Critique Manga Daisy - Lycéennes à Fukushima

7
Daisy - Lycéennes à Fukushima

par MassLunar le dim. 19 mai 2024 Staff

Poursuivre après Fukushima

Rééditée récemment en intégrale dans un grand format de chez Akata, Daisy ,lycéennes à Fukushima est un manga délicat dessinée et adapté du roman Pierrot par Reiko Momochi, une mangaka qui a d'abord travailler sur du pur shojo de romance avant d'étendre ses horizons vers des titres plus sociétaux axé sur des thèmes sérieux tel que le harcélement...

Avec Daisy, Reiko Momochi nous dépeint le quotidien de quatre lycéennes après la fameuse catastrophe de Fukushima. Porté par un style shojo tout en douceur, Daisy est un titre plein d'espoir bercé par un petit nuage d'émotions autour de ce quatuor dont nous suivons les trajectoires respectives dans une ville toujours plombé par la menace des radiations...

Daisy, c'est donc l'histoire de quatre filles qui forment durant leur temps libre un groupe de musique. Nous avons Fumi, la protagoniste principale , traumatisée par la catastrophe , qui a d'abord préféré l'isolement par crainte des radiations et qui a décidé de revenir au lycée. Là, elle retrouvera ses trois amis, Ayaka, la "geek" du groupe dont les parents tiennent une auberge en mal de clients, Mayu, la forte tête dont le père est un agriculteur renommé pour son riz mais qui a depuis la catastrophe du mal à vendre ses récoltes et enfin la douce Moé, issue d'une riche famille, dont la gentillesse dissimule aussi une certaine fragilité...

Au fil des pages, le lecteur s'attachera à ce quatuor féminin dont nous suivrons les motivations et les choix et qui affronteront ensemble les différents problèmes liés à la catastrophe... Pour aborder les conséquences du tsunami de Fukushima , Reiko Momochi choisit de les aborder sous un angle plus social et humain avec des sujets tels que le rejet ou la crainte des radiations qui engendre des soucis économiques ou relationnelles. C'est un point de vue qui ne se limite donc pas aux conséquences strictement physiques mais plutôt sur la vie d'une ville déchirée entre ceux qui ont brutalement décidé de partir et ceux qui ont choisi de rester et cela sous l'abandon d'un gouverment qui a décidé de balayer bien trop vite la menace radioactive tout en laissant tomber les habitants de Fukushima.

Dans un style graphique très shojo, la mangaka délivre un récit choral tendre, porté par de bons sentiments, qui dévoile une autre facette de cette catastrophe avec une certaine finess entre les chansons d'espoirs, les larmes et les rires. Si vous être un brin sensible, vous serez touché par le quotidien de ces quatre amies qui vont devoir affronter de véritables épreuves liées à l'après-Fukushima...car après cette terrible catastrophe, il y a bien un après, difficile à surmonter, mais ce que la mangaka met aussi en valeur, c'est la solidarité dont font preuve ces quatre filles qui acourirons dès que l'une de leur amie fera une tentative de suicide après que son copain l'ait rejeté ou lorsque l'une d'elles se battra pour aider son père dans les champs. C'est le destin de Fumi qui décidera d'aider sa chère ville par le biais de la sphère politique ou celui d'Ayaka , déchirée par les disputes parentales alors qu'elle trouvera un sens à sa vie en s'occupant des "orphelins" de Fukushima...

Avec une bonne maitrise de la narration, le lecteur est donc berçé par l'histoire de ce groupe qui malgré les possibles séparations demeure unie sous les cerisiers de Fukushima.

Un titre beau et simple, touchant par la sincérité qui émane de la dessinatrice mais dont la teneur du sujet est tout de même ralentie par un style visuel un peu trop shojo à mon goût.

Bien sûr, comme nous le savons, le style shojo ne se résume pas de manière caricatural à de la romance , c'est aussi un style visuel qui permet d'aborder des tranches-de-vie avec une certaine délicatesse tout en s'attardant principalement sur les personnages et c'est là le petit défaut que je pourrais soulever de ce titre... La mangaka s'attarde un peu trop sur ces personnages et par la même met moins en valeur la ville de Fukushima. Avec un beau dessin qui est surtout focalisé sur ces quatre filles, la ville de Fukushima  devient par conséquent moins représentée visuellement ce qui est un peu dommage étant donné que c'est le cadre principal de l'histoire. On finit par s'attacher doucement à cette histoire qui est un peu prisonnière d'un style graphique , certe jolie et gracieux mais aussi réducteur et un peu vide...

Il faudra alors tenir compte de la psychologie des personnages et d'un concentré de répliques parfois un peu mièvre pour se laisser attendrir par le devenir de ces lycéennes.

Il n'en reste pas moins que Daisy, lycéennes à Fukushima est un manga interessant qui aborde avec chaleur et douceur une facette plus humaine et plus intimiste de l'après Fukushima. De plus, les éditions Akata ont tout de même édité une jolie integrale à 16 euros avec une belle jaquette assortie de délicates touches de brillance ce qui en fait un objet-livre plutôt attrayant.

Sur le même sujet, je recommande le très bon roman graphique Naoto, le gardien de Fukushima. 

En bref

Un peu prisonnier de son style visuel shojo qui se concentre avant tout sur une poignée de personnages, Daisy n'en demeure pas moins un jolie titre poignant et remplie de bons sentiments sur l'après-Fukushima à travers le point de vue de quatre lycéennes dont nous suivons avec attention le parcours. Un sujet sensible traité avec ce qu'il faut de sensibilité.

7
Daisy - Lycéennes à Fukushima
Positif

Une jolie fiction sur l'après-Fukushima qui, sans éluder les moments difficiles, met aussi en valeur une belle solidarité

Un quatuor féminin attachant porté par le dessin élégant et gracile de Reiko Momochi

Negatif

Un peu prisonnier d'un style shojo qui ne parvient pas à mettre en valeur la ville-même de Fukushima

MassLunar Suivre MassLunar Toutes ses critiques (543)
Partager :
Commentaires sur cette critique (0)
Laissez un commentaire