Critique Manga Conductor #3

Avec ce troisième tome, Conductor confirme son statut de manga de haut niveau et surtout d'une grande cohérence en termes de continuité. Il ne fait aucun doute que cette série a beaucoup à gagner à être lue d'une traite, même si grâce au résumé présent au début des tomes, il est largement aisé de replonger dans l'histoire.

L'intrigue continue de traiter les divers personnages avec une égale importance, suivant alternativement leurs faits et gestes à chacun, ainsi que leurs réactions face à leurs différentes découvertes. On en apprendra davantage sur le Dr Matsuzaki et ses motivations vis-à-vis de la psychologie, ce qui permet d'approfondir un personnage dont jusqu'à présent l'on ne cernait pas très bien les buts. Il n'en reste pas moins qu'il va bien loin pour une patiente, et on continue de se demander pourquoi il aide autant Naomi en particulier ; le tome 4 nous apportera-t-il une réponse ?

La voie déviante empruntée par le caractère de Kazuo se confirme, au point que ses réactions en deviennent franchement inquiétantes ; quant à Akiho, on apprend qu'elle n'est pas toute blanche non plus, sinon, pourquoi serait-elle aussi effrayée ? L'intrigue prend un malin plaisir à plonger les protagonistes dans l'anxiété, faisant monter l'adrénaline du lecteur, aussi bien par les évènements décrits que par les réactions qu'ont les personnages face à ceux-ci. Leurs actes peuvent ainsi prendre des directions inattendues, et leurs relations entre eux se renouer autrement, conduisant à des extrémités dont on se demande à quoi elles aboutiront.

On peut relever, d'ailleurs, l'excellence du style. Au niveau du dessin tout d'abord, c'est bien du shôjo, c'est-à-dire détaillé et gracieux, parfois tranchant, mais dans l'ensemble d'un esthétisme vif. La mise en page est également soignée, certes pas excessivement déstructurée, mais contenant malgré tout une certaine recherche visuelle dans l'agencement des cases. Mais surtout, la plus grande qualité graphique de ce manga réside dans son expressivité. Les gros plans, les lignes de vitesse, les ombres : chaque élément graphique contribue à signifier une émotion ou un sous-entendu. Cela dote la lecture d'un suspens permanent.

Les personnalités tordues et l'enquête en elle-même, évidemment morbide par certains aspects, donnent à ce manga une atmosphère des plus inquiétantes, particulièrement addictive.

Les dernières pages lèvent enfin le voile sur le passé des personnages. Comme le dit l'auteur dans sa préface, toutes les pièces de puzzles sont désormais dévoilées, reste à savoir comment les agencer... On commence à avoir une idée précise ce qui a eu lieu dans le passé, mais on reste avide de savoir comment cela a abouti à la situation actuelle, et comment nos protagonistes vont se démêler de toute cette histoire.

On attend impatiemment le quatrième et dernier tome, dont on ne doute pas une seconde qu'il sera à la hauteur de nos espérances.