Critique Manhua Clown Doctor

Redonner le sourire à ceux qui en ont le plus besoin

Depuis leurs débuts, les éditions
Nazca ne m’ont jamais déçue dans le choix de leurs titres taïwanais
qu’ils nous permettaient de découvrir. Je leur ai donc fait confiance
alors que, clairement, la maladie ce n’est pas vraiment mon sujet
favori, loin de là. Et j’ai eu raison car j’ai encore eu un joli moment
d’émotion.

Cependant revenons rapidement sur le sujet qui fâche qui éloignera plus d’un lecteur : le prix. En effet malgré un format un peu plus grand que la moyenne, pas forcément justifié vu les dessins, le volume est assez fin, agrémenté en plus de nombreuses pages de contextes
en début et fin, ce qui rend celles consacrées à l’histoire assez
minces. Cela n’aurait pas été ce petit éditeur fort sympathique et en
qui j’ai confiance, je ne sais pas si j’aurais déboursé 9.50€… Cela fait
chère la page surtout avec une maquette encore un peu « amateur »,
notamment côté police d’écriture.

Heureusement, l’histoire, elle, est totalement à la hauteur. Elle nous emmène à la rencontre d‘un phénomène que j’ignorais totalement : les clowns dans les hôpitaux.
Un vrai métier aussi bien à Taïwan que chez nous, qui offre un
réconfort réel aux enfants et autres, patients des hôpitaux, dont le
moral pâtit des longueurs hospitalisations et/ou de la gravité de leur
maladie. J’ai ainsi découvert grâce à eux, avec émotion, leur existence et pour ça je les en remercie.

Le duo Teng Shu à l’histoire et Cory aux dessins, nous proposent de rencontrer Xiao Han, une jeune lycéenne venant de perdre sa soeur de maladie.
Ayant eu une vie qui tournait exclusivement autour d’elle depuis
toujours, en tant que soeur et aidante, bien des émotions pèsent encore
sur elle et elle n’a résolu ni ce deuil, ni la relation compliquée qu’elle entretient avec ses parents.
Les hasards de la vie vont l’amener à rencontrer un de ces clowns qui
va lui proposer un stage pour les rejoindre. Xiao Han y voit une façon
de soulager son sentiment de culpabilité et son besoin d’être utile.

Bien qu’ayant une narration des plus classique et une caractérisation des personnages assez légère, en même temps, en à peine plus de 100 pages, ce n’est pas surprenant, j’ai trouvé l’histoire fort touchante. Le mélange entre les problématiques personnelles de l’héroïne, le stage qu’elle fait, les rencontres qui s’y produisent et la vocation qu’elle se découvre était émouvant et bien rythmé. Les auteurs ont su conter avec fluidité tout cela et ne jamais tomber dans le pathos inutile.
J’ai aimé la façon, bien que rapide, dont ils ont travaillé sur les
relations de Xiao Han à sa soeur malade, à ses parents obnubilés par
elle. Cela a fait écho en moi à ma propre situation de grande soeur
d’une personne handicapée. Cela sonnait donc juste.

En plus, l’héroïne était attachante et une vraie émotion s’est rapidement dégagée de l’histoire. Xiao Han était attendrissante, on avait envie de l’épauler et la voir réussir, elle qui est si sérieuse et impliquée. Je me suis amusée de la voir en duo avec Boom,
un jeune homme plus léger qu’elle, souhaitant donner le sourire à ceux
qui viennent à l’hôpital. Leur relation est totalement téléphonée mais attendrissante
car reposant sur des caractères aux antipodes qui se complètent bien.
C’était donc mignon tout plein de leur voir travailler ensemble, répéter
puis aller donner leurs premiers spectacles.

Je reste cependant un peu sur ma faim. Tout est gentil, mignon, bien mené mais on reste assez en surface et c’est plutôt lisse,
à l’image de ces dessins, jolis mais sans âme au fond, juste bien
calibré. J’attendais peut-être un peu plus en tant qu’objet narratif et
esthétique d’une Médaille d’argent au 17th japan international manga award…