Critique Manga Fanaticism

8
Fanaticism

par Pois0n le lun. 27 déc. 2021 Staff

On n'astique pas que les cuivres ici

Avec Fanaticism, Shiokonbu s'attaque à un fantasme bien connu, à savoir celui des soubrettes. Et histoire de faire les choses bien, autant taper dans l'historique. Dans ce recueil de trois récits, les deux premiers (dont l'histoire principale qui donne son nom au livre) prennent ainsi place en pleine époque victorienne, tandis que le dernier se situe juste après la fin de la première guerre mondiale. Bon, rien de fifou non plus, on reste dans un hentai, mais ça a le mérite de sortir des sentiers battus.

Pour une fois, impossible de traiter comme un tout les trois histoires, vous allez comprendre pourquoi. C'est donc parti pour trois mini-critiques.

Fanaticism, le « gros morceau » du livre, raconte donc l'histoire d'Alissa, nouvelle servante dans le manoir du comte Alford. La demoiselle fantasme à plein régime sur le fils de son patron... ce que ne manque pas de remarquer l'une de ses collègues, qui l'embarque ni une ni deux dans l'éducation sexuelle du jeune homme. Mais ce qui démarre comme une histoire presque mignonne ne tarde pas à dégénérer... Vous avez vu les étiquettes sur la couverture ? Alors vous savez à quoi vous attendre. A la manière d'un « Métamorphose », Fanaticism utilise le sexe comme symbole d'une longue descente aux enfers, entraînant ses personnages toujours plus bas. Tandis qu'Alissa subit la jalousie et la vengeance de sa rivale, endurant des horreurs au point de finir par totalement se dissocier de la réalité, le manoir se transforme en lieu d'orgie où la débauche s'affiche sans complexe. De l'aveu même de l'auteur, le but était d'écrire une histoire hardcore. Pari réussi. Au moins Alissa est-elle bien présentée comme une victime, tandis que Colette est totalement consentante (voir instigatrice) lors des parties de sexe extrême.

Fanaticism est donc un récit très sombre, ouvertement pessimiste, où les plus puissants et les plus retors gagnent. C'est glauque, oui. Suffisamment contextualisé pour n'être pas gratuit, assez pour instaurer davantage de malaise que d'érotisme. Peut-être la seule façon acceptable de présenter ce type d'histoire.

Heureusement, juste derrière vient Lily ties, une histoire beaucoup plus douce où une jeune noble forcée de se soumettre à un mariage arrangé emmène avec elle la servante dont elle est amoureuse. Et il y a pas mal de choses cool dans cette histoire.

Pour commencer, il s'agit donc d'une romance lesbienne. Hentai oblige, les filles sont évidemment sexualisées, mais l'accent est réellement mis sur leurs sentiments respectifs et surtout, on a droit à des lesbiennes heureuses, élevant ensemble les enfants de l'une des deux. Après la noirceur de Fanatiscism, ça fait un peu l'effet d'un premier rayon de soleil après un hiver déprimant, vous voyez ?

Il y a également une scène de sexe hétéro dans cette histoire courte et là encore, bonne surprise : Keaton demande à plusieurs reprises à sa partenaire si tout va bien, la prévient avant de tenter des trucs... Et, mine de rien, on ne voit pas ça si souvent dans les hentai ! (Ajoutez à ça le fait qu'on ait un homme plus âgé mais séduisant, ça aussi ça change. Ah, et il a les cheveux longs, c'est banco.)

Bref, Lily ties est vraiment une histoire sympa, avec une petite pointe d'amertume due au fait que Nora n'a pas demandé à être là, mais largement compensée par la bienveillance de son mari et la tendresse partagée avec Cathy.

Dans mitigation, là encore, ambiance douce-amère. Douce de par la tendresse incroyable entre Cessy et Will ; amère de par les thèmes abordés : une histoire érotique qui commence par la guerre et évoque l'addiction aux amphets, avouez qu'on a vu plus joyeux. Et pourtant. Will n'abandonne pas sa belle au fond du gouffre, mais la soutient, accro ou pas, dans la durée. Le sexe sert ici de catalyseur, mais il s'agit bel et bien d'une pure histoire « vanilla », avec un couple qui s'aime et un épilogue qui donne un énorme smile. Pour un peu, on aurait presque du mal à croire qu'il s'agisse là du même auteur qui nous a pondu Fanaticism !

Évidemment, avec trois histoires aussi différentes, les scènes de sexe le sont tout autant : il y a un monde entre la violence pas toujours consentie de celles de Fanaticism, et le côté vanilla des deux autres histoires. De quoi plaire à tout le monde et éviter tout sentiment de redite. Visuellement, c'est dynamique et détaillé, avec des angles de vue variés et des visages très expressifs. On notera également un bel effort sur les costumes (quand il y en a) et les quelques décors qu'on voit.

Côté édition, comme toujours avec Niho Niba, le travail est de qualité, avec la présence de nombreuses pages couleur et d'artworks des personnages féminins à la fin du livre. Aucune coquille à déplorer, pas d'encre baveuse ni rien, la reliure est solide, c'est du très bon boulot !

En bref

Dans Fanaticism, le noir le plus sombre côtoie la lumière. Que vous aimiez les histoires pessimistes ou, à l'inverse, ouvertement optimistes, vous y trouverez votre compte! A réserver toutefois à un public très averti à cause de la première histoire.

8
Fanaticism
Positif

Des histoires vraiment scénarisées

Un contexte original qui change un peu

Des scènes de sexe variées, pour tous les goûts

Les échanges entre les partenaires dans Lily ties et mitigation

Des lesbiennes heureuses, YES!

Negatif

C'était ptet pas indispensable de montrer autant les sévices que subit Alissa?

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