Critique Comics Teenage Mutant Ninja Turtles Classics #7

Un artbook décrivant les couvertures du premier volume des Tortues Ninjas, avec descriptions, essais, changements et photographies d'époque : un ensemble marquant, pédagogique, surprenant et touchant 

HiComics publie les comics de la franchise Tortues Ninjas depuis 2018, et notamment les productions de l'éditeur VO IDW, qui a pleinement et brillamment relancé les personnages depuis 2011. Cependant, en 2019, HiComics a également débuté la diffusion des Origines, à savoir les TMNT Classics, les histoires initiales des Tortues Ninjas.
Les chevaliers d'écailles et de vinyle existent en effet depuis 1984 et, s'ils ont eu quantité d'adaptations animées et même Live, nos héros ont également eu plusieurs versions en comics, via plusieurs changements de maisons d'édition. Nos Tortues ont été chez Mirage Studios entre 1984 et 2014 officiellement, parce que l'entreprise a été littéralement créée en 1983 par Kevin Eastman et Peter Laird pour abriter leur création commune, les Tortues. Archie Comics a diffusé des titres entre 1988 et 1995 en parallèle, pour des versions pour enfants (comme Dreamwave Productions en 2003), alors qu'Image Comics a proposé des récits entre 1996 et 1999 lors d'un hiatus de Mirage Studios. Et finalement la reprise par IDW en 2011, devenu seul dépositaire des droits trois ans après.
HiComics a ainsi traduit le premier volume des Tortues, la version originale par Kevin Eastman et Peter Laird entre 1984 et 1989, dans six tomes de grande qualité. L'éditeur propose désormais un septième et dernier, véritable bonus pour les fans des Tortues, mais aussi ceux et celles intéressés par les coulisses de ce run légendaire et fondateur.

Mais finalement, qu'est-ce qu'il y a dans Teenage Mutant Ninja Turtles Classics Tome 7 ?

Des dessins, mais pas que. Des croquis, mais pas. Des études de design, mais pas. Des essais abandonnés, mais pas que. Des essais abandonnés puis repris puis sublimés, mais pas. Des concepts délaissés, mais pas que. Des couvertures finales ou oubliées, mais pas que. Des expériences d'encrage, de calque, de colorisations, mais pas que. Des photographies d'époque, révélant les coulisses de la création et de Mirage Studios, mais pas que.

Ce tome contient l'Histoire des Tortues, en réalité.
Leur origine. Les coulisses de leur origine. Comment les deux auteurs que furent Kevin Eastman et Peter Laird, tous deux scénaristes et dessinateurs, ont affiné des designs initialement surprenants en des allures qui marquent, qui frappent, qui choquent, qui interpellent, qui intéressent, qui inspirent.
Mais c'est une plongée dans une époque où les Tortues n'étaient pas un succès, où chaque numéro était un pari personnel et financier (et on le voit avec les dates de diffusion espacées). Où chaque image, chaque couverture devait être parfaite pour accrocher le lecteur, mais aussi être différente de tout le reste, car si l'on tente, autant tenter jusqu'au bout.
C'est une immersion totale dans ces années 80 si intenses, si révolutionnaires, si fortes, si brutales. Aux alentours des sorties de Watchmen ou The Dark Knight Returns, les comics Tortues Ninjas ont aussi marqué le marché des comics, notamment en devenant un hit qui a explosé à la télévision et au cinéma bien plus vite que les autres (1987 pour la série animée, 1990 pour le film, alors que les comics ont débuté difficilement en 1984 et avec des rythmes lents !).

Certes, cela demeure essentiellement un artbook, avec donc des pages agréables au doigt et remplies de dessins.
Mais l'édition propose une vraie mise en avant du travail de création de chaque image, pour permettre même au novice de bien comprendre et même découvrir les étapes de création d'une couverture. Les petits commentaires, photographies et les évolutions offrent la possibilité de plonger dans ce processus de création, et dans les atmosphères énervées et intenses de l'époque.

Enfin, cela permet de profiter des talents graphiques des deux créateurs principaux, mais aussi des auteurs qui sont venus participer à ce volume des Tortues Ninjas. C'est ainsi un festival graphique, autant qu'une précision pédagogique, historique, stylistique et contextuelle.