Critique Happiness 2

HAPPINESS tome 2 renforce le mystère du scénario. Comme de coutumes Shuzo Oshimi dissémine les pièces du puzzle au compte-gouttes. Il centre la caméra sur les personnages et l’ambiance, et laisse soin au lecteur d’interpréter à sa manière, de spéculer.


La déchéance de Makoto se poursuit lentement. Ses pouvoirs se développent à son insu, il en a conscience mais cela le terrifie, même si l’on ressent parfois une pointe d’excitation.  Son entourage scolaire évolue également. Ses dernières actions ont amené certaines personnes à le considérer différemment. Yûki principalement -accompagné de sa copine Nao- décide d’en faire un copain. Lui, le persécuté de la veille devient le héros de demain. Le lecteur est méfiant, il a du mal à croire à ce revirement de situation. Notre petite voix se révolte contre Makoto qui pardonne tout et accepte tout, contre son gré ou pas. Certes, on devine son besoin d’être accepté, comme n’importe quel ado de son âge mais il ne faudrait pas pour autant faire table rase du passé. Il a oublié l’ami d’hier Nanudo, il a mis de côté son unique soutien jusqu’à présent et n’a pas forcément le bon comportement avec Yukiko, la jeune fille qui essaie de se forger une place spéciale dans sa vie. Cela ne me plaît pas. Mon regard s’est donc naturellement porté sur Yukiko qui intrigue. Elle est timide en public, parfois maladroite et le visage un peu triste mais elle apparait finalement la personne la plus fiable et la plus dévouée de toutes.


A la fin du tome 1, Makoto volait littéralement dans les airs pour venir en aide à Yûki. Ce sauvetage impromptu va signer sa fin ici. Au milieu de ce tome, il tombe dans un guet-apens (une trahison qui lui pendait au nez, on aurait presque envie de souffler bien fait !) et devient la cible d’une haine exacerbée. Des coups, du sang, des cris, il hurle sa douleur sans trouver la solution pour se défendre quand logiquement sa transformation opère. Il montre les « crocs » et attaque. Son corps se mue en une sorte de goule incontrôlable, la mise en scène fait comprendre au lecteur que son âme humaine vient d’être brisée. Puis, apparaît un autre jeune homme pieds nus, le t-shirt et le visage couverts de sang. Tout bascule de mal en pire. Makoto devient témoin d’un massacre, puis plus rien.


Le soleil à nouveau, puis la lune, pleine et lumineuse. Il est apparemment temps pour Makoto d’accepter sa nouvelle condition. Reste à savoir ce qu’elle est exactement. Du genre vampire selon toute vraisemblance.


Le lecteur a faim de réponses et peut-être de sang. D’autant que, comme d’habitude avec Oshimi, on est frustré à la fin. L’auteur ne s’attarde jamais dans des textes à rallonge, il mise principalement sur le ressenti. L’atmosphère, le silence. Sur les expressions de ses personnages. Son trait n’est pas du genre contemplatif, il est « Immersif ». Il nous plonge dans le livre à la manière d’un film. Ou d’un tableau qui prendrait vie. Toutes les scènes relatives à la métamorphose de Makoto m’ont rappelé La nuit Etoilée de Van Gogh ou Le Cri de Munch. Tout est très « Expressionniste » ! On provoque des émotions, on fait surgir ce qui est sombre et caché non pas avec des mots mais avec des images. Le problème c’est qu’il ne reste pas grand-chose à lire et forcément un tome ne suffit pas à satisfaire notre appétit. Vite, la suite !

KssioP

Continuellement l'esprit ouvert, je n'exclue aucun genre si ce n'est peut-être le genre guimauve ou Arlequin. J'aime cependant ce qui est différent, ce qui surprend. Rêveuse dans l'âme et aventurière chevronnée avec une manette en main, ma table de chevet se couvre de mangas, de romans, de cd's et d'une feuille de papier. Et bien souvent aussi d'un biscuit accompagné d'un thé car lire c'est certes bien mais avec confort et gourmandise c'est juste parfait.
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