Critique Manga La petite fille aux allumettes #2

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La petite fille aux allumettes

par Niwo le jeu. 13 avril 2017 Staff

Ayant beaucoup aimé le premier tome de « La petite fille aux allumettes », c'est avec une certaine impatience que j'ai débuté ce deuxième tome. Allait-il être au même niveau que le précédent ? J'ai été assez étonné de voir qu'il suivait le même schéma. Tout au long du tome, on suit plusieurs petites histoires avec un fond de moralité, sauf au dernier chapitre où ce schéma est chamboulé : Le chapitre est beaucoup plus long et on en apprend d'autant plus sur Rin et son ennemie/amie.


Toutes les petites histoires ont un but différent mais suivent le même dessein : Montrer que « tricher » pour atteindre ses rêves n'est pas forcément la solution. Chaque personnage, à sa manière, est attachant même si on le suit sur une courte durée. C'est sûrement dû au fait qu'ils soient tous (ou presque) ordinaires et qu'on puisse, de ce fait, s'y identifier. L'auteur leur attribue un nom, une histoire mais au final, ne leur accorde aucune singularité réelle, si ce n'est pour justifier leur utilisation des allumettes.


Par exemple, dans la première histoire, le protagoniste principal est un jeune pâtissier, qui souhaite devenir le plus grand pâtissier de la boutique où il travaille. Cependant, il ne dispose d'aucune ambition et veut que tout lui soit acquis sans le moindre effort. Il va utiliser les allumettes afin de rendre ses pâtisseries très attrayantes alors qu'elles n'ont aucune particularité. Il va, à cause de ça, faire de l'ombre à un pâtissier de talent, qui, malgré ses efforts, ne dépassera jamais notre tricheur. Mais, au final, il va se rendre compte que toutes ces éloges ainsi que sa vie de pâtissier ont un goût amer : Il lui manque la passion, la satisfaction que l'on ressent après s'être donné à fond pour créer quelque chose qui a de la valeur aux yeux de tous. Ainsi, réussir dans la vie n'a que peu d'intérêt si on ne s'est pas battus pour obtenir ce que l'on désirait.


La deuxième histoire, quant à elle, est très courte et peut sembler inutile, mais est emplie de symboliques diverses. Un petit poisson commet une erreur et est « condamné » à être servi comme repas à Rin, invitée au palais du Dieu-Dragon. Celle-ci lui propose donc des allumettes pour s'échapper de sa situation miséricordieuse. Sauf qu'ils sont dans l'eau, et qu'un feu ne peut être allumé dans l'eau. De ce fait, le poisson devient le repas. Depuis le début de la série, on a affaire à des personnages qui ont des rêveries assez superficielles, qui visent principalement leur propre image dans la société. Alors que cette fois-ci, ce poisson en aurait eu besoin pour survivre et pourtant, il n'y a pas eu le droit. Ça pousse forcément à la réflexion, car dans les nombreuses histoires, ce sont toujours les plus méritants qui n'ont le droit à rien : Ils sont écrasés par les autres, bafoués. Malgré leurs qualifications multiples, ce ne sont pas eux qui ont le droit à la reconnaissance. On sent une certaine critique de la société de manière très implicite et intelligente.


La troisième histoire n'est pas forcément très intéressante : Une fille cache ce qu'elle pense pour éviter d'être rejetée, alors qu'elle méprise tous ceux qui l'entourent. Elle va utiliser les allumettes afin de faire dire ce qu'elle pense, mais par les autres. Rien de transcendant en soi. Par contre, l'histoire suivante m'a beaucoup plu. Pour une fois, c'est l'histoire d'une pierre et d'une fleur. Ils sont tous deux en symbiose : la pierre protégeait la fleur du froid, du chaud ou encore de la pluie. Il y a comme une relation amicale qui s'est développée entre eux, alors qu'ils sont censés être dépourvus de sentiments. Sauf qu'ils ont fini par déplacer la pierre, la séparant ainsi de la fleur. La volonté de la pierre de retrouver sa fleur était si présente que Rin est apparue devant lui, lui donnant ainsi forme humaine pour qu'il puisse rejoindre cette fameuse fleur. Cependant, la fleur avait fané et la pierre, devenue humaine, a utilisé à nouveau une allumette pour faire apparaître une quantité astronomique de fleurs tout autour de son socle. Cette personnification de la pierre et de la fleur était assez passionnante, beaucoup plus immersive que les précédentes histoires.


Et c'est en grande partie ça qui permet à la série de se placer désormais parmi mes coups de cœur de cette année 2017. Les histoires, malgré un principe très simple, restent distinctes et l'auteur arrive à faire dans la nouveauté, à surprendre le lecteur. En plus de ça, l'histoire ne se limite pas aux petites aventures de différents personnages, comme je l'avais dit pour le tome précédent : Le dernier chapitre de chaque tome est plus long et donne de nombreuses informations sur Rin et sa mystérieuse ennemie/amie, qui est dotée de bougies, contrairement à Rin qui utilise des allumettes. Et, une fois de plus, on sent qu'elles seront en opposition dans les prochains tomes. Même si les histoires sont distinctes, il y a une certaine logique temporelle qui permet au lecteur de se situer dans l'histoire et ainsi, évite ce sentiment de lassitude que j'ai pu ressentir dans les deux premiers tomes de Séki par exemple.

En bref

Ce tome est encore meilleur que le précédent et permet de comprendre avec précision le but de l'auteur et la subtilité de son histoire. C'est très bien pensé, agréable à lire et malgré le fait que tout l'intérêt de l’œuvre se situe dans l'implicite, le lecteur n'est pas perdu et sait pertinemment où il va. Une série très posée et réfléchie, qui apporte un autre point de vue sur la condition humaine et ses vices.

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La petite fille aux allumettes
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