à cause de la qualité narrative de Tohru Tagura, impeccable, mature et introspective, qui nous immerge dans les pensées d’un adolescent hétérosexuel intégrant, d’un coup, l’existence d’une autre identité sexuelle que la sienne, mais bien à cause de ses premières réflexions parfois blessantes et préjugées, tantôt ridicules, comme cette curieuse fixette sur l’intimité entre hommes, tantôt un peu bêtes, comme cet étrange instinct de vouloir garder ses distances. Et ce bien qu’il n’y ait, évidemment, aucun mal à être homosexuel.


Hasegawa ne peut s’empêcher de se poser tout un tas de questions sur une réalité qui lui était jusqu’à alors abstraite, sur Yoshinaga lui-même et de sur-analyser (involontairement) le comportement de ce dernier. Et ce n'est pas étonnant. Les mentalités évoluent (à pas de tortues) mais l'inconscient est puissant, expliquant ce réflexe de méfiance. Cependant, l'on retiendra avant tout d'Hasegawa, sa gentillesse, son absence d'animosité ainsi que sa volonté d'être dans l'empathie. Des qualités rares que l'on retrouvera tout du long de la lecture.


En toute complémentarité, le point de vue de Yoshinaga est rapidement mis en image dès lors que celui-ci est « grillé » par Hasegawa durant une séance de devoirs en groupe. L’ « incident » agit comme une sorte d’électrochoc pour l’adolescent. Parfait exemple du jeune homosexuel qui bataille encore intérieurement pour s’accepter, ne souhaitant que la délivrance de se dévoiler et partager cette part de lui avec sa famille et ses amis, Yoshinaga va très vite entrevoir et trouver en son camarade un allié et confident de confiance, lui permettant d’énoncer à haute voix ses inquiétudes, son désarroi face à la réalité du rejet, son malaise dans son appartenance à une minorité et le poids de maintenir une façade pour se protéger.


Bien que déjà entouré d’une amie infaillible et d'un appui moral en la personne de la charmante et énergique Natsumi à qui il peut déjà tout dire, force est de constater que la possibilité d’avoir un ami garçon hétéro capable d’une acceptation de ce qu’il est sans concession, représente un atout plus que bénéfique pour Yoshinaga et son développement personnel. L'on ressent par ailleurs très nettement la sereinité du lycéen au contact de son nouvel ami et l'apaisement d'avoir pu vivre un coming-out (certes accidentel) sans que celui-ci n'affecte le comportement de l'autre. Bien au contraire.


L’amitié réciproque des deux garçons, se construisant de façon naturelle, est incroyablement réaliste, honnête et sans faux semblant et se révèlera tout autant positive pour Hasegawa qui, bien qu’hétérosexuel et disposant a priori, du privilège de la facilité quand il s’agit des affaires amoureuses, se nourrira de ses échanges à cœur ouvert avec Yoshinaga pour se livrer à une introspection personnelle, analyser sa conception de l’amour et ses propres sentiments pour sa petite-amie Mayu (sans remettre en question sa sexualité pour autant, je vous rassure !)


Pour finir, Yoshinaga croisera également dans la seconde partie le chemin d'un autre lycéen gay, qui aura sans trop de doute un impact important dans la suite du manga, pour le moment prévu en 3 tomes. Plus extraverti, pragmatique vis-à-vis de la romance et à l’aise avec ses besoins et désirs physiques, Sakura est pour l'instant présenté comme une alternative dans la manière de vivre son homosexualité, une possible prochaine étape pour Yoshinaga ainsi qu'un potentiel premier petit ami, ou du moins expérience sexuelle.

En bref

Forte de son message incroyablement fort et actuel sur l’acceptation de soi et des autres, Tohru Tagura frappe dans le mille avec une histoire qui résonne vigoureusement tant elle relate, avec une honnêteté et un réalisme rarement égalés, une amitié solide entre garçons respectivement hétérosexuel et homosexuel - sans qu’aucun sentiment romantique entre les deux ne viennent parasiter leurs échanges à cœur ouvert. La technique narrative fluide et rafraichissante, alternant tour à tour les points de vue complémentaires de ses personnages, sans jamais en placer l’un au-dessus de l’autre, est aussi à saluer. Intense et immersif, l’on referme ce livre avec de grandes attentes pour la suite, touché et retourné par tant de justesse. Bref, c'est un 3e coup de cœur MS pour Love Stories, le Yaoi authentique par excellence qui favorise l'identification et l'empathie ! Et un 10/10 pour Taifu qui nous offre une œuvre déjà incontournable. Pour tous !

10
Love stories
Positif

Une narration introspective intelligente, fluide et dynamique alternant les points de vue "gay" et "hétéro"

L'amitié au cœur du récit

Une représentation de l'homosexualité criante d'authenticité

Negatif

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