Critique Le Chant des Souliers rouges 1

Un vrai coup de cœur que le Chant des Souliers Rouges. Décidément, Mizu Sahara, je vous aime d’Amour.

Impossible de décrocher une seule seconde mon nez de sa dernière série. C’est difficile d’expliquer avec des mots. L’émotion a pris le dessus, l’excitation a coulé dans mes veines à mesure que je tournais les pages si bien que je suis arrivée au bout plus vite que le temps nécessaire à une respiration.

Pourtant, quand on écrit le résumé, l’histoire semble bateau et l’intrigue suffisamment simple pour qu’on devine la destination.

Il n’a qu’à crever dans son coin.

Kimitaka, un gamin mal dans sa peau parce qu’il n’accepte pas que ses copains lui volent la vedette dans son équipe de Basket, fait un jour une terrible bêtise. Mû par sa colère couplée d’une frustration exacerbée, il s’en prend physiquement à l’un de ses coéquipiers qui par vengeance souhaite haut et fort qu’il se fiche en l’air et disparaisse de ce bas monde. Résultat : Dépression et déscolarisation pour Kimitaka qui ne se remet pas de sa mauvaise action. Il faudra plusieurs saisons pour qu’il retourne boire la lumière du jour et l’entrée au Lycée seulement signera son retour à la vie.

Assez simple comme je vous le disais. Toutefois, vous auriez tort de vous en tenir là ou de juger cette esquisse comme un tout. Sahara est bien plus douée que cela pour raconter les histoires. Elle dessine les choses de manière plus nuancée, plus romancée qui fait qu’on ne peut pas s’empêcher de tourner les pages. Tout n’est pas balancé de but en blanc, ce n’est pas une ligne droite bien tracée, non. L’auteur dissémine tranquillement et à son rythme son scénario. Et quand j’écris « scénario », je pense comme à un film. Un bon film qui nous happe dès les premières secondes et nous balade à travers l’espace et le temps afin de provoquer l’émotion. De nous permettre de vivre avec des « Monsieur » et « Madame » tout le monde une aventure qui touche au cœur, qui nous ressemble. Présent et passé s’entremêlent malicieusement au cours de ce tome et on découvre via des flash-back parfaitement intégrés ce qui se passe dans la tête de Kimitaka ou dans celle des membres de sa famille. De même que l’on comprend doucement qu’une rencontre au passé a déjà inconsciemment modifié la ligne de son destin pour ouvrir une porte à laquelle il ne s’attendait pas. Des baskets rouges trop petites, des souliers rouges trop grands, deux adolescents qui ne trouvent plus leur place, deux rêves irréalisables, un coup du destin et les pièces du puzzle de la vie sont redistribués.

Heureusement que je t’ai rencontré ce jour-là.

Le passé surgit petit à petit pour créer l’avenir. Soutenu par son grand-père, un homme pas si sénile qu’il en a l’air, encouragé par sa maman, une femme charmante qui n’hésite pas à se lever hyper tôt pour lui préparer son bentô, et aimé d’un amour inconditionnel par sa petite sœur qui a pris tous les risques pour racheter son âme, Kimitaka ne peut désormais que faire de son mieux pour remonter la pente.  

Et c’est exactement cela la force de Mizu Sahara. Une aisance à faire régner un sentiment de chaleur dans ses œuvres qu’importent les difficultés rencontrées par ses personnages. On se sent bien dans cette famille qui se sert les coudes contre vents et marées. On s’attache à Kimitaka. Ok, il a fait une connerie mais c’est un bon garçon qui ignore ses qualités. Qui ne se rend même pas compte que dans son tempérament à continuellement aider la main perdue qui se tend vers lui –qu’il soit motivé pour ou pas-, il fait du bien et apparaît parfois comme un héros. Il a le cœur sur la main, ce qui lui vaudra d’ailleurs de se faire ses tous premiers copains de lycée, pour la plus grande joie de sa mère.

Le style graphique est quant à lui digne de l’auteur comme on la connaît depuis quelques années. Un trait épuré, des lignes fines et arrondies qui invitent à la rêverie. Pas comme certains autres mangakas qui au fil du temps et pour plaire au plus grand nombre standardisent leur style au détriment de leur personnalité. Sahara n’a rien perdu de son charme et parvient à mettre de la poésie sur ses planches. J’adore.

 

Lire le Chant des Souliers Rouges, c’est comme rentrer chez soi après une journée calamiteuse. A peine franchi le seuil de la maison, on sent une bonne odeur de gâteaux. Curieux, on ose un œil dans la cuisine quand quelqu’un sourire aux lèvres nous sert une bonne tasse de café accompagné de jolies madeleines justes sorties du four. On en prend une qu’on approche du nez, respirant le beurre et la fleur d’oranger avec délectation, un parfum qui apaise de l’intérieur et fait qu’on se sent bien puis on trempe dans le café avant de mordre à pleines dents. Mmh... qu’est-ce que c’est bon et anesthésiant, la mauvaise journée s’estompe avec tous les soucis, on profite du moment présent. Oui ce titre, c’est une petite madeleine de Proust et je n’ai absolument aucun doute sur le fait qu’au prochain épisode, mon âme sera pareillement réconfortée.  J’ai hâte et je vous le recommande évidemment.

KssioP

Continuellement l'esprit ouvert, je n'exclue aucun genre si ce n'est peut-être le genre guimauve ou Arlequin. J'aime cependant ce qui est différent, ce qui surprend. Rêveuse dans l'âme et aventurière chevronnée avec une manette en main, ma table de chevet se couvre de mangas, de romans, de cd's et d'une feuille de papier. Et bien souvent aussi d'un biscuit accompagné d'un thé car lire c'est certes bien mais avec confort et gourmandise c'est juste parfait.
Commentaires (0)