Critique Webtoon Mariage interdit #1

Le pays où il est interdit de se marier

La mode des décors historiques palatiaux est belle et bien là ! Que ce soit des enquêtes, du fantastique ou des romances, ils commencent à envahir nos rayons. Mariage interdit est l'un d'entre eux, présenté à l'occasion de la Japan Expo par KBooks, la branche webtoon de Delcourt.

Le point fort de la série est indéniable sa présentation. Quand on voit cette espiègle jeune fille en hanbok, entourée de fleurs, devant l'une de ces fenêtres rondes traditionnelles, on se demande ce qu'elle va pouvoir ou ce qu'il va lui arriver, et c'est de suite attirant et entraînant, rappelant, pour les plus anciens le succès du manhwa Palais qui avait eu droit à son adaptation en kdrama. 

Les autrices proposent ainsi de suivre Sorang, une jeune escroc, qui vit dans un pays où un décret royal interdit les mariages depuis 7 longues années. Par un concours de circonstances, elle va se retrouver à travailler au palais pour tenter de redonner goût à la vie au souverain qui a autrefois perdu la femme qu'il aimait et qui rend la vie impossible aux autres depuis. Comment ? En faisant croire qu'elle peut entendre la voix de cette femme et que parfois elle la possède. Jusqu'où va aller la supercherie.

Dans ce premier tome d'exposition, les autrices ne vont pas très loin, ce qui donne l'impression d'une lecture fort longue pour pas grand-chose et peut faire craindre pour la longueur totale de la série... En effet, il s'agit surtout ici de faire connaissance avec les personnages et leurs circonstances : le roi esseulé depuis la mort de sa dulcinée, son meilleur ami - "inspecteur" (?) de police qui a aussi perdu sa fiancée, évaporée juste avant leur mariage, et cette jeune diseuse de bonne aventure prise au piège de ses mensonges. On passe beaucoup de temps là-dessus et entre ça et un humour à un peu lourd, typiquement coréen, rappelant celui des kdrama, il ne se passe pas grand-chose au final. 

De plus, quand on s'engage dans cette lecture, il faut accepter de suspendre lourdement notre incrédulité, car qui irait croire qu'un tel roi, un tel décret, est possible en dehors d'une fiction. C'est énorme. On ne nous montre presque qu'aucune agitation ou rébellion. Le palais a l'air quasi vide et uniquement peuplé de gens qui se soumettent aux caprices du roi, n'ayant pas le courage d'aller contre même s'ils ne sont pas d'accord. Ce n'est pas hyper attirant, cela a même un côté franchement ridicule, comme si un enfant faisait un caprice et que les adultes laissaient faire. Alors oui, le roi est beau, le roi est malheureux, le roi était très amoureux, mais le roi ne m'est pas du tout sympathique, l'héroïne non plus, et pour le moment en dehors de quelques jolis dessins, je n'accroche pas particulièrement.

Le thème de l'histoire est tout de même la perte, le deuil, donc il y a moyen que cela se reprenne et qu'on ait quelque chose de moins artificiel que ce qu'on nous sert pour le moment. Car les autrices semblent se régaler à coup de scènes pseudo dramatiques au clair de lune où le roi pleure son aimée, mais elles ne m'en font pas ressentir l'émotion. J'ai trouvé l'ensemble plat et convenu, déjà bien trop vu. Ça ne vibre pas comme ça le devrait.

Reste heureusement les mystères, des questions en suspens qui me donne envie de lire la suite : comment est morte la fiancée du roi ? comment / pourquoi a disparu la fiancée de son meilleur ami ? qui est vraiment Sorang qui semble avoir une part cachée ? Il faudrait juste que les autrices équilibrent mieux et plus sincèrement, moins artificiellement, en y mettant peut-être plus de coeur, ces différents éléments, pour que cela soit plus convaincant.