Critique Après la pluie 2

Un tome 2 qui promet l’émotion du tome 1. Nous quittions Akira en pleine déclaration d’amour mouillée. Nous retrouvons l’élu de son cœur, déboussolé, en très grande réflexion, et pareillement mouillé. Comme si Chronos avait décidé de stopper deux cœurs pas nés en même temps, la pluie continue de tomber sur le quartier, figeant l’importance de l’instant.


Mr. Kondô se pose un tas de questions. Raisonné mais homme malgré tout, il ne peut s’empêcher d’analyser sa jeune employée et de faire des comparaisons avec des personnes croisées au hasard. Plus une enfant, pas encore une femme, comment bien se comporter avec elle et ne pas la blesser. Le regard des autres, le quand dira-t-on… il se place lui-même dans une position inconfortable. Il en finit par espérer une mauvaise blague quand parallèlement la présence d’Akira lui remémore ses 20 ans. Être aimé, plaire, provoquer l’émotion, il n’est pas indifférent. Personnellement, j’aime beaucoup cette manière qu’a l’auteur de dessiner cet élan de jeunesse de Mr. Kondô, comme s’il remontait le temps pour chuter brutalement dans la réalité présente quand les responsabilités refont surface.


La dernière fois que j’ai provoqué une réaction à cause d’une parole maladroite ça remonte à quand ?


Akira quant à elle est tenace et sûre d’elle-même. Elle n’a pas froid aux yeux pour affirmer une deuxième fois ses sentiments. Elle s’impose, met toutes les chances de son côté, si bien que dans un méli-mélo de mots précipités, elle est récompensée. Une sortie est organisée, c’est une victoire à fêter. Sauf qu’un malotru s’immisce dans ses projets, l’un de ses collègues découvre le pot aux roses et décide de la faire chanter.


L’auteur ne centre pas l’histoire sur deux personnages mais amène au contraire et judicieusement tout un tas de personnages à faire l’histoire. On fait ainsi la connaissance d’un sale type, Ryôsuke, un jeune qui bosse dans les cuisines. Pas moche physiquement, il abuse de ses charmes sur les jeunes filles afin de satisfaire ses envies. Une seule chose l’intéresse, leur corps. Il s’en vante à ses amis et passe tout son temps libre à chasser sa prochaine proie. Akira rentre par inadvertance dans son champ de vision et au rythme d’un regard pervers que l’auteur partage avec nous, elle devient malencontreusement son nouveau jouet.


Je trouve qu’ici Jun Mayuzuki lève adroitement le voile sur une vérité qui fait réfléchir le lecteur. Akira a 18 ans et la société bien pensante voudrait logiquement qu’elle sorte avec des garçons de son âge, parce qu’une telle relation est saine et « normale ». Qu’elle puisse s’amouracher d’un homme de 45 ans, c’est impensable et « sale ». Cependant, quand on regarde de plus près, ce n’est pas le loup coupable aux yeux du monde qui mérite la corde. Mr. Kondô a beau avoir l’âge de son père, être déjà divorcé, c’est de par lui qu’on lit les pensées les plus pures vis-à-vis d’Akira. Quand Ryôsuke, le garçon bien sous tous rapports, a des pensées obscènes et dépravées qui ne visent qu’à lui voler sa virginité.


C’est la première fois que je goûte à l’alcool… et au sexe…


Voilà à quoi songe le jeune homme en l’attendant, c’est à vomir.


Heureusement, pour notre cœur passionné de lecteur, Akira est une fille forte qui a la tête sur les épaules. Elle sait se défendre et ce bellâtre pas du tout fréquentable n’est pas près de marquer au but. Enfin, on l’espère.


Akira est une fille mature pour son âge. D’ailleurs, son comportement se démarque de ses camarades. Il suffit de l’observer avec Yui, la petite blonde tout sourire qui travaille avec elle. On ne dirait pas qu’elles sont du même âge. Idem pour Yoshizawa, l’autre garçon en cuisine. Il a un air si enfantin dans sa manière d’aborder Akira, qu’on ne peut décemment pas les imaginer ensemble. Toutefois, l’auteur n’oublie pas de nous rappeler qu’il s’agit pour Akira d’une première histoire d’amour. Que son cœur innocent peut s’enflammer d’un petit rien. Elle s’émotionne avec déraison dès que Mr. Kondô daigne lui adresser la parole ou faire acte de sa présence. Impossible de ne pas se souvenir son cœur d’adolescent, Akira nous touche car finalement elle réagit comme n’importe quelle femme amoureuse pour la toute première fois. Son envie de plaire, quitte à se rater en beauté avec une paire de ciseaux est drôle et sonne si vrai qu’on rigole tout en compatissant terriblement. On accompagne Akira presque de manière fusionnelle, on réagit avec elle. On s’identifie facilement et on prie en secret que Mr. Kondô laissera ses sentiments s’exprimer le moment venu au détriment de la sainte raison.


Un tome 2 qui ne trahit pas notre attente et nos espoirs. Mais qui se lit trop rapidement. Quelle frustration quand se profile la dernière page. Le délai imposé entre chaque tome va devenir une souffrance je le sens. D’un autre côté, n’est-ce pas cela aussi qui fait une bonne histoire ?

KssioP

Continuellement l'esprit ouvert, je n'exclue aucun genre si ce n'est peut-être le genre guimauve ou Arlequin. J'aime cependant ce qui est différent, ce qui surprend. Rêveuse dans l'âme et aventurière chevronnée avec une manette en main, ma table de chevet se couvre de mangas, de romans, de cd's et d'une feuille de papier. Et bien souvent aussi d'un biscuit accompagné d'un thé car lire c'est certes bien mais avec confort et gourmandise c'est juste parfait.
Commentaires (0)