Critique Ani no senaka 1

Loin d’être inconnue au bataillon, Waka Sagami a vu ses séries faire un peu le tour de tous les éditeurs Boy’s love en France que ce soit Dramatic Maestro paru chez Asuka ou encore un baiser au goût de mensonge chez IDP et désormais chez Taifu avec l’un de ses tous derniers titres. Pour ma part, ce sera l’occasion de la découvrir à travers un récit qui a de quoi réellement attiser ma curiosité puisqu’il relatera celui d’un amour qui ne peut être vécu. Encore faut-il que la thématique soit un minimum exploitée, verdict ?

 

« Il n’a pas retiré sa bague. Il ne veut pas oublier. C’est pour ça qu’il habite avec Yuki. »

 

Dans ce monde, il y a des amours qui ne peuvent être vécus… Yuki vit avec Keiichirô, le mari de sa sœur décédée. Il est tombé amoureux de ce dernier la première fois que leur regard se sont croisés, mais a toujours pris grand soin de cacher ses sentiments. Depuis la mort de sa sœur, Keiichirô semble ressentir une profonde tristesse. Un jour, il prend Yuki dans ses bras et lui demande de ne pas le laisser. Ce tragique événement risque-t-il de changer la relation qui s’était instaurée entre les deux hommes ?

 

« Une bonne histoire »

 

Dans ce monde, il y des gens dont on n’a pas le droit de tomber amoureux. En lisant cette phrase, on se dit qu’on va se retrouver avec la bonne veille carte de la relation interdite. Je ne sais pas vous mais quand les mots relation interdite et manga me viennent à l’esprit, ce sont plutôt des relations amoureuses entre professeur/élève ou entre fratrie d’une famille recomposée. C’est pourquoi l’histoire qui nous est relatée ici a tout de même un petit quelque chose d’attirant à mon sens, c’est en tout cas la réflexion que je me suis faites avant de débuter la lecture.

 

 Très vite, on est plongé dans le quotidien ultra chaleureux que partagent nos deux protagonistes qui se sont considérablement rapprochés depuis le drame qui les a frappés, la mort de la sœur de Yuki et femme de Keiichirô. Si on devine très vite les sentiments de Yuki pour Keiichirô, on est touché autant par les efforts qu’il déploie pour rendre la vie de tous les jours agréable à celui qu’il aime que par la façon dont il essaie de contenir ses désirs. Ainsi après seulement une dizaine de pages, on sent un lien très fort les unir surtout dans leur volonté commune de vouloir protéger et prendre soin de l’autre. Seulement, on comprend également que notre jeune héros a atteint ses limites. Ses confidences, ses expressions laissant transparaitre pleinement son désir, ses gestes arrêtés dans leurs élans, on sent à travers toutes ces petites choses que le poids de  ses sentiments devient trop lourd pour lui, qu’il en souffre et se sent coupable envers sa sœur. Une certaine mélancolie et tristesse envahissent ainsi peu à peu les pages et font qu’on apprécie d’autant plus de voir le jeune homme tout faire pour donner le change.

 

Quant à Keiichirô, il est tout aussi plaisant à suivre à travers ses maladresses et ses sentiments envers Yuki qui ne font que s’accroitre. Ce n’est plus le même quand Yuki n’est pas là, un flash-back est d’ailleurs là pour nous le rappeler à quel point ce dernier est un pilier pour lui. Au départ tourmenté, il sera un peu perdu et ne se montrera pas très adroit adoptant une attitude un peu lâche par moment mais finira tout de même par faire face à ses sentiments et redoublera d’efforts pour rassurer celui qu’il aime très sincèrement. L’évolution de leur relation se veut douce, lente et pleine de bons sentiments. On apprécie également la façon dont l’auteure s’y est prise pour donner de la présence à la défunte et ce pas seulement à travers quelques flash-back mais aussi à travers un très joli symbole, celui de son cerisier, qui quelque part permettra aux personnages d’aller de l‘avant. Waka Sagami nous offre d’ailleurs un final touchant qui se veut positif et porté sur l’avenir malgré des doutes toujours très présents. La question n’est donc pas tout à fait réglée, ce qui est assez réaliste puisqu’il faudra finalement bien plus de temps à Yuki avant de se sentir bien avec ce qu’il ressent.

 

 « Mais… »

 

En somme, une histoire bien menée dans son ensemble même si elle aurait pu l’être davantage. Premièrement, on devine un peu trop vite  que Keiichirô éprouve également des sentiments pour Yuki et qu’ils finiront ensemble donc le récit manque à ce niveau là un peu de surprise. Il aurait été préférable de plus suggérer les sentiments de ce dernier et de laisser planer le doute mais difficile de faire mieux en l’espace d’un one-shot.

 

On peut également regretter la quasi absence de flash-back concernant le Yuki avant la mort de sa sœur, l’auteure n’exprime pas de manière assez forte la façon dont ce dernier est tombé irrésistiblement amoureux de son beau-frère. Il y avait moyen de rendre le tout encore un peu plus prenant à mon sens.

 

Enfin les personnages qui même s’ils sont très agréables à suivre sont également assez stéréotypés, déjà physiquement mais aussi de part leur attitude comme Yuki qui joue le rôle du gentil seme qui va tout prendre sur lui ; C’est un peu du déjà-vu. On peut également déplorer le fait que les personnages secondaires restent cantonnés à leurs rôles de départ, ce qui est toujours un peu dommage. Malgré tout, on passe un bon moment de lecture et c’est le principal me direz-vous.

 

Un petit mot sur les graphismes, le trait de Waka Sagami est des plus classiques notamment concernant le chara-design des personnages. Cela dit, l’ensemble est soigné et les expressions véhiculent les sentiments des personnages sans difficulté. On apprécie la façon dont elle s’y est prise pour nous faire vivre cet amour interdit grâce à la mise en scène de certains gestes et regards, immersif ! Taifu fait encore une fois du bon boulot.   

snoopy

Lectrice assidue et dévoreuse de mangas à plein temps. Collectionneuse dans l'âme, jamais rassasiée au grand désespoir de mes proches.
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