Critique Manga Dear Gene #2

8
Dear Gene

par Tampopo24 le lun. 12 févr. 2024 Staff

La rencontre du destin

Il y a des séries avec lesquelles
on pense ne pas avoir d’affinité et qui viennent nous surprendre d’une
grande claque derrière la tête : Dear Gene fut celle-ci pour moi.

Commencée il y a déjà plus de 2 ans chez
nous et enfin terminée alors qu’elle n’était qu’un simple diptyque, elle
est en fait une série dérivée de My Rumspringa déjà paru
auparavant chez nous, qui nous invite à aller à la rencontre d’une
culture méconnue : la culture amish. J’avais de gros a priori sur la
question car la religion et moi, ça fait deux, mais l’autrice fait
preuve de tellement de bienveillance et d’ouverture d’esprit qu’elle m’a
complètement fait changer d’avis.

Autre point d’achoppement pour moi dans
cette belle rencontre, la différence d’âge entre les deux héros formant
le couple que l’on va suivre. Gene a à peine plus de 20 ans et est en
situation de précarité, alors que Trevor est son aîné de plus de 10 ans
et est en position d’autorité. Je sais que certains ne trouveront rien à
redire, moi ça m’a énormément bloquée et mise mal à l’aise, même ici
alors que l’autrice fait mille et un efforts pour rendre la situation
tout sauf sordide et qu’elle montre combien ils sont doux et
bienveillant l’un envers l’autre. Je trouve ça malaisant cette position
d’autorité et cette représentation de « l’adulte » dépendant de
l’enfant. Ça ne passe pas…

Et pourtant, la beauté de l’histoire est
parvenue à me faire dépasser ça, ce qui est incroyable. En laissant de
côté la romance, qui pour ne fut qu’un prétexte au récit de cette
rencontre et au cheminement de vie de Gene, j’ai adoré suivre ce
dernier. C’était bouleversant de le voir se remémorer avec douleur ceux
qu’il avait laissé derrière lui, tout en se sentant tiraillé d’apprécier
sa nouvelle vie et d’avoir envie d’encore plus, plus de découverte,
plus de voyage. Cette métaphore du passage de l’adolescence à l’âge
adulte où on doit laisser son cocon familial pour partir à l’inconnu, se
découvrir, est parfaitement replacée ici dans le contexte spécifique de
Gene, ce qui rend la chose encore plus forte.

L’autrice a vraiment su créer une
atmosphère et gère cela de main de maître entre les différentes
temporalités, les différents traits de caractères, les différentes
époques et problématiques. On est tiraillés par les sentiments des
« jeunes » Gene et Trevor autrefois. On est touché par le jeune Gene, le
neveu, avec qui on découvre cette histoire passé et sa propre histoire
présente. On est amusé aussi par les réactions du « vieux » Trevor du
présent, tellement à l’aise et au-dessus de tout ça, en apparence. Et
pleins d’autres détails viennent s’y ajouter, de ce portrait de femme
divorcée qui cherche à s’affirmer, ce qui n’était pas simple à l’époque,
jusqu’au parent du jeune Gene – neveu, qui veulent renouer, en passant
par la famille amish du premier Gene dont on a quelques aperçus. C’est
vraiment parfaitement pensé !

En bref

J’ai ainsi été très touchée par cette ultime lecture, qui m’a à nouveau permis de découvrir une société amish, ou plutôt des exemples de personnages amish, tellement touchant et plus ouverts que je le croyais. Le couple de cette histoire qui avait tout pour me déranger m’a fendu le coeur dans les ultimes pages. Ce jeune trublion de Gene a été le focal parfait de l’histoire. Et que dire de cette ambiance rétro et de son témoignage si juste sur la société new-yorkaise d’alors. Bijou comme dirait l’autre ! ????

8
Dear Gene
Positif

Une belle ambiance rétro dans les dessins

Un parcours de vie émouvant

Un portrait des amish plein de bienveillance

Une superbe parabole du passage de l'adolescence à l'âge adulte

Un final poignant, parfait !

Negatif

L'attente entre les 2 tomes

La position d'autorité de Trevor sur Gene qui me rend la relation malaisante de bout en bout

Des scènes de sexe explicites malaisantes aussi pour moi (cf au-dessus)

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