Critique Manga Le paradis de la nuit éternelle

Aimer son professeur à en mourir

Avec sa couverture appelant au drame et au dépaysement, Le paradis de la nuit éternelle m'interpelait. Malheureusement je ne savais pas que c'était la suite d'une autre histoire et je pense qu'il m'a manqué des clés...

Se déroulant dans un univers fictif à l'esthétique arabisante, l'intrigue nous entraîne à la suite d'un jeune prince voyageur et de son serviteur qui visite le pays voisin de Tarkia. Ils y font la rencontre de Yashum, un professeur qui souffre d'un mal singulier dont son élève, Amar, semble beaucoup se préoccuper. 

Entre un héros à l'énergie débordante insupportable, le cliché du garde du corps amoureux dans l'ombre, la relation toxique prof-élève et les discussions autour du pays natal de Shin, dont j'ignore tout, on peut dire que les obstacles furent nombreux au cours de cette lecture. Je n'ai pas bien saisi l'intérêt de mélanger les deux histoires, celle de Shin et de son voyage, puis celle de Yashum et le mal dont il souffre. Shin se retrouve être un spectateur assez agaçant dont le rôle d'agitateur est assez minime. Et à l'inverse, on survole et creuse bien peu ce professeur et l'étrange relation qu'il entretient avec son élève.

A vouloir raconter trop de choses en un seul volume, l'autrice se retrouve à ne rien faire à fond. Elle met en scène une relation complexe entre un jeune élève en quête d'émancipation, qui par admiration sans borne pour son professeur va tomber sous son charme et son joug, l'aider à se soulager, d'une façon bien peu orthodoxe, de sa douleur. Si elle avait eu le temps, elle aurait peut-être pu transformer cela, mais en l'état, à part une rapide critique envers le régime et le caractère de cobaye des soldats du peuple, sortant de nulle part et expédiée en 2-2, l'histoire a bien peu d'intérêt. On a une suite de pages de coucherie, entrecoupée d'une enquête du prince fort peu détaillée, pour tomber sur des révélations sur Amar, avant de revenir vers Yashum. Cela fait beaucoup de bruit pour rien.

Je note bien qu'il doit y avoir un contexte politique en lien avec la précédente histoire que je n'ai pas lue : ''Le royaume inexploré d'Oraïe'', mais pour moi une oneshot est censé pouvoir se lire seul et indépendamment, sauf mention du contraire, or il n'y en a pas ici et pourtant, on sent un manque. Donc la lecture ne se suffit pas à elle-même et crée une situation de déséquilibre malaisante.