La semaine dernière, nous avons évoqué les adaptations de nos mangas favoris en films live par Hollywood et des problèmes qu’ils entrainent auprès du public. Aujourd’hui, pourquoi ne pas logiquement parler des adaptations et ceux qui les font, mais dans leur pays d’origine ? L’adaptation en film live est un pan extrêmement important de la culture cinématographique japonaise, qui a en partie les mêmes soucis que les adaptations US.
Si l’on devait compter, rien que sur une année, le nombre d’adaptations sorties dans les salles obscures japonaises, on en aurait pour un bon moment. Pour poser les bases, prenons l'année 2017 complète avec une liste exhaustive d'adaptations de mangas, on va dire, connus : Gintama, Tokyo Ghoul, ReLife, Love and Lies, Jojo's Diamond Is Unbreakable, March Comes In Like a Lion, Full Metal Alchemist, Blade of the Immortal... Sans compter les innombrables dramas, les Japonais pouvaient se faire une année rythmée par les adaptations dans les salles obscures.
Vu qu'il y en a beaucoup, il y a de tout : du bon et du nanardesque bien sûr. LE problème majeur qui lie les adaptations US aux adaptations japonaise : la qualité. Passer des cases au monde réel entraine de nombreux problèmes techniques et scénaristiques, c'est logique. Et les fans l'ont souvent noté sur plusieurs adaptations qui ne marchent pas avec des vrais acteurs, avec des vrais décors ou beaucoup d'effets spéciaux : le rendu n'est jamais assez proche pour satisfaire les fans nippons, qui sont tout aussi (voire plus) exigeants que les fans occidentaux.
Le diptyque Attack on Titan, qui a beaucoup divisé le public à sa sortie, est un exemple d'adaptation japonaise qui rate le coche bien comme il faut. Des titans en CGI qui piquent fortement les yeux, des acteurs en sous-régime, une réalisation qui n'est jamais à la hauteur des exploits visuels de l'animé. En ratant une adaptation d'un manga aussi mondialement populaire qu'Attack on Titan, la vague de retours négatifs provient évidemment des quatre coins de la planète. Et il n'est pas le seul à avoir bidé bien comme il faut, il est accompagné par l'aberrante trilogie Death Note (tiens, comme on se retrouve), Terraformars, Judge ou Tokyo Ghoul...
Pourtant, malgré ces bides a l'écho exceptionnel, les grands cinéastes japonais se tournent toujours vers l'adaptation de mangas, comme si c'était le terreau fertile de la création cinématographique au Japon. Un exemple majeur du monde de l'adaptation live, qui est aussi une légende du cinéma japonais tout court, c'est Mr. Takashi Miike.
Cinéaste considéré comme l'un des plus productifs au monde (il peut faire plus de 3 voire 4 films par an), le réalisateur a, depuis 25 ans, mis l'adaptation au coeur de sa faste carrière. On lui doit notamment l'ultra-violent Ichi The Killer, le diptyque culte Crows Zero, Lesson Of The Evil, Terraformars, Jojo's Diamond Is Unbrekable ou encore Blade of the Immortal. Il s'est aussi essayé à l'adaptation de jeu vidéo , avec Phoenix Wright et Yakuza (qui sont d'ailleurs deux bons films).
Il y a d'autres noms comme Sono Sion et son Tokyo Tribe, Air Doll et Notre Petite Soeur du récent vainqueur de la Palme d'Or Hirokazu Kore-Eda... Des cinéastes réputés et reconnus mondialement, mais le point commun de ces films : ce sont des adaptations de seinen. Ces histoires matures, plus tournées vers le thriller ou la comédie dramatique, semblent plus simples à adapter en film live qu'un shonen comme Attack on Titan.
Je n'ai pas pu parler de TOUTES les adaptations existantes, il faudrait commencer l'écriture d'un roman pour ça. Mais j'ai pu constater que ce soit au Japon ou ailleurs, les fans de mangas savent qu'une adaptation de manga, qu'importe le pays, est rarement un succès. Aux Etats-Unis, il y a un problème de respect et d'intention. Au Japon, il y a un problème de qualité. Au final, cette plongée dans le cinéma live d'animé me donne l'impression qu'il est impossible de réaliser une grande adaptation de manga en film live... Sauf peut-être quand on s'appelle Park-Chan Wook et qu'on est le réalisateur du formidable Old Boy, alors...
Sources:
Allociné ; SensCritique ; CinéAsie ; NerdTrip.