Critique Le bonheur c’est simple comme un bento de Yuzu 2

Critique de la série

LE BONHEUR C’EST SIMPLE COMME UN BENTO DE YUZU ne ment pas. C’est du bonheur dans une petite boîte garnie de très bonnes choses. J’étais dubitative concernant ce titre, la couverture m‘apparaissait très enfantine même si je n’ai rien contre les livres pour enfants. Le résumé ne m’attirait pas plus que cela, je craignais de tomber sur une succession de recettes à bento mais finalement quand j’ai vu qu’il n’y avait que deux tomes, j’ai foncé. Pour le meilleur, je vous l’assure. Cette série est pour moi un Coup de Cœur, aucune fausse note, un pur moment de détente et de plaisir que je vais tenter de vous partager.

C’est l’histoire d’un tout petit bout de femme nommée Yuzu. Tel l’agrume asiatique, elle est pleine d’énergie et de vivacité. C’est un concentré de vitamines qu’on aimerait bien avoir sous la main dès qu’on se sent fatigué. Avec sa mamie et son chien Cookie, elle vit dans une maison traditionnelle en hauteur de Mugi, un village de bord de mer un peu hors du temps. Les gens qui y vivent sont simples et toujours de bonne volonté. La nature environnante est préservée, c’est un havre de paix, plus chouette qu’un paysage de carte postale où personnellement j’aimerais bien me balader. Sa maison sert aussi de boutique connue principalement des habitués. Une boutique de Bento, le rêve de Yuzu. Le bouche à oreille lui envoie toutes sortes de gens, le hasard aussi. Yuzu a la réputation de faire le bento idéal et de remonter le moral. Plus efficace qu’une séance de psychanalyse Yuzu fait mouche à tous les coups. Avec un naturel déconcertant et une insouciance qui donne risette, elle accueille ses clients (volontaires ou non) d’un coup de boule succinct avant de courir dans sa cuisine préparer le repas. Sous le regard bienveillant de sa mamie qui sourire aux lèvres tape la discute en attendant. Les bentos même en dessin donnent sacrément faim, on bave en rêvant d’y goûter. D’autant que, dès la première bouchée, il fait son effet. Comme par magie la mémoire se réveille. Celui qui déguste replonge brusquement dans le passé et revit une scène très importante de sa vie, un moment qui est la solution actuelle de ses soucis.

Ainsi on fait la connaissance d’un vieux mari un peu bourru qui ne trouve pas le courage de dire merci à sa femme pour toutes ces années de vie à deux. Puis, d’une adolescente qui ignore comment se faire des amis. Une femme très attachée à son père a bien du mal à avouer ses fiançailles. Un jeune homme galère et désespère d’un jour réussir à devenir acteur. Enfin, dans le tome 1, un môme accompagné de son chien trop vieux touche nos cordes sensibles, pour peu qu’on apprécie un peu les animaux.

Umetaro Aoi a un truc pour raconter les histoires les plus simples et faire qu’on soit dedans tout de suite. Son style graphique très mignon mais abouti (attardez-vous deux secondes sur la tenue de Yuzu et osez dire que c’est pas détaillé) y est pour beaucoup. On n’a pas forcément besoin de dialogues pour capter l’émotion que l’autrice souhaite véhiculer. Les regards des personnages, leurs mimiques, leur attitude parlent à notre cœur bien avant notre tête. Même Cookie qui a un design des plus épurés transmet une émotion par sa simple présence. D’ailleurs, une histoire entière lui est consacré dans le tome 2. Une très bonne idée, U.Aoi change de point de vue et c’est Cookie qui nous parle. Un chapitre qui devrait être lu dans toutes les écoles pour sensibiliser les enfants qui désirent un animal de compagnie.

Quand on nous parle du passé de Yuzu, on a grand peine pour elle. La vie ne l’a pas épargnée, pourtant cette gamine est une leçon de vie à elle toute seule. La fin du tome 2 m’aurait presque fait chialer tant la sagacité, la sagesse et la volonté d’aller de l’avant en retenant que les meilleurs moments semblent posséder Yuzu. Son sourire plein de larmes fait palpiter le cœur, bravo Madame la créatrice. Le tome 1 était très bon mais le tome 2 est meilleur. Yuzu n’est plus seule, sa cousine éloignée Anzu vient s’ajouter à l’équation. Pour le meilleur, les relations humaines sont décrites à la perfection (oui, je n’ai pas peur d’utiliser ce mot ici)

Toujours dans la bonne humeur, toujours dans l’envie de bien faire et de rendre heureux les gens qui l’entourent (anonymes ou pas), Yuzu nous entraîne dans son quotidien des plus simples. Elle ne vit pas de grandes aventures, oubliés l’action et les effets spéciaux ou les rebondissements hallucinants, ici on se contente de vivre la vie comme elle est. Et de l’apprécier à sa juste valeur. Il y a beaucoup de poésie et de philosophie à travers les chapitres d’Umetaro Aoi.  Pas de conflits, on est 100% optimistes et vrais et on ressort avec une pêche de notre lecture qui fait du bien. Yuzu a beau être un personnage fictif, on finit par croire qu’elle existe et que si un jour on se perd dans le village de Mugi, on finira par tomber sur une maison en haut de la colline d’où sortira une petite fille mignonne avec un yuzu brodé sur son tablier.

Merci Nobi Nobi pour la découverte. L’édition est plutôt de bonne facture, le papier est plus fin que d’autres titres de leur collection mais il rend le livre plus souple, perso ça me va. Enfin, les plus gourmands seront contents de voir qu’à la fin des deux tomes se trouvent en bonus des recettes détaillées en couleurs. Alors, à vos baguettes !


KssioP

Continuellement l'esprit ouvert, je n'exclue aucun genre si ce n'est peut-être le genre guimauve ou Arlequin. J'aime cependant ce qui est différent, ce qui surprend. Rêveuse dans l'âme et aventurière chevronnée avec une manette en main, ma table de chevet se couvre de mangas, de romans, de cd's et d'une feuille de papier. Et bien souvent aussi d'un biscuit accompagné d'un thé car lire c'est certes bien mais avec confort et gourmandise c'est juste parfait.
Commentaires (0)