Critique Manga Montage #1

Polar à suspense, Montage tire son intrigue d'un véritable fait-divers non élucidé, ce qui lui donne un relief particulier tout en plaçant la barre haut!

"L'affaire des 300 millions de yens" date de 1968. C'est l'histoire d'un casse en 3 minutes, sans arme et sans victime, le crime parfait. Et malgré les indices et un portrait-robot, la police japonaise n'a jamais pu mettre la main ni sur le voleur, ni sur son butin...

C'est de là que part la version romancée proposée par Jun Watanabe.
Yamato, 10 ans, rentre de l'école avec son amie Miku, lorsqu'il découvre dans une ruelle un homme mortellement blessé qui lui révèle que son père est l'auteur du casse des 300 millions!
Quelques jours après, le père de Yamato est retrouvé mort dans d'étranges circonstances...

Six ans après, une disparition inquiétante va mener Yamato et Miku à suivre la piste de cette vieille affaire, mais le crime appelle le crime, et le piège d'un complot va bientôt rattraper les deux adolescents...

Ce premier tome de Montage répond à nos attentes de par son scénario bien mis en place et prometteur, alternant flashbacks, présent et flashforwards avec pertinence, le tout amené avec un découpage et une mise en scène dignes d'un thriller cinématographique, des angles de vue souvent originaux, et un trait riche et très réaliste, nous plongeant efficacement dans l'histoire.

Le suspense est donc bien présent, mais il y a un bémol, c'est que jusqu'ici l'émotion ne se transmet pas vraiment, et ce à cause de personnages principaux pour l'instant trop lisses.
Le passé de Yamato, son air désintéressé, son esprit très vif et pragmatique (malgré ses 16 ans), et son tic très télégénique lorsqu'il réfléchit, lui donnent une certaine classe, mais son visage ne laissant paraître aucune émotion, on a du mal à éprouver de l'empathie pour sa situation.
De même, le caractère de Miku manque un peu de subtilités...
Mais gageons que cela va s'améliorer au fil des tomes, surtout que les autres personnages sont mieux réussis, qu'ils cachent leur jeu ou soient carrément dangereux, comme le rappelle sans cesse le leitmotiv du récit, "Ne fais confiance à personne!"...

L'édition de Kana est convenable, d'une prise en main agréable, avec une adaptation fluide enrichie de bonus à la fin sur les faits et lieux historiques.

Au final, on est plutôt convaincu par l'interprétation proposée par le mangaka, avec son scénario riche et original, plein de mystères, dans une ambiance de thriller plutôt réussie - si ce n'est le manque de relief de nos deux jeunes héros.
L'intrigue devrait cependant vite gagner en épaisseur avec le second volume de la série, paru simultanément!