Critique No control 1

Et s'il existait une divinité capable d'exaucer n'importe lequel de vos vœux en échange d'une contrepartie ? C'est sans y croire vraiment qu'Aki prononce la formule... pour découvrir qu'elle fonctionne bel et bien, mais pas tout fait comme prévu ! En émettant le souhait de se rapprocher de son amie d'enfance, le jeune homme va en effet vraiment pouvoir s'en rapprocher... et pas seulement physiquement. Subaru n'est en effet clairement pas la riche héritière modèle qu'elle se donne un mal fou à incarner...

Le sous-titre « you are obscene my queen » sur la couverture n'était pas là pour faire joli : vous vous en doutez, avec une accroche de scénario aussi loufoque, il était inévitable que la situation dérape. Sauf que pour une fois, ce n'est pas le héros qui endosse le rôle du pervers incapable de maîtriser ses pulsions... mais on découvre rapidement que l'omniprésence du sexe dans le scénario n'est pas là comme ressort comique.

Un titre plus mature qu'escompté

Alors oui, Subaru est une grosse obsédée et si le truc est bien bourré d'érotisme (tout en restant soft hein, on n'est pas non plus dans un hentai, tout est gentiment censuré), les passages qui pourraient faire sourire sont presque immédiatement occultés par... tout le reste. C'est l'histoire de deux jeunes qui s'aiment et qui se retrouvent confrontés à une situation les obligeant à maîtriser et surtout à assumer leurs désirs, mais pas que. La série traite aussi de la pression qu'ils se sont mis dans leurs études pour essayer de combler le gouffre social les séparant ; de la nécessité de « rentrer dans le moule » de la société, ou de se conformer aux attentes familiales. En ce sens, la « malédiction » qui frappe Subaru tombe à pic : elle ne la transforme pas soudainement en perverse, mais fait simplement sauter les verrous mentaux que la jeune fille s'impose en temps normal, lui permettant d'abandonner tout masque devant Aki, quitte à en avoir honte après. D'un côté, on a donc une demoiselle bien-comme-il-faut s'efforçant en permanence d'être à la hauteur, aussi bien pour les autres que pour elle-même ; de l'autre, un garçon atteint d'un fort complexe d'infériorité et ayant le sentiment de ne pas « mériter » la jeune fille. A eux deux, ils explorent la palette complète du manque de confiance en soi !

No Control est donc moins une comédie qu'un drame ; même si les situations dans lesquelles les deux jeunes gens se retrouvent restent drôles, l'ambiance s'avère franchement pesante, à des années-lumière de la comédie légère et coquine à laquelle on pouvait s'attendre. Et surtout, le titre se veut clairement plus sérieux et intelligent que son résumé le laissait penser. L'avalanche de sexe partout, tout le temps n'est pas gratuite, mais au service de l'histoire ; jolie romance contrariée à laquelle une divinité facétieuse donne un petit coup de pouce. En ce sens, on pourrait comparer le titre à Nozokiana ou La fille de la plage, où le sexe n'était, là encore, qu'un outil au service de l'histoire. Alors oui, No Control est beaucoup moins abouti que les deux titres précités. Reste qu'il a plus en commun avec eux qu'avec un titre purement récréatif. Mais bon, c'est du Lynn Okamoto quand même, donc est-ce si étonnant ?

Visuellement par contre, le trait de Mengo Yokoyari est, il faut l'avouer, d'une banalité affligeante. C'est pas que c'est moche, mais... c'est propre, et c'est tout. Subaru comme Aki manquent en plus franchement de charisme, alors même que la jeune fille est censée être une véritable déesse sortant nettement du lot. No Control ne sera clairement pas un titre qu'on lira pour ses graphismes. Dommage, la couverture était plutôt attirante.

Côté édition, Delcourt-Tonkam a fait un très joli boulot. Le papier est suffisamment épais, le tome ni trop souple ni trop rigide, la reliure correcte, l'impression nickel, zéro coquille et une page couleur et début de tome. Que demander de plus ?

Pois0n

http://twitter.com/Svetlana_Mori Auteur de romance fantasy et paranormal romance. Photographe amateur, amoureux de musique hardstyle, gameur, dolleur, ayant vendu son âme à Domino's pizza.
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