Critique Acid Town 5

On se replonge donc dans le sombre passé de Reiji amorcé dans le précédent tome et qu’on découvrait  intimement lié au clan de Masatsugu.  Les révélations allaient bon train dans ce dernier et celui-ci prendra  exactement le même chemin donnant toujours plus de profondeur à une histoire de Yakuza qui peut sembler banale à première vue mais qui se révèle très prenante grâce aux parcours respectifs de chacun de ses personnages immergeant complètement les lecteurs dans cet univers impitoyable.

C'est ainsi qu'on ressent de plein fouet la douleur de Reiji qui  dans le même laps de temps apprend la véritable identité de l'un de ses proches et sa mort. Le flash-back permet de bien cerner le personnage de Ryûji qui étonne par sa maturité et sa sincérité. Toute la lumière est ainsi faite sur ce dernier et on découvre son passé poignant qui ne peut qu'interpeller les lecteurs et leur faire ressentir un profond attachement rendant son deuil encore plus difficile à encaisser ; l'auteure  aborde avec beaucoup de justesse sans trop verser dans le mélodramatique des thématiques fortes tels que le rejet d'une belle-mère tourmentée.

C'est donc en pleine période de deuil que Reiji va prendre une décision qui sera lourde de conséquences et qui va chambouler complètement Masatsugu mais surtout révéler le véritable visage de son père ; le boss du clan qui avait décidé d’épargner Reiji et sa sœur. Pourquoi les a-t-il laissé vivre ? L'auteur en répondant à cette question va tout simplement  nous scotcher sur place.

En effet, on aurait pu croire à un simple geste de bonté après avoir massacré leur famille et détruit tout ce qui comptait à leurs yeux. L'auteur avait en tout cas laissé planer le doute à ce sujet et ce retour de flamme en découvrant les véritables motivations d’un Domoto assurément cruel et pervers va être une véritable claque pour les lecteurs. En plus,  ce dernier va pervertir l'amour que Masatsugu porte à Reiji et Hisako donnant ainsi une certaine légitimité au drame qui va suivre.

En effet, on n’aura clairement pas une seule minute de répit tant l’intrigue monte en puissance et s’affirme comme résolument complexe avec des sentiments comme l’amour et la haine qui atteindront leur paroxysme rendant les protagonistes à demi-fou.   

On va ensuite se focaliser sur Hisako (la sœur de Reiji) et on se prendra la encore une énorme claque. Si on ne peut que comprendre l'état de détresse dans lequel cette dernière est plongée, on va découvrir avec horreur sa chute en enfer. En cédant à l'esprit de la vengeance, elle va tomber dans un véritable traquenard et va se retrouver coincée dans le jeu sadique imaginé par Domoto. Tout sonne parfaitement juste dans cette tragédie humaine, on est complètement désemparé de voir ainsi Hisako devoir subir une telle humiliation et en même temps de comprendre le plaisir que lui procure ce sentiment d'emprise qu'elle croit exercer sur ce dernier. Seulement quand on voit où tout ceci l'a menée, on ne peut qu'être consterné par sa tragique destinée d’autant plus qu’un gros malentendu surviendra entre elle et son frère rendant la situation encore plus dur à encaisser. On reste sans voix !