8 décembre 2017. Un trailer apparait sur Internet, 1 minutes 50 qui allait créer une mini-polémique. L’auteur du méfait : Alita Battle Angel. Sous ce nom, on peut croire que c’est un simple film de SF. Mais la réalité est plus sombre… Cette Alita est plus connue en France sous le nom de Gally, et c’est la cyborg guerrière du manga Gunmm.
Produit par le grand James Cameron et réalisé par le talentueux Robert Rodriguez, l’Internet s’est déchainé sur cette superproduction au budget de 200 millions de dollars (oui, 200 millions) : l’affaire des gros yeux, le choix de l’actrice Rosa Salazar pour interpréter Gally ou encore la simple et naturelle crainte d’un nouveau Dragon Ball Evolution, véritable drame des adaptations US de mangas.
Ces questions, ces polémiques, c’est l’apanage des adaptations de mangas par les studios américains. À chaque annonce d’un projet par un studio américain, c’est un déferlement de craintes en tout genres : le problème du whitewashing, le problème de l’appropriation culturelle, ou encore la peur de voir son œuvre favorite souillée par des producteurs et des artistes sans vergogne et sans honte…
La plus grosse crainte des fans de ces mangas adaptés, c’est de voir un manga d’excellente qualité se faire briser en deux, perdre tout son sens au profit d’une production pour tout public aseptisée ou d’un film gore, stupide et incohérent. Cette définition peu flatteuse, elle est adressée au récent Death Note de Netflix.
Réalisé par le jeune cinéaste Adam Wingard, cette adaptation de Death Note est une bien belle sortie de route. Teen movie aseptisé mais décent pour un téléfilm du dimanche après-midi, le long-métrage a reçu une attaque très violente venant des réseaux sociaux et du public en général. Pourtant, Netflix a récemment annoncé la triste production d’une suite…
Un retour de bâton qui ne fait donc pas peur à Netflix, qui décide de tranquillement s’imaginer pouvoir produire une série live One Piece. Sérieusement, une série en live action US de One Piece ? C’est le premier pas vers un incident diplomatique et culturel. La plateforme de streaming ultra-populaire va essayer de devenir leader de ces adaptations en live-action, quitte à prendre des risques.
En plus de la crainte du broyeur qu’est l’adaptation par Hollywood, il y a aussi le problème du choix des comédiens et du whitewashing typique d’Hollywood. Des cas comme le choix de Rosa Salazar sur le film Gunmm a fait un peu polémique, Scarlett Johansson pour le major Kusanagi dans Ghost In The Shell ou l’intégralité du casting de Dragon Ball Evolution.
Deux choix à problèmes, avec d’un côté une actrice ultra-populaire pour porter un film de SF qui se voulait sérieux (mais qui, au final, est juste techniquement beau), mais plus de bonne volonté au niveau de ses personnages secondaires. Par contre, Dragon Ball Evolution, c’est une transposition honteuse des personnages en mode High School Musical, et un irrespect complet de l’œuvre originale. Whitewashing ehonté mixé à un film d’une qualité minable donne l’oeuvre la plus abjecte des adaptations US de manga.
Au cours de ce papier, je n’ai fait que présenter et démolir ces adaptations souvent manquées. Mais est-ce qu’il existe, finalement, une adaptation réussie ? On peut citer Crying Freeman de Christophe Gans, même si l'exemple n'est pas récent. Adapté du manga du dessinateur Ikegami Ryoichi et du scénariste Koike Kazuo, le film a reçu un accueil public et critique très positif lors de sa sortie en 1996. Et c'est une adaptation dans le vrai sens du terme : le film respecte le manga et suit sa trame, en s'offrant quelques libertés pour ne pas être un simple copié-collé. Libertés qui ne dénaturent jamais l'oeuvre.
Crying Freemann n'est une seule oeuvre face aux nombreux affronts que nous proposent les gros studios d'Hollywood, mais il ne faut pas oublier que le cinéma japonais propose énormément d'adaptations de mangas et d'animés en film live. Et c'est encore pire comme constrate : ça va des petits chefs d'oeuvres aux navets plus que désolants... Mais ce sujet, ça mérite un papier en soi.
Sources:
9ème Art ; Journal du Geek ; Allociné ; Metropolitan Film Export ; Paramount Pictures ; Netflix ; Youtube.