Critique Manga Le Requiem du Roi des Roses #17

La lumière n'est pas seulement un paradis de beauté, c'est aussi un buisson de ronce !

Quel grand shojo ! Quel final magistral ! Quelle revisite grandiose de la si célèbre pièce de Shakespeare !

Depuis le début, ce shojo est un coup de coeur renouvelé à chaque tome mais l'écriture de cet ultime chapitre est encore un cran au-dessus. On sent combien l'autrice y a mis tout son coeur, toutes ses tripes, toute son âme, pour donner vie à la fin de la légende de Richard. Car c'est de cela qu'il est question ici, la légende noire de Richard III transmise et parvenue jusqu'à nous par Shakespeare entre autre. C'est bouleversant !

Chaque chapitre fut l'occasion de revenir sur un aspect de Richard avec une grande force et une grande justesse soulignée par les compositions graphiques de génie d'Aya Kanno qui les rend fantastiques. On a vraiment l'impression d'être au théâtre face à une grande tragédie dont on ne peut empêcher l'avancée inéluctable. J'ai ainsi été bouleversée par le portrait de la relation entre Richard et sa mère et ce que l'autrice en profite pour dire sur les femmes accusées d'être des pécheresses ou sorcières alors que ce sont des victimes des hommes. Puis, j'ai été rebouleversée par le chapitre sur la solitude qu'amène la couronne avec cette discussion magique entre Richard et Henry / James Tyrell. A nouveau, on retrouve ce discours sur la solitude de l'être à qui on impose un rôle et des désirs qui ne sont pas les siens. Il y a ensuite la solitude du serviteur avec un portrait poignant de Catesby, témoin silencieux de tout ça, tout comme le sera Bessie, fille d'Elizabeth, eux aussi sont des victimes de l'Histoire.

Et enfin, il y a le chapitre final, la grande bataille qui rassemble tout et tout le monde. L'autrice y fait grimper la dose d'épique et de tragédie qu'elle avait déjà fait souffler sur nous depuis le début. Tout se noue et se dénoue ici avec drame, force et fureur. Les trahisons sont légions mais la force d'âme du héros également et Richard impressionne jusqu'au bout. On a beau connaître la fin, l'autrice nous réserve toujours des surprises comme elle sait en faire, mais surtout elle bluffe par la puissance graphique dont elle fait preuve pour mettre en scène cette bataille, en faisant virevolter et cabrer notre regard d'un lieu à l'autre, d'un personnage à l'autre. C'est à couper le souffle. Rare sont ceux capable d'une telle mise en scène !

Alors oui, il y a respect et trahison de cette Histoire d'Angleterre si savamment mise en scène depuis le début. Toutes les pièces du puzzle sont là pour ce grand final que l'autrice nous offre et qui comblera les amateurs de tragédies grecques comme moi. Les dernières pages sont à couper le souffle. On ne peut rester insensible face à ce destin dont aura voulu Richard et qu'iel aura pourchassé toute sa vie, tout comme pour celui de ceux qui auront été pris dans son tourbillon et son tourment. Les figures de Catesby et Henry resteront longtemps dans ma mémoire pour ce qu'ils ont sacrifié pour lui. Les portraits des femmes de son entourage également, entre victimes des hommes et des circonstances, et manipulatrices parfois, Elizabeth, Bessie et Cécile (la mère de Richard) m'auront impressionnée et marquée. Et puis, il y a Richard. Ô Richard ! Que dire de lui/elle ? Il y aurait tellement de choses à analyser sur ce personnage. Alors filez découvrir sa tragique, puissante mais déchirante histoire !