Critique Manga Gannibal #13

8
Gannibal

par Tampopo24 le lun. 1 avril 2024 Staff

L'Enfer de la rédemption

La fin est là, elle a aura été
attendue et aura tenue toutes ses promesses, celles d’une lutte pleine
de rédemption et d’un passé à assimiler et non renier pour avancer.

Ce fut encore une lecture bien difficile
tant elle nous plonge dans les horreurs de l’entre-soi de ce petit
village de montagne aux inimitiés terribles. L’auteur va loin à nouveau
dans ce tome, faisant preuve d’une violence implacable, ne renonçant à
rien et osant tout montrer. On a encore du cannibalisme, on a de
l’affrontement armé, on a du massacre en règle, on a du déchirement
moral. Mais ça y est, on a enfin de l’espoir et on sort ainsi de cette
grotte terrible où la lumière ne semblait pas pénétrer.

L’auteur a encore géré de mains de maître
cette escalade et cet élargissement du champ et du conflit. Ce fut
excellent à suivre, palpitant, tendu, mais aussi violent et cru bien
sûr, sauf que l’espoir est là cette fois, avec une génération
inattendue. Il nous conduit ainsi vraiment aux portes de l’Enfer et de
la désespérance, pour mieux nous en sortir avec un espoir ténu mais fort
dont ceux qui souhaitaient s’y engager vont désespérément se saisir.
J’ai ainsi adoré, une fois de plus, les rôles de Keisuke et Agawa, ces
hommes qui n’ont jamais rien lâché et qui jusqu’au bout se battront
au-delà d’eux-mêmes.

Mais il y a également une forme de poésie
qui va se détacher de tout cela et c’est ça le plus surprenant. En
réintroduisant la lumière, l’auteur réintroduit l’espoir et le rêve, et
cela se traduit par des séquences très belles au milieu de toutes ces
tueries. La couverture annonçait déjà cela, la lecteur le confirme, à
travers le rêve du personnage de Keisuke et l’incarnation que cela
trouve dans la toute jeune génération incarnée par la fille d’Agawa.
C’est beau, c’est tout. Il aura fallu plonger sacrément en enfer, mais
c’est beau et poignant.

Attendez-vous cependant à avoir le coeur
accroché jusqu’à la fin. Il n’y a aucun pardon ici, juste une longue
quête de rédemption pour sortir de cette violence. Le message est bien
trouvé, sans bien pensance habituelle. C’est horrible ce qu’ils ont fait
et tout le monde le sait. C’était le rôle de l’intervention de ces SWAT
japonais et ils le font très bien : ils épaulent et empêchent qu’on
enterre à nouveau la chose. Bien joué ! Alors oui, c’est encore ultra
violent ce tome car il n’y a pas de retour en arrière possible
maintenant que la bulle a éclaté, mais c’est nécessaire pour faire table
rase. Seul le final m’a un peu déçu car il laisse en suspens une
certaine situation qu’on soupçonnait certes mais dont on ne sait trop
que faire. Sera-t-elle explosive à nouveau ? Ou ce qui vient de se
produire servira-t-il de leçon ?

En bref

Tandis que je n’aurais jamais cru aimer une série d’une telle violence, j’ai dévoré chaque tome de Gannibal, en aimant finalement le côté cru et sans concession permettant de plonger dans cette horreur ethnologique ayant réellement existé. C’était tantôt très violent, tantôt très humain, plein de contradiction et avec une belle finesse psychologique. L’auteur m’a également saisi par sa mise en scène stressante m’emportant dans une spirale de violence tout aussi bien physique que psychologique où on voit le drame de la reproduction sociale à son sommet. Oui, il faut avoir le coeur accroché, mais l’aventure humaine déchirante qu’on suit en vaut 1000 fois le coup. Je suis très curieuse de connaître la prochaine série de Masaaki Ninomiya.

8
Gannibal
Positif

Un final parfait

Une montée en puissance dans la violence excellente

Un bel élargissement de l'intrigue pour faire pénétrer la lumière

Une rédemption venant de là où on ne l'attend pas

Un message sombre et implacable

Pas de bien pensance, toujours de la noirceur

Tout de même un peu de poésie

Negatif

Des dernières pages déstabilisantes, comme si tout n'était pas fini...

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