Critique Manga Pretty Guardian Sailor Moon #9

8
Pretty Guardian Sailor Moon

par Tampopo24 le dim. 15 mai 2022 Staff

Ultime confrontation contre une sombre galaxie

Ultime chapitre des aventures de Sailor Moon et ses amies, avec cet affrontement de Sailor Galaxy, on sent une autrice arrivée au bout de son concept et qui souhaite le faire entendre à son éditeur tout comme à son lectorat.

Je ne sais pas si c'est moi qui surinterprète mais au cours de cette ultime aventure, j'ai cru voir des relents de contestation chez Naoko Takeuchi. En effet, dans un premier temps elle fait se répéter un schéma mainte fois usité dans les précédents arcs de sa saga, mais avec des ennemis dont on voyait peu l'intérêt... Dans les précédents, il y avait toujours une thématique forte qui se dégageait rapidement, comme le mythe arthurien et le cirque la dernière fois, mais là, je ne voyais pas. Tout est allé très vite dès les premiers affrontements, montrant rapidement qui était le Big Boss à abattre. Ce n'était pas pareil.

Puis quand est apparu le concept derrière cette nouvelle méchante, à savoir une sailor en fabriquant d'autres en volant les cristaux d'autres encore, j'ai compris. Naoko Takeuchi est ici en train de faire une sorte de pied de nez à sa propre franchise avec une mise en abyme aussi sombre que déstabilisante qui non seulement semble dénoncer cette fabrication d'une histoire, de personnages, d'aventures à rallonge, mais qui dénonce également ce à quoi cela peut aboutir : la disparition de l'individu, la ruine de son corps. J'ai trouvé la métaphore très puissante. Alors peut-être est-ce moi qui surinterprète son propos, mais quand on sait à qui elle est mariée (le créateur d'Evangelion), il ne serait pas non plus surprenant de cacher un tel message derrière son énième aventure de justicières en jupettes.

Ainsi, ce qui m'apparaissait au début comme une ultime aventure assez lisse où se répétait des personnages androgynes imitant Sailor Uranus, une méchante grande destructrice répétant Sailor Saturne, des combats répétant ceux des arcs précédents, est devenu petit à petit un arc beaucoup plus riche. On découvre au fil des pages une autrice qui s'amuse encore à élargir sa mythologie, nous faisant découvrir qu'il y a autant de Sailor que de planètes et que dans chaque système avec une étoile apparaît également une sorte de Sailor Moon. On découvre que chacune a un cristal mais que celui de notre héroïne est particulier. On découvre que Luna et Artémis viennent eux-mêmes d'une autre planète lointaine. Bref, beaucoup de révélations tombent d'un coup. Honnêtement, j'ai trouvé cela un peu too much pour être crédible, mais on est dans Sailor Moon, alors on repassera pour la crédibilité...

Nous sommes cependant dans un moment particulier avec un ennemi qui est un peu l'étape ultime. L'autrice ne peut plus non plus creuser plus loin sa mythologie et inventer d'autres sailors, on est quand même avec des sailors "Stars Light" = Etoiles filantes... Elle tape dur également avec une ambiance particulièrement sombre où son héroïne perd d'entrée de jeu ceux qui comptent le plus pour elle : sa famille, puis peu à peu ses meilleures amies. C'est rude. Que lui reste-t-il comme soutien ? De nouvelles / nouveaux venu(e)s aux allures de fausses idols, encore tout un symbole ! Cependant l'aventure est bien an rendez-vous et si cela va trop trop vite pour moi, encore plus que d'habitude, il y a un très bon rythme pour amorcer cet ultime virage.

En bref

Sailor Moon arrive ainsi avec ses qualités et ses défauts au bout de ce que son autrice pouvait proposer dans cet univers. Dans un ultime arc, elle semble dénoncer l'exploitation à outrance d'une franchise et ses ravages. Est-ce pour cela qu'elle reprend elle même les schémas habituels de son univers à vitesse grand V ? Peut-être. Elle nous offre en attendant une intrigue plus sombre et dramatique encore que d'habitude, avec bien des maladresses également, comme une mythologie artificiellement gonflée, une nouvelle utilisation maladroite des personnages androgynes/transgenres (?) qui ne font que souligner l'absence de Sailor au masculin, ce qui est bien dommage. Ce n'est peut-être pas pour rien donc que ces ultimes Sailors qu'on rencontre ont des noms aussi symboliques autour des métaux à forger d'un côté et autour de caractéristiques fortes comme : le soin (healer), le combat (fighter) et la fabrication (maker). Je serais curieuse de savoir ce que l'autrice pourrait nous dire de toute cette symbolique puissante qu'on retrouve de partout chez elle.

8
Pretty Guardian Sailor Moon
Positif

Un très riche sous-texte

Une ultime aventure en mode pied de nez à sa propre franchise

Une aventure dense, rythmée et prenante d'entrée de jeu

Une ambiance plus sombre et tragique

Beaucoup de symboles

Une mythologie qui continue de se creuser

Des dessins toujours aussi fins

Negatif

Des schémas qui se répètent

Un rythme peut-être trop rapide

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