Critique Manga Adabana #3

8
Adabana

par Tampopo24 le mer. 9 nov. 2022 Staff

La nature humaine dans toute sa complexité

Pour une série que j'appréhendais à sa sortie, je l'ai vraiment trouvée très très bien au point d'enchaîner les trois tomes ! L'autrice a su me surprendre, me rendre malade, m'énerver et me sentir misérable face aux injustices qu'elle décrit. Bravo à elle !

Comme une scénariste de séries américaines, elle nous entraîne ici dans un dernier acte, moins insoutenable que le tome précédent, mais tout aussi révoltant où elle met en lumière les failles d'un système et d'une société. Le rythme est parfaitement dosé ici, rapide mais juste au final ce qu'il y a à raconter. Il y a pile la bonne dose à la fois pour les révélations, l'enquête, le procès et l'après. Ce n'était pas gagné. J'ai eu peur qu'il manque quelque chose. Tout fut là au final.

Avec brio, l'autrice a continué de nous entourlouper, transformant complètement l'image qu'on avait de Mizuki, la couple auto-désignée. Toutes les incertitudes et étrangetés qu'on ressentait trouvent ici une explication logique et cohérente qui, avec force, nous donnent une nouvelle claque. C'est percutant, révoltant, atroce au point de donner envie de ruer dans les brancards. L'autrice met en exergue ici les failles d'un système, celui d'une société où certains crimes peuvent rester impunis grâce à cela. On comprend alors la posture de justicière sans retour de l'héroïne.

La relation Mizuki-Mako trouve son achèvement ici de manière bien tragique. J'ai été percutée par cet acte inéluctable que je voyais venir depuis un moment. La mise en scène très forte de l'autrice a su me toucher. Elle n'en a pas fait des tonnes contrairement à ce que je craignais mais a quand même su montrer l'horreur et l'atrocité de la chose, dénonçant comment les violences faites aussi bien physiquement que psychiquement sur quelqu'un peuvent la détruire. C'était âpre, c'était rude, c'était dur à voir. Quand on découvre tout le système on est dégoûté et très en colère.

Le procès devient ainsi, comme dans nombre de films et séries américains, le lieu de toutes les révélations mais aussi de tous les coups de théâtre et ici, le plan de Mizuki prend forme de manière fort théâtrale mais tellement efficace, qu'on ne peut qu'être fascinée par l'intelligence de la jeune femme et touché également par la profondeur de ses sentiments pour son amie qu'elle veut à tout prix venger. Alors non, ce n'est pas juste, ce n'est pas bien, mais ça fait tellement de bien de voir quelqu'un se jouer du système obtenir la justice qu'il n'aurait pas eu autrement.

J'ai ainsi beaucoup aimé la mise en scène de l'ensemble de ce tome, avec ses changements de rythme en fonction des actes de la pièce. J'avais peur de débordement, ce fut fait avec une froide efficacité. J'avais peur que l'autrice nous sorte une histoire totalement improbable et simplifiée comme dans Mon mari dort dans le congélateur, mais non. Même si on reste assez incrédule face à tout cela, l'autrice n'a pas choisi la voie de la facilité et assume la noirceur de son récit jusqu'au bout, jusque dans le moindre détail. Ça fait mal mais c'est une bonne douleur.

En bref

Je n'attendais rien de cette courte série choc, je suis donc la première surprise de ses qualités. Voilà le genre de thriller percutant que j'aime, où le propos est maîtrisé de bout en bout et où les ficelles du genre sont utilisées à bon escient avec un message clair tout du long qui vient nous achever. La critique faite du système judiciaire japonais est pertinent et doit être entendu. On ne peut pas laisser de tels crimes impunis à cause des failles d'un système. Quelque chose est à revoir ici pour que les victimes aussi obtiennent justice après toute cette noirceur. La lumière doit triompher.

8
Adabana
Positif

Un scénario efficace de bout en bout

Une dénonciation juste des failles d'un système

Une belle noirceur qui ne tombe pas dans l'excès

Une héroïne fascinante et émouvante

Une narration soignée et prenante

Un dénouement juste

Negatif

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