Critique Manga Blessures nocturnes #10

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Blessures nocturnes

par ivan isaak le mer. 25 avril 2012 Staff

Le dixième et dernier volume de Blessures Nocturnes est spécial à plus d'un titre. Tout d'abord parce qu'il s'agit du dernier tome d'une des séries les plus bouleversantes publiées en France, mais surtout parce que l'intégralité du volume est consacrée à une seule histoire, intitulée Sans pouvoir dire adieu, histoire suivie d'un entretien entre le guetteur et Jun, 10 années après les faits narrés.



Lycéenne sérieuse et apparemment sans histoires, Jun se retrouve un jour à se droguer et va, progressivement, sombrer dans un enfer sans fin, luttant contre la dépendance. Puis vint le jour où elle entend parler d'Osamu Mizutani et dès lors qu'elle prend contact avec "le guetteur", celui-ci n'aura de cesse de tenter de la sortir de la voie sans issue dans laquelle elle semble s'être engagée... Dans ce tome peut-être plus que dans les précédents, ce sont les doutes de Mizutani qui apparaissent au grand jour. A-t-il le droit de s'immiscer ainsi dans la vie de ces jeunes ? A-t-il le droit de les envoyer dans des centres de désintoxication afin qu'ils s'en sortent ? A-t-il le droit de leur faire subir des souffrances énormes, physiques et mentales, pour les faire sortir de l'enfer dans lequel ils se sont enfermés ? Car oui, malgré son grand coeur, Osamu Mizutani reste un être humain, avec des principes bien encrés et auxquels il ne souhaite pas déroger. Ainsi, quand il demande à la police d'aller arrêter Jun, il exige qu'elle soit mise au courant de son action, pour qu'il n'y ait pas de mensonges entre eux. Un homme droit, terriblement généreux mais surtout profondément humain.



Le long entretien de plus de 30 pages qui clôt la série entre le professeur Mizutani et so "élève" Jun, entretien ayant lieu 10 ans après les faits racontés dans le volume, nous confirme ce que l'on supputait depuis le début de la série : les liens tissés par Osamu Mizutani avec chacun de ses "élèves" est fort et réel, même si cela ne se fait que de manière virtuelle, par courrier ou par téléphone. Très impliqué dans chacune des histoires dont il s'occupe, le guetteur se donne sans compter et tente toujours de mettre en oeuvre tous les moyens nécessaires pour aider les jeunes faisant appel à lui ou ceux qu'il trouve lors de ses rondes. Cette fois, le thème du récit de Jun est la drogue et ses conséquences, directes et indirectes, sur la personne droguée mais également sur son entourage. Très instructif, les propos tenus doivent surtout être une prise de conscience pour tous ceux se retrouvant un jour dans la même situation que Jun.



Malgré une histoire moins touchante que certaines autres qu'il nous a été donné de découvrir tout le long des 10 volumes de la série dessinée brillamment par Seiki Tsuchida (sans doute car elle se finit bien), Blessures Nocturnes ferme la boucle avec brio et un volume une nouvelle fois d'excellente qualité. On ne peut que remercier Casterman de nous avoir fait découvrir Osamu Mizutani, cet homme hors normes au coeur immense et à la bonté infinie. Souvent bouleversants, les divers récits du titre montrent un visage différent de la jeunesse japonaise, parfois totalement perdue et désabusée. Une oeuvre forte et rare, tout simplement indispensable.

En bref

Souvent bouleversants, les divers récits du titre montrent un visage différent de la jeunesse japonaise, parfois totalement perdue et désabusée. Une oeuvre forte et rare, tout simplement indispensable.

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Blessures nocturnes
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