Critique Manga Gift ± #1

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Gift ±

par snoopy le dim. 30 avril 2017 Staff

Lors de l'annonce d’une nouvelle acquisition par un éditeur, certains titres nous tapent directement dans l’œil et en tous bons passionnés que nous sommes nous finissons même par compter les jours qui nous séparent de la sortie. Les éditions Komikku ont frappés fort en ce début d'année puisque après nous avoir offert le sublime l'enfant et le maudit, ils reviennent à la charge avec cette fois-ci un manga coup de poing dans lequel l'immoralité devient morale. Déjà très intriguée par son synopsis alléchant, sa sublime couverture et le slogan un « Dexter au féminin » qui offre la vie en donnant la mort finiront définitivement par me convaincre de me jeter dessus à sa sortie. Les attentes sont donc forcément plus élevées et forcément le risque d'être déçu également à l'instar de certains titres qui peuvent nous surprendre alors qu'ils n'inspiraient pas grand chose au départ. Ce premier tome est-il à la hauteur de nos espérances ?


 « La vie est un présent que nous ont offert les dieux… il est de notre devoir d'en prendre le plus grand soin… »


Tamaki Suzuhara est une mystérieuse jeune fille qui manie le scalpel comme personne. Avec son associé Takashi, elle s’est spécialisée dans la vente d’organes. Leurs proies sont les pires rebuts de la société, les criminels les plus infâmes qui ne méritent plus de vivre !


« Une ambiance graphique des plus réussies venant compenser un début de récit souffrant de quelques faiblesses. »


On débute la lecture en compagnie de Tamaki qui se révèle très vite être une héroïne très différente de ce qu’on a pu lire jusqu’à présent. En effet,  elle fera  une entrée en scène assez remarquée en deux temps puisqu’elle portera secours à une personne avec un certain panache pour ensuite enchainer avec un premier harponnage nous permettant instantanément de saisir le credo de cette dernière. En tant que fan de Dexter, j'étais à la fois enthousiaste d’avoir affaire à un protagoniste principal complètement atypique puisque pour ceux qui ne connaissent pas la série, Dexter est un psychopathe tueur en série qui tente de vivre comme monsieur et madame tout le monde en maîtrisant ses pulsions meurtrières et en ne prenant pour cible que des criminels afin de rendre justice à sa manière mais également inquiète de voir l'auteur calquer Tamaki sur ce dernier. À ce niveau-là, on ne peut qu’être agréablement surpris puisque notre héroïne fonctionne de façon différente, elle ne ressent pas de pulsions meurtrières mais agit selon ses préceptes à savoir que chaque vie est précieuse et qu’elle pourra en sauver plusieurs en éliminant un criminel notoire.  C'est donc dans la finalité de leurs actes qu'on trouve des points communs entre Tamaki et Dexter. Cette dernière se révèle très vite passionnante à suivre et donne envie de voir l'auteur l'approfondir que ce soit son passé ou son profil psychologique.


Tout comme son héroïne, l’ambiance graphique est également des plus prenantes. Tout d'abord, on saluera le nouveau design de la couverture qui il faut le reconnaître est vraiment bien plus travaillée et jolie que celle d'origine. Par contre, ces dernières correspondent mieux aux graphismes à l'intérieur et donc peut surprendre ou décevoir une fois la lecture débutée. Même si les dessins ne sont pas à 100% du même acabit que celui de la couverture, ils n'en sont pas moins réussis et certaines scènes collent parfaitement bien au ton dérangeant du récit. En effet, avec ses personnages aux visages ronds et aux yeux très expressifs, le mangaka nous livre un chara-design soigné et attrayant. Quant à la mise en scène, elle reste maîtrisée et contribue à l'ambiance assez glauque par moment. Personnellement, certains plans m'ont légèrement moins plu car exagérément vulgaire mais ces derniers accentuaient l’ambiance sordide du récit. Par contre, d’autres ont retenus mon attention car on voit que l'artiste a pris le temps de les travailler et le rendu  met particulièrement bien en valeur le grain de folie des protagonistes.


Par contre pour en revenir à l’histoire, tout ira beaucoup trop vite dans ce premier tome avec un récit qui part un peu dans tous les sens. En effet, l'auteur dévoile ses cartes beaucoup trop rapidement et donne l'impression de bâcler certains aspects de son intrigue. On aura ainsi le droit à pas moins de trois harponnages autrement dit trois cibles feront les frais de notre justicière. Ce qui m’a gêné vient du fait que deux d'entre eux furent très vite expédiés. Passe encore pour le premier qui sert plus à introduire l'histoire mais on peut déjà regretter le fait que Tamaki débarque pile-poil au bon moment même si on s'imagine que son collaborateur lui à filé un coup de main. Tout semble un peu trop facile et il manque tout ce côté préparation qu'on retrouvait dans Dexter et qui rendait l'intrigue plus réaliste. Sans parler du fait que ces deux derniers n’ont été aucunement développés ni nuancés. Malheureusement, le seul harponnage que l'auteur a décidé de développer plus en profondeur m'est apparu beaucoup trop cru pour une première incursion dans son univers et a heurté ma sensibilité puisque l’histoire finit trop bien pour une meurtrière d’enfant. Bien sûr, je ne m'attendais pas à atterrir au pays des bisounours en débutant ma lecture et ce genre d'univers sordide me plaît en général quand c'est bien fait mais personnellement je n'aurais pas opté tout de suite pour un profil aussi dérangeant et puis je n'ai pas été spécialement convaincue par ce que l'auteur a essayé de faire. Après ce n'est que mon avis et cela n'engage que moi, bien sûr.


Parallèlement, on suit un chirurgien de l'ombre qui engage un détective afin de retrouver une petite fille qu’il a opéré jadis. Personnellement, j'aurais pris plus le temps de poser les bases du récit et aurait placé cet élément de l'intrigue de façon plus subtil mais c'est une façon originale d'aborder le passé de Tamaki et on reste curieux de voir où tout ceci va nous mener notamment concernant la nature de leur relation et la raison pour laquelle il lui a appris à manier le bistouri. Cela dit, le fait que Tamaki travaille en collaboration avec le docteur Hanabusa sans le savoir m’a semblé peu vraisemblable d'autant plus que son collaborateur a l'air de savoir beaucoup de choses. Bref, c'est peu convaincant de ce côté-là.


Enfin, la dernière partie va très certainement faire l'objet d'une intrigue plus poussée et pourrait annoncer une excellente suite d'autant que l'idée d'une concurrence sur le marché noir des organes est assez réaliste et permettra à l'auteur d'aborder cet aspect plus en profondeur. 

En bref

Vous l’aurez compris, la lecture de ce premier tome est plaisante dans son ensemble mais on peut reprocher à l'auteur de balancer un peu trop vite tous les éléments de son intrigue. On reste ainsi un peu inquiet par la tournure que va prendre le récit si ce dernier continue sur cette lancée en ne développant un univers pourtant très prometteur que de façon très sommaire au final. Cela dit, il est difficile de juger la série uniquement sur cette entrée en matière un peu maladroite, la suite permettra donc très certainement de se faire une idée plus précise de ce que l’auteur a exactement dans le ventre.

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