Critique Destins parallèles 1

 

Destins Parallèles –version lui.

Yukichi Horikawa, un étudiant tout à fait ordinaire qui se prend pour un gars extraordinaire. 2ème année en faculté des sciences humaines à Rakuhoku et membre à part entière d’un club de randonnées. On ne parvient pas immédiatement à l’apprécier. Ses pensées sont décousues, désordonnées, j’ai eu du mal au début à comprendre de quoi il nous parlait et surtout du ton qu’il employait. Ironique ou premier degré, on aurait préféré le second degré. On vit son quotidien émotionnel et physique et ce qui est sûr c’est qu’on ne l’envie pas tout en étant indifférent de son cas. Yukichi a un mode de pensée très particulier. Il juge les gens avec médiocrité, passe son temps à les critiquer, les rabaisser.  Il est persuadé de leur être supérieur, d’être l’égal d’un génie, tous les autres à côté sont des imbéciles, des débiles. J’ai rarement vu un gars aussi antipathique dans un manga censé parler d‘histoire d’amour. Il se dit lui-même « auto-suffisant ». C’est en soi bien de le reconnaître mais il serait bon pour lui de gagner en sagesse afin d’éviter le retour de bâton. Ah, l’auteur me chuchote à l’oreille que c’est trop tard, la claque a été reçue et ça fait mal.

Il pensait avoir un ami, faux ! On a feint d’être son ami car personne ne voudrait être l’ami de quelqu’un d’aussi médisant. Surtout si l’on a compris depuis longtemps que Yukichi était lui-même un idiot qui ment pour faire bonne figure. Ces défauts qu’il trouve au quotidien chez les autres si détestables sont en réalité les siens. Yukichi avait en effet un brillant avenir, l’opportunité d’entrer dans la prestigieuse fac de Tôkyô mais le stress l’a dévoré lors des examens et il a échoué. Il aurait pu tourner la page ou recommencer sauf qu’il a trouvé plus facile de mentir. De se mentir à lui-même et de modeler son histoire en une jolie romance. Yukichi nous fait croire qu’il a refusé Tôdai pour les beaux yeux d’Hinata, une fille très populaire d’un an son aînée. Yukichi est en fait comme tous les mecs de son âge, accro à une fille. Une fille qu’il poursuit partout, qu’il épie en permanence. Il la veut, la désire et espère une belle déclaration tout en crachant sur ceux qui font pareils. Il est faible en face d’elle, tel un chiot à la SPA qui attend d’être adopté. Yukichi est un peu pathétique, surtout qu’il continue d’être en permanence agressif avec tout le monde. Excepté peut-être…

Au cours de ses différentes activités, il croise subrepticement une même fille, Chihiro. Leurs rencontres aléatoires et succinctes éveillent notre curiosité. Ils se percutent, se parlent, se quittent sans se connaître. Du moins de son côté à lui. Leur destin semble les ramener l’un vers l’autre. Et oh surprise, Yukichi nous apparaît humain. Sans comprendre, il baisse sa garde et craque au contact de cette charmante demoiselle. Enfin, il offre au lecteur l’opportunité de compatir et de trouver en lui des qualités. Il est mignon et attendrissant. Humble et timide pour la première fois alors on croise les doigts. On espère que son cœur amer fera le bon choix. Mais, Hinata l’hypocrite veille de loin sur son gentil chien et tient d’une main ferme sa laisse.  Yukichi risque d’être malmené dans le prochain tome.

Cette version –lui- déroute de par son héros désagréable et hautain au possible. Je n’ai pas été très emballée par ma lecture. En même temps, je reconnais être intriguée. Chihiro qu’on ne fait que croiser attire ma curiosité. C’est elle via son absence qui alimente le mystère et donne du souffle au scénario plutôt plat. Elle qui rend Yukichi sympathique et surtout elle qui nous pousse à nous poser des questions. J’ai hâte d’enchaîner sur son point de vue et de la comprendre elle.

Le style graphique de Daisuke Imai est plaisant mais pas mirobolant. Simple et épuré, il est cependant tout à fait en accord avec le cadre provincial de l’histoire. Il y a comme un air de nostalgie dans l’atmosphère, chaque personnage est identifiable et la lecture se fait naturellement.

 

KssioP

Continuellement l'esprit ouvert, je n'exclue aucun genre si ce n'est peut-être le genre guimauve ou Arlequin. J'aime cependant ce qui est différent, ce qui surprend. Rêveuse dans l'âme et aventurière chevronnée avec une manette en main, ma table de chevet se couvre de mangas, de romans, de cd's et d'une feuille de papier. Et bien souvent aussi d'un biscuit accompagné d'un thé car lire c'est certes bien mais avec confort et gourmandise c'est juste parfait.
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