Critique Manga A Fool's love song

Quand la musique sauve

Après bien des essais ratés, voici enfin LE Jyanome qui m'a totalement convaincue et emportée. Enfin celui dont le dessin à l'intérieur est à la hauteur de la couverture. Enfin celui dont l'histoire est à la hauteur de la promesse faite en résumé. Il était temps !

Malgré sa prolifique production, à chaque fois que j'avais lu un de ses titres j'avais été déçue et il n'était pas question de manque de maturité ou quoique ce soit de ce genre, puisque c'est avec un titre de 2017, donc pas plus vieux ou plus jeune que d'autres de ses titres, qu'elle m'a convaincue. Il suffisait juste de trouver la petite étincelle. 

Cette étincelle, elle est venue de la rencontre avec un groupe de rock, pas un groupe archi connu, mais un groupe indépendant qui galère. Et c'est ce qui fait toute la sève de cette histoire, cette ambiance à l'ancienne, de grunge, de galère, de révolte, un peu à la Sex Pistol et donc à la Nana (Ai Yazawa). J'ai adoré !

Nous suivons pour cela un chanteur assez étrange, Tomizo, un type totalement dans la lune la plupart du temps qui enchaîne les galères tellement il est naïf. La dernière en date : une voyante qui l'a arnaqué et lui a prédit de rencontrer l'âme soeur. Il va donc se lancer dans cette recherche mais va sans cesse tomber à côté sans se rendre compte que celui qu'il cherche est peut-être plus près qu'il ne le croit. 

Sur le papier, on pourrait se dire que c'est encore une histoire banale, totalement vue et revue, mais il se dégage vraiment quelque chose du oneshot de Jyanome. Peut-être est-ce dû à l'esthétique très grunge et rock, qui n'est pas sans rappeler dans ses compositions et corps longilignes ce qu'Asumiko Nakamura ou Ai Yazawa ont pu faire. Peut-être est-ce dû à la grande naïveté du héros qui donne l'impression de suivre un petit poussin qui sort péniblement et maladroitement de sa coquille. Peut-être est-ce dû à l'ambiance "groupe" et à ses membres qui observe et participe à tout cela avec un tendre humour.

Le récit est à fleur de peau. On a beau se moquer de ses déboires, on sent quelque chose de plus profond. De la galère du jeune dont les riches parents ne se sont jamais intéressés à lui, de celle du fils couvé qui déçoit parce que les parents comptaient sur lui pour reprendre l'affaire familiale. La pression parentale n'est jamais loin et la musique rock un superbe exutoire, un instrument d'émancipation et de révolte comme j'aime ! Ainsi le vague à l'âme des héros et noue avec la puissance évoquée de leur passion qui va leur aider à garder la tête hors de l'eau.

En prime, la romance est pleine d'émotion et très subtilement mise en scène. Au début, on pense être tombé sur un débile et un queutard, mais c'est plus complexe que cela. C'est un gars seul et abandonné qui cherche quelqu'un à aimer et qui l'aimera. Il est émouvant, tout comme le sera celui qu'il finira par trouver après bien des galères sentimentales.