Critique Les Royaumes Carnivores 1

 Nouvel arrivant dans le monde du manga, c'est par les éditions Akata que Yui Hata nous livre le premier tome de sa série : Les Royaumes Carnivores. Sous une couverture assez peu éloquente et un résumé qui ne nous dit que le strict minimum, voyons ensemble ce que nous promet cet auteur fraîchement débarqué !


 De prime abord je m'attendais à quelque chose de purement animal, je fus rapidement surpris de voir l'allure anthropomorphique que l'auteur avait décidé de donner à ses personnages ! Tantôt marchant sur leurs deux pattes postérieures, avec un air on ne peut plus humain , tantôt courant à quatre pattes pour fuir le danger : tel des animaux normaux. Le mélange est habile et fait mouche dès le départ : des animaux au tempérament bestial, sauvage et rustique qui sont pourtant extrêmement humains de par leur manière de se vêtir, de marcher, de dialoguer entre eux. Le souci des expressions et des détails corporels permet aisément au lecteur de différencier les protagonistes parmi une meute d'animaux, tous semblables. Ce style assez désorientant auquel on s'habitue pourtant très vite, nous permet d'entrer pleinement dans l'univers de l'auteur.


 Dans cette histoire, qui aurait pu se contenter de reprendre les caractéristiques d'un nekketsu en mode bestial, la réflexion est bien présente et le ton s'y veut critique... Les classes sociales humaines sont symbolisées par les lois du plus fort et de la chaîne alimentaire. Les Gazelles deviennent le peuple, ravalant leur honneur elles s’écrasent devant les puissants Lions monarques, qui les exploitent tout en détruisant la faune de la savane environnante, chassant plus que de raison; les contraignant à gaspiller leurs proies en laissant pourrir le surplus . Le personnage du Guépard prend alors tout son sens... Animal ayant décidé de rester sur ses quatre pattes, anéantissant la tribu des Lions par pure vengeance. Il épouse toute la symbolique de la nature qui se rebelle contre les hommes et les tue à petit feu pour les punir de leur mégalomanie.


 Des dessins plus que satisfaisants, en parfaite harmonie avec le scénario, nous plongent dans une réalité alternative, à la fois fantaisiste, cynique et trés crue. Coté éditorial : Akata nous livre là un bel ouvrage , de qualité, plutôt conséquent, qui aurait cependant mérité un petit cachet "public averti". De nombreuses scènes de violences "bestiales" avec moultes tripes et boyaux ne sont pas à conseiller à n'importe quel lectorat...


Enfin, j'aimerai terminer par mon énorme coup de coeur envers le personnage de Buena! Le héro de notre histoire, qui se voit affublé d'une volonté absolument hors normes. Loin des personnages qu'on a l'habitude de croiser dans les manga, celui-ci est frêle, impuissant et son seul "pouvoir" est d'avoir (soit disant) suffisamment mauvais goût pour que personne ne veuille le manger! Et pourtant… notre jeune gazelle va se lever face à l’empire des Lions, avec pour seul but de mettre fin à leur démence.  

Weihao Yu

Passionné de manga depuis mes 11 ans, je suis devenu au fil des années un énorme collectionneur! En perpétuelle recherche d'ouvrages de qualité; c'est avec plaisir que je partage ma passion ^^
Commentaires (0)