Critique Color recipe 1

Quelques éléments sur l’intrigue et le dénouement du tome 1 sont repris dans cette critique, à lire avec précaution


Ma première excursion dans l’univers tordu d’HARADA, avec son titre The Song of Yoru & Asa, fut en ce qui me concerne une déconvenue monumentale, d’une violence telle qu’elle reste à ce jour ma pire expérience (de 18 mois) dans le Yaoi ! Dans ma tête, il était inconcevable qu’on m’y reprenne avec cette auteure.
C’était sans compter l’annonce de Color Recipe dans lequel je me suis lancé non sans une petite appréhension - mais aussi un soupçon d’excitation - car avec un peu de recul, ce n’est pas parce qu’un auteur se rate sur un titre que celui-ci ira forcément récidiver sur le suivant. Et vice-versa. Mais c’est cette superbe couverture menaçante au dégradé de couleurs rouge/orange acidulées qui a provoqué le déclic – il en faut parfois peu - et m’a convaincu de laisser une seconde chance à sa créatrice, dont j’apprécie tout de même beaucoup le dessin.


Donc me voici lancé dans cette nouvelle histoire de HARADA, mettant en scène deux professionnels de la coiffure. Le premier, Shoukichi, est un jeune homme au tempérament solitaire pour qui la technique doit passer avant tout - et qui n’a que faire des ragots de ses clientes. Le second, prénommé Fukusuke, est quant à lui la nouvelle recrue de talent du salon, provocateur, entreprenant, extrêmement sociable et, par association, populaire auprès de la clientèle.


Il n’en fallait pas plus pour inciter de la tension entre ces deux personnages. Color Recipe commence d’ailleurs de façon relativement classique avec des disputes un peu superficielles sur fond d’oppositions des caractères et des manières de travailler de chacun. La première moitié du tome utilise également la libido de Fukusuke pour rendre quelques scènes électriques puisque celui-ci n’hésite pas à profiter du bon fond de son collègue afin d’en obtenir des faveurs sexuelles. HARADA est donc bien friande de relations tordues avec un mec qui ne peut pas blairer l’autre mais contrairement au one-shot mentionné en introduction, j’ai trouvé cela beaucoup moins choquant et dégradant. Évidemment puisqu’on nous épargne (pour le moment) les insultes, l’humiliation et les relans violents d’homophobie. Il y a de toute évidence du progrès de ce côté-là, même si la relation donne toujours l’impression d’être quelque peu forcée.


En parallèle de la construction de ce duo que tout oppose sauf la dextérité au maniement des ciseaux, on apprendra que Shoukichi est également victime de harcèlement de la part d’un de ses rares clients fidèles. Une petite intrigue à l’apparence secondaire qui permet notamment de montrer un Fukusuke protecteur et ainsi sous un angle plus flatteur. Le lien des 2 garçons quant à lui se renforce avec un peu plus de naturel qu’auparavant.


Pour autant, je ne me sens pas amadoué du tout par notre coiffeur à la chevelure platine. Il y a anguille sous roche ! Tout simplement car si la lecture est bien sympathique jusque là, sans être renversante, je trouve la construction du récit étrangement sage. Pas vous ? Pour du HARADA… Et c’est d’autant plus frustrant et embêtant car je devine déjà la révélation qui nous attend.


La couverture...! L’aura de Fukusuke sur cette couverture, qui ne correspond tellement pas au jeune homme taquin, parfois inapproprié certes mais pas bien méchant, que la mangaka dessine dans ses premiers chapitres. Le décalage, bien trop important, pouvait simplement être le produit d’une folie de l’autrice mais en lecteur averti et attentif, il m’en faut plus que ça.


Des critiques que j’ai pu lire, beaucoup retranscrivent leur surprise née du rebondissement dont je vous dis qu’il est aisé de prédire...  Vraiment ? De mon côté, je commençais plutôt à m’impatienter, attendant de découvrir le véritable visage de Fukusuke dont la personnalité me paraissait bien trop fausse ! Et puisque la jaquette indiquait déjà à elle seule le tournant qu’allait prendre l’œuvre, je dois avouer que ne pas bien comprendre les critiques étonnées dédiées à Color Recipe.


De mon point de vue, on détient plutôt ici un bel exemple de mauvaise décision créative qui gâche tout ou presque le travail que tentait de réaliser ce premier volume, à savoir tisser son histoire cherchant à faire baisser la garde du lecteur pour le prendre au dépourvu au dernier moment ! Raté. Et dans la continuité de la thématique « tu ne peux faire confiance à personne », j’ai également trouvé décevant de peindre, tout compte fait, le 3e employé du salon comme une enflure (pour le coup, celle-là je l’ai pas vu venir !). Une enflure qui reste passive et se contente d’observer mais une enflure tout de même, laissant Shoukishi sans réel soutien pour la suite...

Charlie One

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