Critique Manga Hawkwood #1

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Hawkwood

par Koala Barbu le mar. 31 mai 2016 Staff

Hawkwood est un manga seinen de Tommy Ohtsuka, créé en 2011. En France, l’œuvre est édité par l’édition Doki Doki depuis le 02 Mars 2016.

Synopsis de l’éditeur :

XIV siècle, royaume de France, province de Normandie. La petite ville de Carentan est sous la menace de l’ennemi. Devant ses murs se presse l’armée régulière anglaise, lancée à la conquête de la France. A sa tête, le prince Edouard, fils légitime du roi d’Angleterre. Pour se sortir d’une situation a priori désespérée, les assiégés font appel à la « Compagnie blanche du corbeau » de John Hawkwood, un officier audacieux dont les stratégies outrepassent les règles de la chevalerie. Le mercenaire de légende affronte le Prince Noir… quelle sera l’issue du combat ?

Critique :

Ce premier tome nous présente donc la vie d’un personnage assez méconnu du grand public : John Hawkwood, mercenaire et tacticien de génie, œuvrant à l’époque de la guerre de cent ans. Dans ce premier tome, nous le suivons dans ses batailles au sein de la compagnie blanche et sommes témoins de sa grande intelligence tactique. Tout naturellement, donc, le premier point fort du manga réside dans sa description des stratégies militaires de l’époque et leur importance cruciale pour obtenir la victoire. On est vite plongés dans le monde de la guerre chevaleresque et Il est intéressant de se rendre compte des tactiques existantes pour y triompher.

Un autre point fort du manga est, par suite logique, son univers sombre et moyenâgeux. On parle ici de guerres de succession, de trahisons, de noblesse corrompue, de conflits politiques, de mercenaires sans foi ni loi, de système féodal, etc. Que de thèmes qui devraient donner l’eau a la bouche aux amoureux du moyen âge ! Malheureusement, pour le moment ces thèmes ne sont, pour la plupart, qu’abordés en surface. Un léger manque de profondeur est donc à déplorer, en espérant que le manga aille plus loin dans la suite. On peut aussi noter qu’il y a un vrai travail concernant le vocabulaire utilisé et le choix des noms, très européens. L’utilisation et l’explication de certains termes renforce l’immersion voulu par l’auteur, et cet effort est tout à fait appréciable.

Sur le plan des personnages, ce premier tome est très inégal. Le personnage principal est dépeint comme un anti-héros badass et intelligent, mais aussi cupide et calculateur. Bien que froid et sombre on comprend que John Hawkwood n’est pas foncièrement mauvais. Le problème est que si notre anti-héros est plutôt bien écrit, tout en demi-teinte, ce n’est pas du tout le cas pour les autres personnages. Généralement représentatifs de clichés, les personnages secondaires et tertiaires sont terriblement vides et sans intérêts. Manquant tous de profondeur et d’originalité, il est difficile de s’intéresser à un autre personnage que notre tacticien ténébreux.

D’un point de vue historique, le manga respecte les grandes lignes mais pêche lorsqu’une rigueur un peu plus précise est requise. Concernant les grands événements historiques on a donc une certaine fidélité : par exemple, le roi anglais Edouard III, arriva bel et bien le premier juillet 1346 à la Hougue ; son fils Edouard le prince noir portait bel et bien une armure noire (bien que ce nom ne fût utilisé que plus tard) ; le château de Carentan fut effectivement attaqué par l’armée anglaise la même année, etc. Par contre, Tommy Ohtsuka a tendance à utiliser certains raccourcis historiques de moindre importance lorsque scénaristiquement plus intéressants. John Hawkwood par exemple, n’a jamais eu à défendre le château de Carentan des anglais, et pour cause : lors de la guerre de cent ans, il servit dans l’armée anglaise jusqu’en 1360 avant d’intégrer la compagnie blanche…sa présence en 1346 en tant que leader de celle-ci est donc un non-sens… mais est-ce si important ? Aurais-je fais la recherche si je n’avais pas lu le manga ? Probablement que non. Bien que pas tout à fait exact historiquement parlant, le manga met en scène un personnage très peu connu et nous donne envie de nous y intéresser plus en détails, ça reste donc un bon point !

Malgré les quelques défauts qui ont pu être cités au-dessus, ce premier tome resterait vraiment bon et prenant si on oubliait un certain détail… Globalement les batailles sont claires, les explications compréhensibles, le rythme est rapide et prenant. L’immersion serait même très bonne … si on oubliait le dessin. Voilà LE point négatif du manga ! Les graphismes ne sont pas moches en soit, ils sont même plutôt efficaces dans l’action. Mais dieu que c’est impersonnel et grossier ! Hawkwood fait malheureusement parti de ses mangas dont le dessin est : « le dessin classique de shonen, que l’on fait quand on a une idée de manga mais que l’on n’a pas de patte artistique propre ». De plus, même en mettant de côté le problème d’identité visuelle, celui-ci ne va absolument pas avec l’univers décrit. En effet, le choix du dessin très « shonen » jure avec l’univers sombre et adulte du manga.Sans parler du fait que le dessin change en plein milieu du tome passant d'un style shonen à un style encore plus shonen (puis bon le brusque changement est assez perturbant)... Bref, un dessin plus réaliste, plus seinen, comme celui de Berserk par exemple, aurait eu bien plus d’impact et aurait permis une vraie immersion. Il m’est arrivé plusieurs fois de sortir de ma lecture à cause d’un dessin trop inapproprié aux évènements et au monde qui sont décrits. Après, tout le monde ne peut pas être le génie Kentaro Miura, mais un style graphique un poil plus adulte aurait apporté beaucoup à l’œuvre.

Conclusion : Pas extraordinaire voir moyennement bon à cause de certains défauts trop gros pour être ignorés, le manga reste sympathique et agréable à lire. Au final, j’en attends beaucoup pour la suite car Hawkwood a le potentiel pour faire bien mieux.

En bref

6
Hawkwood
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