Critique Hanada le garnement 1

« Je crois que je vais mourir […] Enfin je suppose que c’est la punition que je mérite »

 

C’est sur ces mots, tandis qu’il fait un vol plané après qu’une camionnette l’ait renversé sur son vélo, que nous faisons la connaissance d’Hanada, un gamin arsouille d’une petite dizaine d’années. C’est vrai que dès le début on a du mal à compatir sur son sort. Ichiro Hanada est une fripouille de môme, turbulent, espiègle, farouchement incontrôlable et toujours prêt à faire les quatre-cents coups. Il n’a aucun respect pour ses parents ou son grand-père à qui il peut dire avec une innocence indécente : « T’as qu’à mourir, personne te retient ». Il trouve quotidiennement une occasion d’embêter sa grande sœur qu’il surnomme avec méchanceté « la Groche » car grosse et moche, mais plus cruellement, il martyrise tous les animaux du village.

 

Hanada est issu d’une famille modeste et vit dans une campagne assez reculée du Japon. C’est l’époque des premières télés en couleurs. Un progrès audiovisuel que ne manquera pas de réclamer avec colère et caprice notre chenapan de héros. Une vraie tête à claques ce gamin mais il sait rendre les coups. Durant son accident, sa conscience lui enverra enfin quelques signaux de détresse mais pas pour longtemps.

 

Heureusement, Hanada a une faiblesse et la vie pleine d’humeur va lui jouer un bien mauvais tour. Il a une peur terrible des fantômes, au point qu’il rechigne en pleurs la nuit à mettre un pied dans les toilettes situées à l’extérieur. Un fantôme logerait dans le trou. Aussi, pendant qu’il s’imagine aux portes de la mort, un esprit qu’il prend pour sa grand-mère disparue se présente à lui. Elle lui explique qu’il est trop tôt mais comme Ichiro est un peu lent, elle prend l’apparence d’une vision d’horreur afin qu’il puisse fissa réintégrer son corps. Hanada se réveille en sursaut et en sueurs à l’hôpital, avec seulement quelques points de sutures sur le crâne. Neufs points de sutures exactement, un chiffre synonyme de malédiction selon sa sœur. Elle n’aurait pu deviner plus juste.

 

A partir de cet instant, l’histoire commence vraiment et le destin d’Hanada prend un sacré détour. Lui qui tremble rien qu’en prononçant le mot « fantôme » va rapidement se rendre compte que désormais il peut les voir et les entendre. Pire, ces derniers vont se passer le mot et venir un par un lui demander son aide. Avec plus ou moins de courtoisie mais toujours en jouant de malice et de tours de magie… très terrifiants. Hanada aussi intrépide que pleutre n’aura pas le choix et répondra à chacune de leurs prérogatives pour s’en débarrasser le plus rapidement possible. Jusqu’au prochain, puis au prochain et au prochain...

 

Il viendra au secours d’une chienne et de son petit. Puis d’une vieille dame, d’une jeune femme fort jolie, d’un petit garçon et de sa maman, de même qu’un vieux bonhomme qui se balade nu comme un ver. Tous ont une mission à accomplir avant de pouvoir rejoindre l’au-delà et Hanada se trouve être leur unique chance d’y parvenir. Une nouvelle aventure un brin fantastique se profile à l’horizon et à travers elle notre vilain garnement va peu à peu grandir et prendre conscience des gens qui l’entourent. Et c’est justement cela qui me plaît.

 

Au-delà du fait qu’on s’amuse beaucoup, qu’on rigole, qu’on prenne du plaisir durant notre lecture on sent déjà qu’il va y avoir une évolution dans le bon sens du personnage. D’ailleurs, l’auteur a beau nous décrire un gamin avec les pires défauts, on s’attache très rapidement à ce petit bout d’homme qui au fond a juste besoin de faire son intéressant. Cela tient principalement à son style. Celle-ci nous dessine avec talent tout un panel d’expressions qui fait qu’on a juste envie de tirer sur la joue d’Hanada pour le réprimander ou au contraire se moquer de lui. Prenez le temps de regarder toute l’étendue de son faciès, vous constaterez que Makoto Isshiki a le souci du détail malgré un trait simple et épuré.

 

Enfin, j’ajouterai que le cadre et le décor résonnent comme des airs de vacances, ce qui n’est pas pour me déplaire. Ce titre ravivera votre bonne humeur si la rentrée a été difficile. Chaque page m’a remémoré mon enfance et ces étés à la campagne. Un rien nous amusait. J’aurais moi-même pu mettre sur ma tête le vieux chapeau de paille qu’Hanada porte fièrement sur la couverture, et gambader toute la journée avec les copains dans des coins plus ou moins sécurisés.

 

Hanada, Le garnement est comme un bol d’air frais après une mauvaise journée. Rempli de bons sentiments pimentés d’une bonne dose d’humour, on ne s’ennuie pas. L’auteur parvient à jongler entre les deux sans tomber dans l’excès de l’un ou de l’autre. Tout est fluide, naturel, on s’identifie facilement et encore une fois on s’attache tout de suite. On se demande quel sera le prochain fantôme à sonner à la porte de notre petit héros comme on se demande ce qu’il va bien encore pouvoir inventer pour faire remuer tout son quartier. Sa maman n’a pas encore fini de s’excuser pour ses bêtises mais comme dit le proverbe : « Il faut que jeunesse se passe ».

 

Je tiens à remercier Ki-oon, aussi bien pour la licence que pour la qualité de l’édition. Jamais je n’aurais cru voir ce titre traverser nos frontières et pourtant il est là, enfin, dans les rayons depuis le 24 Août dernier et c’est du tout bon. Ce tome 1 est comme présagé un énorme coup de cœur et je suis prête à parier que tel sera le cas avec le prochain. C’est une série en 5 tomes alors n’hésitez pas, ça se lit qu’importe son âge, seul ou en famille. Ces petites perles sont rares, il faut leur donner la place qu’elles méritent.

KssioP

Continuellement l'esprit ouvert, je n'exclue aucun genre si ce n'est peut-être le genre guimauve ou Arlequin. J'aime cependant ce qui est différent, ce qui surprend. Rêveuse dans l'âme et aventurière chevronnée avec une manette en main, ma table de chevet se couvre de mangas, de romans, de cd's et d'une feuille de papier. Et bien souvent aussi d'un biscuit accompagné d'un thé car lire c'est certes bien mais avec confort et gourmandise c'est juste parfait.
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