Critique Manga Punks Triangle

Fashion Dreamers

Précommandé un peu par hasard et surtout à cause du look des persos, Punks Triangle s'est finalement avéré être un énorme coup de cœur. Vous pensez avoir deviné toute l'intrigue à partir de son résumé super classique ? Perdu. Yuho Okita a su habilement exploiter le thème du secret, sans tomber dans la facilité.

Aucun suspense en ce qui concerne l'identité d'Ai/Enaga donc, la vérité est révélée au lectorat dès la fin du premier chapitre. L'intérêt est ailleurs, à savoir comment il va gérer ce secret et pourquoi il lui est impossible d'avouer son identité à Chiaki. Sans rien spoiler, disons que plus il apprend à le connaître, moins il lui est possible de le faire... Il est d'ailleurs intéressant de voir que si Ai/Enaga montre ostensiblement deux facettes en étant lui-même ou déguisé, la même chose se produit du côté de Chiaki, intimidé à outrance par son idole mais beaucoup plus chill avec son binôme.

J'ai bien dit binôme, car le thème de la mode n'est pas juste un prétexte, mais au cœur de l'histoire, chacun des deux personnages principaux ayant une bonne raison d'avoir pris ces cours de soir de stylisme. Et pas seulement le style punk, mais bien le pouvoir des vêtements eux-mêmes, les concepts derrière la conception d'une pièce... On était pas venus pour ça, mais ça donne une profondeur supplémentaire au scénario, en marge de la romance.

Celle-ci demeure, évidemment, le plat principal. Et. Elle est. Parfaite. Le duo se découvre au fur et à mesure, une sortie à la fois, et en communiquant BEAUCOUP. Il faut dire que Chiaki est très introverti et légèrement timide (pas plus que votre serviteur dans la vraie vie, mais c'est toujours sympa quand un perso est relatable hein !), et que son style vestimentaire est presque son armure. Côté Ai/Enaga, la situation n'est pas plus simple, non seulement à cause de son secret, mais aussi parce qu'il est le premier à développer des sentiments... En fait, ce qui fait la force de Punks Triangle, c'est que tout sonne toujours juste, logique, crédible, réaliste. Les persos ne sont pas parfaits, tâtonnent un peu, font des erreurs. Il ne suffit pas de s'aimer et d'être totalement assortis pour que tout aille tout seul. Étant donné que le bouquin est quand même assez épais (280 pages !), l'autrice a eu toute la place qu'il fallait pour prendre le temps de développer ses protagonistes comme il le fallait.

Et visuellement ? C'est ma-gni-faïke (à lire avec la voix de Cristina Cordula, évidemment). Les persos ont des visages fins, ultra-expressifs, avec plein de petits détails (notamment leurs piercings). Romance oblige, ça ne bouge pas beaucoup, mais les cases savent être dynamiques quand il le faut. Enfin, si l'intrigue est vraiment tournée autour des sentiments, notez tout de même la présence de quelques scènes explicites, bien foutues... mais censurées !

Et pour le niveau d'anglais ? Rien de bien compliqué, disons que si vous avez l'âge de lire le truc, vous avez probablement également le niveau d'anglais pour.

Enfin, côté trigger warnings, ça picole quand même pas mal et ça fume à l'occasion, donc si vous êtes susceptible de replonger sur impulsion, prudence.