Critique Manga La Déchéance d'un Homme #2

7
La Déchéance d'un Homme

par Tampopo24 le jeu. 28 oct. 2021 Staff

Descente non contrôlée

Malgré un premier tome difficile à appréhender et lire, je n'ai pas voulu en rester là face à cette terrible histoire. Il me fallait savoir si le héros allait s'en sortir ou sombrer encore plus comme je le pressentais. Vous aurez la réponse en me lisant. En revanche, sachez que ce deuxième volume est bien plus facile à appréhender que le premier et ça facilite les choses.

Nous continuons donc à suivre la vie tortueuse de notre peintre / mangaka à l'aube d'années agitées pour le Japon - l'histoire se déroule au tournant des années 20-30 -. Il est toujours aussi perdu dans sa vie et dans son art. Il a toujours une opinion aussi médiocre que lui. Et il mène donc toujours une vie aussi dissolue. Mais la différence avec le tome 1, c'est qu'il finit par se poser au peu, cherchant à avoir l'ombre d'une famille pour tenter de rentrer dans la norme.

J'ai apprécié de moins voir le héros passer d'une femme à l'autre et d'une tragédie à l'autre. Je ne dis pas que c'est un long fleuve tranquille. Ses névroses sont toujours là et bien là. Il est hanté par les fantômes de son passé et a une vision totalement disloquée et malsaine des femmes qu'il ne peut s'empêcher de voir comme des monstres. Il a été totalement traumatisé et ne parvient pas à sortir de ce schéma, tant pis s'il tombe sur des femmes bien comme la mère célibataire et veuve du début, la patronne du bar, ou la petite qu'il finit par épouser.

Du coup, il entraîne tout le monde dans ses tourments. Il boit, se néglige et néglige les autres, souffre de névrose. On assiste toujours à une vraie descente en enfer, mais peut-être moins rapide que dans le tome 1 car atténué par la stabilité que lui apportent les femmes de sa vie et le travail qu'il mène en tant que mangaka. C'est plus dans sa peinture que transparaissent ses troubles. Celle-ci est saisissante d'horreur et de malaise. J'ai aimé suivre ses premiers pas de mangaka publié et ses difficultés à en vivre. J'ai aimé le voir mettre ses névroses dans son art. 

Cependant, c'est un homme qui ne parvient pas à se sortir du mal être profond qu'il ressent, ce qui donne une teinte plombante au titre de bout en bout, chaque petite graine d'espoir étant écrasée. Ainsi le malaise un temps éteint ne fait ensuite que monter, monter, jusqu'à l'explosion finale où j'ai enfin retrouvé le sens de mise en scène d'Itô qui avait fait tant défaut jusqu'à présent. En effet, je trouvais l'auteur un peu trop timide graphiquement parlant par rapport à ses titres phares où la répétition de motifs de manière hypnotiques saisissait le lecteur à froid. Ici, cela ne surgit que dans le dernier chapitre, tandis qu'il essaie d'évacuer bien maladroitement son mal être et ces boules abjectes font froid dans le dos également.

En bref

Alors non, ce n'est toujours pas du grand Junji Itô, le titre ressemble trop à une adaptation assez classique d'une oeuvre littéraire fort connue au Japon. Cependant, le portrait de cette noirceur sans fond qui enlise le héros est parfaitement rendue et ce qui me rendait si mal à l'aise dans le tome 1 s'estompe ici avec une narration plus nuancée. Avis aux amateurs d'oeuvres sombres et torturées, vous avez ici un titre très singulier où la noirceur est omniprésente et le malaise grandissant.

7
La Déchéance d'un Homme
Positif

Une histoire toujours aussi sombre mais moins oppressante

Un héros tout en nuances et contradiction

Une chute aux Enfers

Le portrait de sombres années

Un Junji Ito inspiré dans le dernier chapitre sur les tourments de son héros

Negatif

Une adaptation souvent un peu trop lisse et classique

Un malaise malsain omniprésent qui peut gêner plus d'un lecteur

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