Critique Minori no te 1

C'est durant cet été qu'on a vu débarquer la talentueuse Scarlet Beriko avec la parution simultanée de deux de ses titres, Jackass! et Minori no te, dans le catalogue des éditions Taifu. Si la lecture de Jackass! ,avec laquelle je découvrais le travail de l'artiste, fut un véritable coup de cœur, ce ne fut pas tout à fait le cas avec Minori no te. Si je n'avais pas reconnu la patte graphique de la manga, j'aurai éprouvé quelques difficultés à comprendre qu'il s'agisse là de la même mangaka aux commandes du récit. J'exagère un petit peu mais je n'ai pratiquement rien retrouvé de ce qui m'avait tant plu dans Jackass!, on ne retrouve ni sa sensibilité ni son talent pour véhiculer des émotions fortes et encore moins celui de nous faire vivre un récit fort avec humour. Cela dit Minori no te étant l'un des premiers titres de Scarlet Beriko, on se rend au moins compte à quel point elle est devenue talentueuse au fil de ses créations et donc on se montre tout de même plus indulgent ici.

"Vous n'arrivez plus à bouger, n'est ce pas? J'ai juste pincé vos muscles de façon à ce qu'ils ne vous obéissent plus pendant un petit moment."

Minori Shigemori est un ostéopathe qui a tout pour lui.
Jeune, beau et talentueux, il attire toutes sortes de personnes qui espèrent bénéficier de ses dons de masseur pour se relaxer et retrouver leur énergie. Capable de soigner aussi bien le corps que le cœur de ses clients, Minori reste pourtant un homme blessé qui semble poursuivi par des souvenirs passés..

"Beaucoup de scènes explicites pour très peu d'émotion, un bien mauvais calcul..."

On débute la lecture par deux chapitres qui n'ont que bien peu d'intérêt en compagnie du Docteur Minori qui profite de ses talents d'ostéopathe pour faire des choses très douteuses à ses patients autrement dit des attouchements non consentis et même un peu plus. Même lorsqu'on découvre par la suite son histoire, on ne peut s'empêcher de trouver l'introduction de ce personnage terriblement mal amenée. Il y avait moyen de faire milles fois mieux, je ne suis pas contre la présence de scènes explicites bien  au contraire mais il ne faut pas qu'elles soient utilisées à mauvais escient surtout quand le personnage principal est difficilement accessible. L'idée en soi n'est pas mauvaise puisque si on enlève les scènes de sexe inutiles et qu'à la place on laisse subtilement transparaitre les sentiments de tristesse et de détresse du Docteur Minori, l'ensemble aurait largement gagné en émotion et surtout le personnage aurait réussi à titiller notre curiosité au lieu de nous donner l'impression d'avoir affaire à un pervers manipulateur assez détestable. Ce n'est qu'à la fin de ces quelques pénibles pages qu'on commence à comprendre où l'auteur veut en venir exactement.

On constate alors une grande amélioration avec l'arrivé du personnage de Sota qui contrairement à Minori semble déjà plus intéressant car plus sincère et moins froid. Cela dit, l'auteur tourne encore un petit peu autour du pot avec une troisième scène de sexe non consentie avec un Minori qui ne nous parle toujours pas. Je ne vois comment il est possible d'être aussi peu expressif et impassible lorsqu'on retrouve celui qu'on aime après des années de séparation et qui plus est si on se met à toucher son corps, ce n'est pas très crédible ou alors le personnage de Minori est vraiment très tordu mais je ne vois pas en quoi cela sert le récit. Le début du chapitre suivant nous joue exactement le même refrain sauf que les paroles de Sota commence doucement à chambouler Minori même si à ce stade ce n'est pas encore très convaincant à nos yeux. Le récit s'ouvre enfin sur un flash back où on découvre une toute petite partie de leur passé commun qui met en scène une relation amoureuse forte entre Sota et Minori que l'on trouve pour la première fois assez touchant. J'ai véritablement apprécié ce moment où de retour à la réalité on découvre le fin mot concernant l'épreuve qui les a séparé et plus précisément la façon dont Sota est aller de l'avant et la force de ses sentiments envers Minori. Ce dernier réagit enfin aux paroles de celui qu'il aime et on assiste à des retrouvailles très chaleureuses. Vous l'aurez compris, il y a donc énormément de scène de sexe et il y a pratiquement que ça pour être honnête mais c'est beaucoup plus agréable une fois que les cœurs se soient libérés et de nouveau unis. On termine donc sur une bonne note malgré un début/ milieu de récit assez pauvre.

Enfin, on aura le droit à une petite histoire bonus intitulée "le bonheur format B4" qui fait un peu près une quinzaine de pages. Si on m'avait dit un jour qu'un récit parviendrai à me faire ressentir un petit coup de cœur en l'espace de si peu de page, je ne l'aurai pas cru. J'aurai du coup préféré que l'histoire principal prenne moins de place afin de passer un peu plus de temps avec Rikka et son adorable homme à tout faire. J'ai retrouvé la sensibilité de l'artiste qui m'avait tant séduite à la lecture de jackass! dans cette petite histoire aussi attendrissante que drôle. Elle a un don pour véhiculer de belles choses à partir d'une situation précise. So cute!

Contrairement au récit qui se révèle assez maladroit et peu parlant, on reconnait bien le très beau coup de crayon de la mangaka. Malgré le même d'émotion durant une très longue partie du tome, elle tout de même parvenue à faire naître quelques belles expressions une fois les sentiments des deux personnages sur la même longueur d'onde. Scarlet Beriko laisse entrevoir son don pour rendre les scènes de sexe délicieusement torrides à la fin du récit. J'apprécie également beaucoup le soin qu'elle a apporté aux dessins de son histoire bonus où elle a su faire ressortir le côté adorable de ses protagonistes.   

snoopy

Lectrice assidue et dévoreuse de mangas à plein temps. Collectionneuse dans l'âme, jamais rassasiée au grand désespoir de mes proches.
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