Critique Escape Journey 1

Avec sa couverture fluo bien pétante, le nouveau titre de Ogerestu Tanaka ne passe pas inaperçu sur les étalages des librairies spécialisées. Malgré de bonnes idées de départ, le traitement un peu léger et maladroit de ces dernières ne parvenait pas tout à fait à me convaincre jusqu’à présent. Cela dit, l’auteure est parvenue à conquérir une partie des fans du genre si on en croit les nombreux bons retours sur les titres déjà parus. Pour ma part, je reste enthousiaste à l’idée de découvrir sa nouvelle œuvre dont la thématique semble assez prometteuse et surtout moins casse-gueule. Tomber amoureux encore et encore de la même personne tout en sachant qu’on risque de souffrir et de répéter les mêmes erreurs, en voila un pitch de départ plaisant ! Verdict ?    

« On sort ensemble ? Je croyais qu’on couchait juste tous les deux. »

Taichi et Naoto sortaient ensemble à l’époque du lycée. Néanmoins, ce dernier décida de rompre quand son partenaire lui dit que leur relation n’allait pas plus loin que le sexe selon lui. Ils se recroisent pourtant lors de leur premier jour de fac. Même si Naoto est toujours en colère, il se rend compte que Taichi a changé et commence peu à peu à lui pardonner. Seulement, Naoto est angoissé à l’idée de retomber dans les écueils du passé. Parallèlement, Fumi, une camarade, tombe amoureuse de Taichi et un rendez-vous arrangé est organisé.

«  Malgré une réelle difficulté à rentrer dans l’histoire, on finit par retirer un plaisir certain à la lecture qui se révèle bien plus prenante et habile que ce que le début laissait présager »

En débutant la lecture, on atterrit à la fin d'une grosse dispute entre nos deux principaux protagonistes. On est donc un peu déconcerté par la façon dont l'auteure débute son histoire surtout que ce premier échange n’est pas des plus subtils  et qui si cela avait été le cas aurait permis une meilleure immersion dans l’histoire. Cela aurait été plus cohérent avec le reste du récit de mettre en scène des personnages meurtris par une relation amoureuse qui les détruit plus qu'elle ne les rapproche plutôt qu’une rupture du style « je me casse » où personne n'accepte le dialogue. Bref, un début peu accrocheur en somme.

Heureusement, la suite se révèle bien meilleure puisqu’on retrouve Naoto et Taichi qui vont à nouveau se croiser un an plus tard à la fac. D'abord réticent, Naoto va se rappeler petit à petit des bons moments passés ensemble. L'auteure exploite ici un sujet plutôt original à savoir la difficulté de passer du statut d'ami à celui de petit ami risquant une évolution de la relation peu positive. En effet, il arrive souvent de nouer de forts liens d'amitié où on se sent bien dans sa relation et où on passe le plus clair de son temps à délirer avec son pote. Seulement lorsqu'on passe le cap d’une relation plus intime, il arrive qu'on perde cette belle complicité et qu'on se montre plus exigeant avec son partenaire tout simplement parce qu'on a peur de le perdre ou que la jalousie finit par aveugler si bien que les deux personnes en viennent à ne plus se comprendre et même à se détester. C'est dans ce tourbillon infernal qui semble sans issue que nos deux compères évoluent répétant maladroitement toujours les mêmes erreurs et ne parvenant pas totalement à ouvrir son cœur à l’autre.

Alors doit-on donner une seconde chance à une relation qui nous a déjà fait souffrir et qui risque de le faire encore ? Est-il possible de résister à l'envie d'être plus qu'un ami lorsque de potentielles rivales pointent le bout de leurs nez ?

Au fil de la lecture, l'auteure va s'efforcer de répondre à ces questions offrant un récit bien mené et assez agréable à suivre au final avec une intrigue qui évolue de façon significative dans ce premier volume. Cette dernière va d’ailleurs pousser sa réflexion un peu plus loin par l’entremise d’un rendez-vous arrangé avec une jeune fille intéressée par l’un de nos deux compères. Une situation qui va pousser nos deux héros à s’interroger sur ce qu’ils ressentent et mettre en avant ce désir de vouloir être plus qu’un ami pour l’autre. Dans un premier temps, Naoto et Taichi vont se rapprocher mais le proverbe chassez le naturel, il revient au galop se reflète parfaitement dans la suite des événements. Même si Taichi a gagné un peu en maturité et s’est efforcé à changer, il ne peut pas s'empêcher de ressentir de la jalousie et n’arrive plus à se contrôler face à un Naoto chaleureux et tactile avec une amie en particulier. Seulement au lieu de se confier à celui qu'il aime, il va vite se rendre compte qu’il n’a pas réussi à évoluer tant que ça par rapport à l'époque du lycée.

Si les personnages comme Taichi qui éprouvent des difficultés à exprimer leurs sentiments sont récurrents dans les œuvres d'Ogeretsu Tanaka, le passé douloureux de ce dernier trouve déjà plus de légitimité dans sa façon d'être et donc on ne se retrouvera pas aussi désarçonné dans ce titre. On appréciera aussi le fait que le personnage de Fumi ait pu aller jusqu'au bout de son rôle et qu’elle ne se résumait pas à juste la gentille fille amoureuse mais elle va aussi permettre à Taichi d’évoluer en choisissant de lui avouer ses sentiments pour lui. À travers Naoto, l'auteure a également pu aborder la frustration qu'on peut ressentir lorsqu'on est en couple avec un homme à savoir le fait de ne pas vraiment se sentir légitime et de culpabiliser de ne pas pouvoir lui offrir une vie de famille comme le ferait une femme. Une réflexion qui va donner plus de profondeur au récit et plus de légitimité aux doutes de notre héros. Bien que la fin soit attendue, l'auteure est tout de même parvenue à ajouter un peu de suspens et à rendre le final assez touchant avec des personnages qui vont faire un vrai pas vers l’autre. Nos deux compères ont très certainement encore du chemin à faire avant de pouvoir pleinement se confier l’un à l’autre et donc on est assez curieux de lire la suite de leurs péripéties amoureuses. Rendez-vous en juin !

snoopy

Lectrice assidue et dévoreuse de mangas à plein temps. Collectionneuse dans l'âme, jamais rassasiée au grand désespoir de mes proches.
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