Critique Wonder Rabbit Girl 4

Souvenez-vous, lors de notre critique du troisième tome de Wonder Rabbit Girl, nous caractérisions ce dernier comme un hentai sans fond. Se détachant bien trop des deux premiers tomes qui, eux, avaient une histoire, une trame avec un potentiel, la rupture a été effectuée au profit de la vulgarité pure qui, jusque alors, servait l'avancée de l'intrigue. Ce quatrième tome poursuit sur cette triste lancée, malheureusement, la grossièreté ayant totalement englouti la sensualité qui pouvait résulter de certaines pages.

Rei continue son enquête qui est, rappelons le, de trouver qui est la fameuse « Wonder Rabbit Girl », source du mal qui ronge et hante son frère jumeau. La chose mérite d'être rappelée car, nous perdant au milieu de toute cette semence pré-séminale, le lecteur peut vite oublier qu'il y a une histoire, en enjeu derrière tout cela. Même si dès le début Rei manque de peu de se faire démasquer, ou du moins l'est mais cela ne s'ébruite pas, il n'y a aucun rebondissement lors de ce tome. Le prétexte du « il faut cinq signatures de filles » mené au « il faut faire jouir cinq filles » (excusez-nous du terme) est d'une affligeante banalité, témoignage d'un manque certain de subtilité.

Du reste, s'il était vrai que l'imagination des jeunes demoiselles semblait encore plus débordante avec le faux casting et la "tea party" d'Alice au Pays des Merveilles, et que la richesse des décors qui nous sont offerts donnait davantage de matière à l'histoire, là encore c'est un revirement de style consternant. Les scènes de sexe ne sont que des scènes de sexe, plates et inintéressantes, contrairement aux héroïnes bien trop sexualisées en toutes circonstances.

Après la lecture du premier tome, nous disions ceci : « Le traitement du sujet du fantasme se traduit ici par une représentation figurée des émotions internes des personnages, ce qui nous permet de visualiser la nature la plus basse de l'Homme, et par là même ce qui nous lie les uns aux autres. » Nous maintenons ces propos car ils sont tellement prédominants maintenant que nous ne pouvons y voir que cela tant nous fermons l'oeuvre dégoutés de la bassesse humaine (tant des personnages que du mangaka). En revanche, nous avions également affirmé cela : « Même si parfois nous pouvons avoir le sentiment que certains fantasmes soient capillotractés, nous pouvons en revanche penser que cette oeuvre n'insiste pas assez sur son côté "vulgaire", qu'elle s'auto-censure et c'est sûrement ce qui lui manque pour exploiter pleinement son potentiel et s'assumer en tant que tel. » Comme nous regrettons ces propos ! Si la critique avait été japonaise, nous aurions eu une once de doute quant au possible fait que l'auteur ait tenu rigueur de ces conseils. Plus sérieusement, certes, le côté dit vulgaire devait être pleinement exploité. Mais, ici, il n'est plus exploité. In fine, il n'y a plus rien à exploiter, et on creuse encore, ce qui donne de la vulgarité dans ce qu'elle a de plus neutre et donc sans intérêt aucun.

Nos mots sont durs avec cette œuvre que nous suivons depuis le début et dont nous attendons à chaque fois les prochains chapitres. Mais si la couleur avait été annoncée dès le début, alors oui nous aurions jugé le manga comme nous aurions jugé n'importe quel hentai. Or, comme un semblant de scénario a tenté de s'installer, comme le caractère sexuel était simplement deviné, déterminable et non déterminé, nous avons l'ignoble sentiment que l'auteur s'est moqué de nous, ou alors, passez-nous le jeu de mot, qu'il a dérapé et s'est enfoncé dans cet aspect en même temps que ces personnages.

Ashitaka

Lecteur de mangas depuis mon plus jeune âge. Certains ont grandi avec Disney, moi ce fut avec Ghibli !
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