Critique Manga Busô Renkin

Globalement, quand on pose les yeux sur Buso Renkin, les premières impressions demeurent fatalement "on a déjà vu ça", "c'est assez classique", "hey, mais on dirait le début de Bleach avec le personnage principal ramené à la vie par une chasseuse solitaire qui partage son pouvoir pour y parvenir", et clairement oui, c'est effectivement ça Buso Renkin, du nekketsu classique, mais est ce que Buso Renkin a cherché à être autre chose qu'un nekketsu classique respectant tellement ses codes qu'on pourrait y voir un manga scolaire ? Je ne pense pas.

La majeure partie des nekketsu semblent s'influencer énormément entre eux. Pourtant, on ne le leur reproche pas. Pour quelle raison ? Parce que ces derniers cherchent en général à aller toujours plus loin dans le genre, à le transcender au point d'en devenir une course au plus gros, une course au plus épique, au plus dantesque. Attention, ce n'est pas un reproche, mais un simple constat. Mais doit on reprocher à un nekketsu de ne pas vouloir être le plus grand comme ses semblables, de ne pas vouloir entrer dans la course et de faire les choses simplement mais bien ? Bien sûr que non. En un sens, Buso Renkin est un rappel à l'ordre des nekketsu. Sans pour autant se revendiquer donneur de leçon, il nous rappelle indirectement que nous collons des étiquettes à tort et à travers aux oeuvres que nous consultons et que nous exigeons toujours plus de ces dernières, au point que lorsqu'une oeuvre ne cherche pas à décoller et reste simple dans sa démarche, cette simplicité nous parait brouillonne voire honteuse et pourtant, force est de constater que ce jugement est aussi hâtif qu'injuste.

Venant d'un maître comme Nobuhiro Watsuki, on pouvait effectivement s'attendre à mieux et le manga n'est certes pas parfait, et le fait qu'il se soit arrêté en 10 tomes en dit long, mais cherchait-il à rester dans les mémoires ? Je ne le pense pas non plus. Globalement, ce que beaucoup pointent comme un défaut me semble à mon sens la qualité de Buso Renkin. Il nous offre un nekketsu tout ce qu'il y a de plus classique, mais il le fait bien. Il respecte au mieux les codes, crée un univers bien à lui malgré tout, des combats jouissifs, un ensemble attachant et surtout, là où son usage des codes en fait une oeuvre classique du genre, l'ambiance globale, malgré un peu d'humour par ci par là, reste assez sombre et quelque peu glaciale. Mais de manière générale, l'oeuvre est tout sauf prétentieuse. Elle ne cherche pas à rester dans les mémoires, mais simplement à nous offrir un shonen classique nous faisant passer un bon petit moment avec un univers simple mais efficace. Si on le compare à un Kenshin du même auteur, ou à d'autres classiques du genre, bien évidemment, il est en dessous sur beaucoup d'aspect. Est ce une mauvaise oeuvre pour autant ? Bien sûr que non, car il ne cherche clairement pas à les égaler ou à devenir le nouveau shonen à la mode de son époque. Il reste humble, et nous offre un divertissement correct fait avec simplicité, mais respect des formes. Si vous cherchez un shonen simple et classique, mais fait correctement, Buso Renkin ne vous décevra pas. Modestie, simplicité mais efficacité, ce sont les trois mots qui définissent le mieux Buso Renkin.

En un sens, Buso Renkin est peu comme le personnage de Kenshin. Là où ce dernier a tué pour survivre et se faire un nom pour au final renoncer à sa folie meurtrière avec humilité, l'auteur est entré dans la course aux shonens avec Kenshin, à vu les torts et les travers de cette course et a choisi la voie de la simplicité en toute modestie avec Buso Renkin.

Après, je comprendrais votre déception si vous avez l'impression de voir un nekketsu tout ce qu'il y a du plus classique et que vous cherchez un manga plus impressionnant et osé, mais à mon sens, ce n'est pas le défaut de Buso Renkin, mais sa qualité. Il offre ce qu'il a promis d’emblée au lecteur sans pour autant passer par le fan-service pour y parvenir et ce qu'il propose, il le fait bien à tel point qu'on ne s'ennuie pas devant Buso Renkin.