Critique Manga Pretty Guardian Sailor Moon #4

8
Pretty Guardian Sailor Moon

par Tampopo24 le dim. 6 juin 2021 Staff

Devenir adulte

On ne change pas un modèle qui gagne. Le premier arc de la série tenait en deux tomes, c'est également le cas avec le deuxième que nous sommes en train de lire qui trouve sa conclusion ici. Le format peut sembler un peu rapide aux lecteurs habitués désormais aux séries à rallonge mais l'autrice mène parfaitement sa barque.

En tant que fan de la première heure de Sailor Moon qui avait également regardé l'animé, ce n'est pas sans plaisir que je suis arrivée à ce stade de l'histoire où l'on retrouve notre héroïne à nouveau à la déroute face à ses ennemis. Peut-être est-ce à tort, mais j'avais gardé un souvenir assez sombre de ce moment de l'histoire où ChibiUsa bascule du côté obscur et c'est très bien rendu ici, même si j'ai eu le sentiment qu'il manquait peut-être quelques scènes pour rallonger la sauce. N'y a-t-il pas eu d'ailleurs dans le dessin animé de l'époque des épisodes fillers ?

Pour revenir à l'histoire, dans cet arc Naoko Takeuchi nous offre une belle fable écologique sur fond de tragédie grecque où elle pousse à l'extrême sa revisite du mythe d'Oedipe à travers ChibiUsa se transformant en adulte pour mieux capturer et ensorceler son père. J'ai beaucoup aimé ce changement en Black Lady, une anti-héroïne digne de la Maléfique des films de Disney. C'est caricatural et en même temps pas tant que ça. L'autrice pousse juste le concept de l'enfant jaloux de l'un de ses parents, ne parvenant pas à l'exprimer et à le combattre du fait de sa jeunesse. C'est extrêmement touchant et surprenant de voir comme cela se marie bien avec le récit fantastique aux teintes de SF proposé ici. Les métaphores sur le thème de l'enfant et de l'adolescent qui grandit sont assez fines de la part de l'autrice surtout dans l'espace assez réduit qu'elle a pour y consacrer entre combats et réflexions écologiques.

Car la lutte contre le Wiseman et le Black Phantom font aussi résonance aux thèmes écologiques qu'on trouve régulièrement dans les textes de SF. Nous sommes face à des terres ravagées par l'humanité et/ou face à un individus dont l'action risque de ravager ces terres protégées jusqu'alors. Sailor Moon avec son cristal représente alors l'espoir de resurrection et protection de celles-ci, telle une Messie. Black Phatom, lui, est l'incarnation de nos peurs ancestrales avec sa figure ténébreuse, son emprisonnement rappelant l'emmurement, sa noirceur rappelant les trous noirs et le vide, l'absence de lumière. C'est donc le classique affrontement de la lumière porteuse d'espoir face aux ténèbres obscurantistes porteurs de fléaux.

Un classique parfaitement mené une fois de plus ici, notamment grâce à la figure de ChibiUsa qui est représente la nouvelle génération salvatrice venant apporter son soutien à l'ancien. Dans l'adversité, notre petite héroïne va enfin parvenir à grandir et trouver sa place dans sa famille pour s'émanciper de sa figure de jeune enfant. Le combat face au Black Phantom est donc une belle fable de la lutte de l'enfant pour sortir de sa condition de petit être issu de son père et sa mère afin de devenir un être à part entière. Sailor Moon c'est très philosophique l'air de rien.

Cependant une fois tous les thèmes et idées posés, l'autrice ensuite accélère le tempo et conclut bien rapidement l'ultime combat de nos héroïnes contre le mal, ce que je regrette un peu. J'ai souvent le sentiment de combat précipités vers leur conclusion alors que j'aimerais bien voir les échanges durer un peu...

Du coup, dans ce tome, pour combler les pages restantes, l'autrice et l'édition actuelle nous offrent deux chapitres bonus, déjà présent dans l'édition précédente. Le premier, avec ChibiUsa comme héroïne, est une jolie revisite du mythe de la vampire. La seconde, elle, nous permet enfin de découvrir plus en profondeur le personnage de Rei (Sailor Mars), en évoquant son passé et sa famille. C'est un exercice à reproduire avec chaque Sailor car l'histoire principale n'a pas permis de vraiment les connaitre en tant qu'individus.

En bref

Un nouvel arc se conclut donc, nous avons une nouvelle justicière en uniforme qui est venue rejoindre le troupe des défenseuses de la justice. J'ai bien aimé cette partie futuriste, qui change de la précédente qui était plus dramatique et théâtrale. Le thème de l'émancipation des enfants vis-à-vis de leur parent était bien trouvé et bien mené. Maintenant place à l'arrivée de l'un de mes personnages préférés !

8
Pretty Guardian Sailor Moon
Positif

Une fable futuriste écologique

Le thème de l'émancipation de l'enfant

Un beau sens dramatique avec une revisite intéressante d'Oedipe

La matérialisation de nos peurs ancestrales dans l'antagoniste

De beaux combats

Un chapitre bonus sur Rei (Sailor Mars) à reproduire pour les autres sailors

Negatif

Une narration toujours un peu rapide

Une intrigue très manichéenne

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