Critique Manga Drakengard – Destinées Écarlates #1

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Drakengard – Destinées Écarlates

par jihemgé le lun. 25 avril 2016

J’ai acheté ce manga parce que je trouvais le graphisme intéressant, après l’avoir feuilleté rapidement en librairie. J’aurais sans doute mieux fait de m’abstenir…

Le scénario d’Eishima commence par 120 pages de massacre dans un monde de type fantasy très noir. Deux guerriers, One et Nero, tuent des hordes d’humains atteints de « la maladie des yeux rouges », mal mytérieux qui transforme hommes et femmes en espèce de zombies. Les tripes volent, les crânes éclatent, les yeux se crèvent… Pendant ce temps, on apprend que One, un jeune homme frêle, presque féminin, qui manie une épée aussi grosse que lui (tiens, où ai-je déjà vu cela ?...), est en fait l’ancêtre d’une lignée d’humains qui protège au sein de son « église » les malades aux yeux rouges, et qu’il a pour but d’anéantir sa propre descendance. Par ailleurs, Nero, un elfe noir pervers, se répand en palabres d’un niveau de français lamentable, lequel est peut-être censé « faire cool » et flatter le public visé par ce manga – lequel apparemment est conçu par l’éditeur comme devant être assez débile.

Puis, (attention : certains et certaines pourraient considérer comme du SPOILER ce qui suit. En fait, selon moi, on ne peut spolier du vide…), commence un flashback de trois ans en arrière, dans le royaume de Caerleon. Et là on se dit chouette, l’histoire va prendre un sens, les personnages une épaisseur, et après 120 pages de boucherie, il va enfin y avoir un peu de matière narrative. On y croit pendant quelques pages. On retrouve nos « héros », tout aussi vagabonds, qui sauvent incidemment une princesse et sa suivante, Shirley. Le récit prend des allures de shojo, c’est même amusant pendant quelques planches. Puis… voici que la princesse et Shirley se caressent chacune de leur côté dans leur lit, la main dans la petite culotte ; arrive Nero, qui commence à violer la princesse, mais One l’interrompt. Contrarié, il va violer Shirley tandis que la princesse, mécontente de ne pas avoir subi les derniers outrages, se déshabille intégralement devant One pour l’inciter à poursuivre ce que son comparse avait commencé. Oui, je sais, c’est totalement affligeant.

Je me suis étendu sur le pseudo-scénario, qui n’est en fait qu’un prétexte à montrer des tripes dans un premier temps, puis des fesses dans un second, pour que chacun chacune sache à quoi s’en tenir : Eishima se montre pitoyable, incapable de tisser une trame narrative, d’écrire des dialogues, d’individualiser les personnages, et pas même de donner les clés de « son » univers, puisqu’il lui faut, après chaque chapitre, donner une page d’explications rédigées sur l’univers de Drakengard pour le faire !!!

Reste le dessin de Zet. Celui-ci s’excuse au début du manga de ne pas être irréprochable, car c’est son premier manga. Nous avons surtout envie, cher Monsieur Zet, de vous plaindre d’avoir eu, pour débuter, un aussi lamentable scénario. Mais c’est sans doute parce qu’il était tel que vous l’avez eu, puisque vous êtes débutant, et que vous l’avez accepté… Et vous avez raison tout n’est pas parfait dans votre technique. Certaines cases sont peu lisibles, la profondeur du dessin est parfois absente, certains mouvements (en particulier ceux de One avec sa grosse épée) sont tout simplement impossibles, et les arrière-plans sont trop négligés. Mais il n’en reste pas moins qu’il y a quelques planches très réussies, comme la splashe page qui ouvre le chapitre 2, ou la scène de la décapitation de Fey, qui est sans doute le seul moment réellement dramatique du volume. De même, les deux guerriers prennent des poses parfois très convaincantes, et les scènes érotiques sont plutôt sympathiques, avec des corps féminins très sensuels. Malgré ses défauts, c’est donc le dessin de Zet qui, à mes yeux, sauve ce manga et explique la note que je lui me mets au final.

Gardez tout de même à l’esprit que le scénario est absent, et n’a d’autre raison d’être que d’enchaîner scènes de violence et scènes de sexe. C’est un « genre » qui a ses limites…

En bref

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Drakengard – Destinées Écarlates
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