Critique Manga Jeux d'enfants #1

Jeux d'enfants s'engouffre allègrement dans ce qui semble être le filon à la mode en ce moment : le survival game. Dès les premières pages, ce manga ne fait pas dans l'originalité en présentant un début commun à plusieurs autres séries de ce genre : les élèves sont tranquillement en classe quand tout à coup, leur prof claque devant eux en crachant toute l'hémoglobine possible et débute alors un jeu de daruma dont, ils vont vite le comprendre, ne pas suivre les règles ou perdre s'avère fatal.

Difficile ne pas froncer les sourcils à la lecture de ce premier tome. L'introduction se fait en effet de façon abrupte et surtout sans aucune explication, ni avant, ni pendant, ni après les faits. À la partie de daruma succède une partie d'un autre jeu sans queue ni tête. On suit les événements sans en comprendre la source ni l'objectif.

Le pire est sans conteste les réactions des élèves, qui n'ont absolument aucun réalisme. Le prof se fait buter, toute la classe tombe comme des mouches les uns après les autres et un jeu insensé débute, mais tout le monde pige les règles très vite et ne se pose pas plus de questions que ça. Pendant tout le tome, le scénario se déroule en alternant les situations abracadabrantes.

Les réactions et les caractères des protagonistes sont exactement les mêmes que dans les autres séries jouant sur ce genre de suspens : il y a ceux qui paniquent, ceux qui foncent, ceux qui croient prendre en main et qui se plantent, les voyous, et même le voyou stylé à la Kazuo Kiriyama, sans oublier le héros, qui n'a pas vraiment de personnalité mais est gentil, courageux, plein de bonne volonté, et l'inévitable fille un peu potiche qui est de son côté.

En bref, Jeux d'enfants est un concentré de clichés des manga de survival game, en plus mal fait que les autres puisque le scénario semble vraiment dénué de sens et qu'aucune situation n'est crédible.

Le graphisme n'a pas beaucoup d'intérêt non plus, il n'est pas foncièrement laid mais n'a en tout cas rien d'admirable. Surtout, la mise en scène est loin de posséder l'efficacité d'un King's Game par exemple, qui en dépit de ses points faibles, était au moins sauvé par sa lecture immersive, ce que Jeux d'enfants n'a pas.

Un des rares intérêts serait d'avoir un aperçu des jeux courants chez les enfants dans la culture japonaise, à la condition de s'intéresser à ce sujet ; sinon, si vous n'en avez jamais entendus parler, cela risque même d'être un handicap à la compréhension de ce manga car les règles n'y sont pas vraiment expliquées, même si on les devine plus ou moins d'après ce qu'essaient de faire les protagonistes.

Sinon, il y a un point qui m'a énervée, c'est la gratuité de l'hémoglobine mis en scène un peu partout sur les pages. Soyons clairs, je n'ai rien contre la violence, dans une certaine mesure j'apprécie même. Mais là, c'est évident que c'est du sang mis juste pour montrer du sang, ou dit autrement, c'est clairement du fan-service de l'hémoglobine, alors que ça n'apporte pas réellement un plus à l'histoire.

Reste à voir si les tomes suivants orienteront le scénario vers quelque chose de plus construit et cohérent, avec éventuellement des explications qui tiendraient la route parce que là, ce manga ne veut juste rien dire. La lecture n'est pas fluide, le scénario n'a pas de sens, le dessin n'est pas beau, les personnages n'ont aucun charme. Seules les dernières pages laissent entendre que des révélations construites devraient arriver, espérons qu'elles en valent la peine parce que sinon ce manga sera définitivement à cataloguer comme un titre fade et ennuyeux dénué d'intérêt.