Critique Le monde de Ran 1
URUMA Ran est une petite fille pas comme les autres, vivant dans une famille de magiciens... En effet, son père, bien que peu représenté dans ce tome, utilise une sorte de magie traditionnelle ; sa mère quand à elle, est de ce qu'on en sait, la maîtresse sorcière aux grands pouvoirs d'un village mystérieux... Dû à son rang, elle ne vit pas avec sa famille, et lui rend visite que peu souvent. Le père étant probablement au travail la plupart du temps, c'est le frère ainé de Ran, Jin, qui s'occupera de l'éducation de celle-ci. Nous savons que Jin peut également utiliser la magie ; ceci dit, il nous est présenté comme quelqu'un essayant de s'adapter au monde dans lequel il vit, en utilisant celle-ci le moins possible.
Nous suivrons tout au long de cette histoire, les aventures d'une petite fille aux pouvoirs étranges, vivant dans un monde rendu fade par l'innocence de celle-ci, qui à encore tout à apprendre de la vie...
Le Monde De Ran, deuxième série de IRIE Aki sortie en France, commence avec ce premier volume à la couverture charmante...
Et d'avance, j'aimerais beaucoup qu'il y ait plus de ses oeuvres publiées dans notre langue.
Décortiquons un peu cet ouvrage...
Dès l'ouverture, quelques pages illustrées nous plongent dans l'ambiance, grace à des scènes enchanteresses, dessinées de teints sombres...
Ces planches, représentant Ran en train de dormir, font déjà douter le lecteur. Il pense regarder une représentation d'un rêve, puis comprend à la dernière page de ce petit passage que ce ne l'est pas, ou que partiellement.
C'est dans cet esprit que tout le manga est dessiné ; plein de sous-entendus, de métaphores et de messages, cachés par un univers merveilleux et des histoires rafraichissantes.
J'aime particulièrement comment l'histoire vacille entre problèmes et résolutions. Je m'explique ; le personnage principal, Ran, se fixe un objectif. Elle essaye de l'accomplir et se crée des problèmes, puis y échappe. En y échappant, elle trouve une meilleure solution pour atteindre son objectif, puis se recrée des problèmes, etc... Ce schéma se répète, ce qui dynamise le récit sans devenir ennuyeux à la longue. De plus, il arrive que nous ressentions du stress ou de l'angoisse, mais quelque chose nous rappelle à chaque fois que cela finira par s'arranger, et que cette angoisse n'existe que pour rendre le soulagement plus puissant. Comme on dit, on ne peut ressentir le courage que si l'on connaît la peur...
Le premier objectif que se fixera Ran, c'est de retrouver sa mère, qui lui rend visite que trop peu souvent, et ne reste que trop peu de temps. Pour cela, elle va se munir de ses chaussures préférées, une paire taille adulte qu'elle transporte partout avec elle. Pourquoi donc ? Car ces chaussures ont le pouvoir de vieillir celui ou celle qui les porte à ses pieds. Tout enfant rêve de devenir grand ; Ran n'échappant pas à la règle, elle ne manquera pas de les utiliser dès que l'envie lui prendra. Elle les enfilera donc, et se transformera en magnifique jeune femme, afin de partir rejoindre sa mère, par tous les moyens.
Seulement, ces chaussures ne sont qu'une sorte de trompe l'oeil ; grandir physiquement est éphémère, si l'on ne grandit pas mentalement. Aux yeux de tous, la jeune femme d'apparence qu'est Ran, est une simple jeune femme un peu excentrique ; mais la vérité est qu'elle reste une petite fille naïve. Qui sait ce qui pourrait arriver à une jeune fille à l'apparence si attirante, qui ne connaît pas les dangers du monde extérieur ? Bien qu'il ne soit pas explicitement exprimé, le danger qui entoure Ran lors de ses expéditions est évident. Couplé à l'inquiètude de la famille de la jeune fille qui est clairement montrée, le lecteur ressentira lui aussi cette inquiètude ; et j'en reviens au schéma énoncé plus haut.
Lors d'une de ces tentatives pour rejoindre sa mère, Ran se retrouvera par hasard dans la luxueuse résidence d'un, nous supposons, riche homme d'affaire. Bien que ce nouveau personnage nous soit tout de suite présenté comme un alpha égocentrique, nous ressentirons de la sympathie pour lui, lors de ses échanges avec Ran. Seulement, un mâle tel que lui ne peut être qu'un danger pour la jeune fille naïve se tennant à ses côtés ; cette pensé nous fera hésiter entre, en quelque sorte accorder notre confiance à cet inconnu, ou le considérer comme une menace.
Ce passage est à mon sens, l'exception à la règle de ce schéma qui se répète ; tout simplement car il ne se conclut pas par une résolution, le nouveau personnage présenté dans celui-ci étant de toute évidence, un prochain personnage récurrent.
Ce tome finit plus tard, par un habile cliffhanger qui nous donne une idée de ce dont il sera question dans le prochain volume, et nous laisse penser que le quotidien de la famille Uruma risque d'être quelque peu chamboulé...
Conclusion...
Cette série aux airs enchanteurs, se trouve finalement être plus profonde, et plus intéressante que l'on pourrait penser. Le manga garde bien entendu son côté Slice of Life, mais aborde et nous fait réflechir sur des sujets plus ou moins difficiles, que l'on ne s'attendrait pas à trouver ici. La magie, prétexte à l'installation du contexte métaphorique dans lequel la petite fille Ran doit, plus que grandir physiquement, évoluer et apprendre de la vie, apporte beaucoup de charme à l'histoire.
La patte artistique de l'auteure est bien visible, et embellit merveilleusement cette histoire, avec un côté excentrique très rafraichissant.
L'édition de cette série se fait sur sept tomes, plus grands que les mangas habituels, rendant ces livres plus difficilement transportable, mais agréables à lire et à exposer sur sa bibliothèque. Sept n'est pas un nombre gigantesque, lorsque l'on parle d'une série de mangas. De ce fait, ses volumes pourraient, avec un peu de curiosité, intéresser n'importe quel amateur de bandes dessinées japonaise, ou seraient de bonnes idées cadeaux, même pour un non-habitué de ce genre littéraire.
Give it a try !
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