Critique Manga Moto Hagio - Anthologie #1

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Moto Hagio - Anthologie

par Tampopo24 le mar. 30 janv. 2024 Staff

Echantillon de chefs d'oeuvre

Avec la venue en grande pompe de l'autrice à Angoulême à l'occasion de l'exposition organisée pour sa oeuvre culte au Japon, Glénat qui avait fait partie des pionniers avec Kazé, a décidé de ressortir son Anthologie : De la rêverie et De l'humain, en une nouvelle édition grand format. Nouvelle édition ? Pas vraiment en fait.

Soulignons d'entrée que les possesseurs de l'ancienne édition, à part le fait d'avoir des tomes plus petits sans jaquette et dans un coffret, ne verrons pas une grande différence. Les textes accompagnant l'oeuvre n'ont même pas été revu, c'est un peu décevant cette absence d'ambition éditorial. On sent clairement que Glénat surfe surtout sur la vague Akata, qui lui a décidé de donner à l'autrice la place qu'elle mérite, et propose ainsi des tomes dans le même format que ceux-ci. Je salue cependant le premier chapitre en bichromie et les jaquettes que je trouve superbe. 

Question contenu, ceux qui découvrent l'oeuvre auront le plaisir d'une introduction et d'une postface resituant l'autrice dans le contexte historique du manga, et d'incipit permettant de resituer chaque histoire dans l'oeuvre de l'autrice. C'est tout à fait bienvenue au vu de la place de celle-ci dans ce média avec tout ce qu'elle a fait, inventé, inspiré.

Les histoires de ce premier tome, elles, sont tout à fait représentatives de son oeuvre. Il y a d'ailleurs son chef d'oeuvre Nous sommes 11 qui occupe le coeur de ce volume et rien que pour lui, cette lecture est un coup de coeur. Les autres semblent plus modestes. Le premier cependant, Rêve ivre, hommage à l'un de nos poètes, rappelle sont goût pour le drame et la tragédie. Le dernier, lui, Le petit flutiste de la forêt blanche, en plus de rappeler des opéras d'autrefois est une sorte d'annonce de ce que sera son grand succès : Le clan de Poe. Ce sont donc des histoires historiquement fort intéressantes rien que pour cela.

Mais sincèrement côté plaisir de lecture, c'est Nous sommes 11 - Premier volet, qui emporte tout. J'y ai adoré voir des références aux anciens auteurs de SF que j'adore comme Asimov ou Le Guin. J'ai adoré ce côté Sa majesté des mouches + Agatha Christie. C'est ultra rythme, drôle et émouvant, surprenant parfois avec de belles punchlines et des personnages qui envoient du bois. Il y a une superbe créativité narrative visuelle. Et c'est rempli de thèmes de SF que j'affectionne comme celles sur le genre, les huis clos spatiaux, les académies spatiales, les objets stellaires non identifiés et j'en passe. Après, c'est très marqué années 70 et peut-être que le lecteur actuel sera moins friand et trouvera cela banal, mais remis en contexte, wow !

De ce fait, les autres textes m'ont semblé plus fade, en particulier sa suite : Est et Ouest, un horizon lointain, où j'ai eu l'impression que l'autrice se perdait à faire de prolonger et improviser la suite de son histoire. Exit le space opera si addictif et vertigineux de l'histoire originelle, place à un classique planet opera avec homme politique en déroute, en recherche de solution face à un rébellion. C'était long. C'était verbeux. C'était décousu. Je retiens surtout la belle ambiance sombre et dramatique qui s'intensifie au fur et à mesure, ainsi, qu'à nouveau les superbes compositions de l'autrice, mais ça ne m'a pas plu plus que ça...

J'ai été plus sensible aux côtés oniriques et poétiques de la première et dernière histoire. Le Rêve Ivre m'a rappelé Ouke no Monshou, une vieillerie commencé 4 ans plus tôt mettant en scène l'Egypte ancienne. Il y a le même goût pour le drame antique. Le petit flutiste de la forêt blanche, lui, a un trait plus ancien, plus rond, moins aventureux mais avec une belle ambiance à la Rackam, cet illustrateur de l'étrange Lewis Carroll dont il sait si bien rendre les ambiances singulières, ce qui est le cas ici, avec cette rencontre  étrange. Alors même si les histoires ne m'ont pas autant emportée, les ambiances elles, vendent du rêve.

En bref

Pas forcément l'ouvrage dans son ensemble le plus indispensable de l'autrice, il contient cependant l'une de ses histoires phares, qui peut importe la décennie mérite d'être lue par sa vivacité narrative et sa beauté graphique : Nous sommes Onze, un modèle du huis clos en hyperespace ! Alors si vous voulez découvrir l'autrice à l'aide d'un de ces chefs d'oeuvre, foncez, en plus vous aurez ici un bel échantillon de son travail dans le rayon de l'imaginaire. Il est juste à souhaiter que Star Red ou Marginal qui sont régulièrement cités soient aussi édités <3

8
Moto Hagio - Anthologie
Positif

Le meilleur moyen pour avoir un échantillon de l'oeuvre de cette très grande autrice

Le chef d'oeuvre intemporel Nous sommes Onze

Des autres bourrées de références et inspirantes également

Un sacré travail graphique, encore plus pour l'époque (années 70) !

Des histoires dramatiques, bouleversantes, anciennes et modernes

(Un grand format et de très belles jaquettes, pour cette réédition)

Negatif

Un travail éditorial à minima par rapport à l'édition précédente

Des histoires un peu fade à côté du chef d'oeuvre Nous sommes Onze

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