Critique Moriarty the Patriot 1

Le récit d'un combat, l'illusion du manichéisme, les torts du pouvoir... Voici ce que nous propose Moriarty The Patriot, une série de Takeuchi Ryôsuke et Miyoshi Hikaru, d'après l'œuvre de Conan Doyle « Les Aventures de Sherlock Holmes ».


Albert James Moriarty, le fils héritier de la famille Moriaty, adopte deux prodigieux orphelins et leur donne toit, pouvoir, argent et titres... Les deux frères deviennent alors William James Moriarty et Louis James Moriarty. Tous trois ensembles, dégoûtés par la société actuelle et par le système de castes sociales qui placent une minorité, les nobles, en haut de l'humanité, vont alors se battre pour un monde meilleur. Pour cela, ils châtieront eux-même les méritants, en commençant par la famille Moriarty elle-même... De là commence un combat sans fin que les trois frères vont mener, quitte à en perdre leur humanité...


Pas besoin d'avoir lu les 60 romans et nouvelles constituant la série des « Aventures de Sherlock Holmes » pour apprécier ce manga, je vous rassure. J'en suis le parfait exemple. Ceci dit, si je n'ai pas lu les classiques du genre, j'aime tout particulièrement les histoires de révoltes, révolutions et autres batailles visant à renverser le système en place ; surtout lorsque celles-ci se déroulent au XIXe siècle dans l'Empire Britannique. Ici encore, je n'ai pas été déçu. J'ai trouvé ce récit illustré, mettant en scène l'ennemi de Sherlock Holmes, particulièrement pertinent et palpitant ; bien que son potentiel ne soit pas encore totalement exploité...


A chaque chapitre son châtiment !
Passée l'introduction et l'ellipse entre l'âge enfant et adulte des protagonistes, l'intrigue évolue par étape. Une situation nous est présentée, puis un personnage, tout de suite reconnu par les lecteurs comme l'homme à abattre, est introduit. Souvent en un unique chapitre, l'histoire de cet antagoniste et surtout les vices qu'il commet nous sont racontés ou illustrés ; puis le génie et « consultant du crime » comme Moriarty se définit, le châtie par la mort. C'est simple et efficace, même si c'est un procédé de moins en moins utilisé, due à la difficulté qu'il engendre pour développer rapidement un scénario (Je te vois, Detective Conan). Personnellement, j'ai trouvé que cela apportait un bon rythme à ce tome, mais c'est aussi ce qui me pousse à dire que le potentiel du récit n'est pas exploité au mieux, et on est en droit de se demander comment, et surtout en combien de temps, l'intrigue va évoluer...


Pas de demi-mesure chez les châtiés !
La série me donnera probablement tort lors des prochains volumes, mais pour le moment, les représentants de la classe supérieure, les nobles, sont uniquement montrés comme vils, sournois, égoïstes, bons à rien si ce n'est à s'empiffrer, minables ; bref de bêtes « méchants ». Etonnant pour un manga qui se veut anti-manichéen. L'histoire débute juste, et seulement très peu de ces antagonistes nous ont été montré ; j'espère cependant que le récit se renouvellera vite, et nous offrira plus de réflexion dans ses « meurtres déguisés ».


Pour finir, un mot sur la forme :
Les dessins sont techniquement très bons, et transmettent facilement les émotions comme l'effroi, la haine ou la peur. C'est agréable à l'oeil, et le style semi-réaliste de Miyoshi Hikaru est assez prononcé. Niveau édition, c'est tout aussi bon, comme on en a l'habitude avec Kana. La traduction est réalisée par Patrick Honnoré, tandis que l'adaptation graphique est entre les mains de Eric Montésinos, que nous connaissons déjà pour son très bon travail sur de nombreux titres de l'éditeur.

P'tit Citron

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