Chronique : Divci Valka T.1

Les guerres hussites

Divci Valka nous propulse au début du XVème siècle dans le royaume de Bohême (une partie de l'actuelle république Tchèque ou Tchéquie) dans une période tourmentée de l'histoire : le début des guerres hussites. Tout a commencé avec quand Jan Hus, théologien de Prague, a voulu réformer l'église catholique qu'il jugeait corrompue. Il prêche notamment le retour à une église spirituelle et pauvre. Alors que les messes étaient dites en latin et donc incomprises par les gens du peuple, il décida de la traduire et rencontra un grand succès. Et bien entendu, tout ceci fut très mal perçu par l'église catholique. Résultat : il fut accusé d'hérésie et finalement brûlé vif... C'est alors que commença la guerre entre Hussites et Catholiques.
 

© Kouichi Ohnishi 2013 / Futabasha Publishers Ltd.


L'auteur entame directement dans le vif du sujet avec le massacre d'un village de Bohême par des chevaliers catholiques de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Massacres barbares et viols sont au rendez-vous : l'horreur de la guerre en somme. C'est là qu'on fait la connaissance de Sarka, une jeune fille qui avait été laissée pour morte mais qui est bien vivante. Elle se rend vite compte qu'elle est la seule rescapée de cette tuerie. C'est en fuyant le village décimé qu'elle est recueillie par Jan Zizka, un chef de guerre Hussite qui lui propose de rejoindre ses rangs pour combattre les catholiques.

Voilà un manga qui a de quoi attirer notre attention. Les guerres hussites ne sont pas forcément connues de tout le monde et il est certain que bon nombre d'entre vous apprendrons beaucoup de choses sur cette période sanglante de l'histoire.

 

Ne pas confondre vitesse et précipitation

Je dois bien avouer que l'introduction de ce manga m'a un peu dérouté. En l'espace de quelques pages on assiste à un massacre, on nous explique rapidement la situation (hussites contre catholiques), on voit Sarka la jeune rescapée s'enrôler avec les hussites pour combattre malgré sa fragilité et en prime, un jeune garçon est déjà prêt à s'enfuir loin avec elle par amour. Et quelques pages plus loin, elle prend déjà part à son premier combat. C'est moi où cela va un peu trop vite ?
 

© Kouichi Ohnishi 2013 / Futabasha Publishers Ltd.


Grand amateur de mangas historiques, je suis toujours content et impatient d'en découvrir de nouveaux. Si le mangaka choisit bien la période de l'histoire dont il veut parler, son scénario est d'emblée passionnant. Donc tout le travail consiste à bien se documenter (et c'est bien le cas ici visiblement) mais surtout à bien savoir raconter son histoire pour nous passionner. Malheureusement, la précipitation dont fait preuve l'auteur au début du manga fait perdre tout ou partie du réalisme souhaité. Ainsi, les réactions des personnages paraissent souvent étranges.

Ajoutez à cela des dessins à la qualité discutable et pas forcément appropriés et cela finira de laisser le lecteur un peu dubitatif en refermant ce premier tome. Les dessins sont très hétérogènes autant pour le design des personnages que pour les décors. Ceci est assez flagrant concernant Sarka qui parfois est dessinée de manière "normale" et se fond bien dans le décor on va dire alors qu'à d'autres moments, on la croirait sortie d'un autre manga. Les décors sont assez pauvres et on a même parfois droit à des photographies retouchées au rendu plus que douteux.

 

Un choix discutable

L'auteur a choisi d'ajouter des jeunes filles guerrières qui vont utiliser des "pist'ala" (qui serait les ancêtres des pistolets que nous connaissons). Elles ont toutes un visage d'ange et dégagent une naïveté déconcertante. Pourtant, elles vont abattre de sang froid de nombreux chevaliers. Au début, l'auteur met l'accent rapidement sur les dégâts psychologiques liés à ces actes (cauchemars notamment) mais la suite va gagner en légèreté à ce niveau. Tuer va devenir plutôt banal et on va moins ressentir l'atrocité de cet acte. Et c'est sûrement là le drame de la guerre. 

Le récit navigue entre seinen historique se voulant réaliste (sanglant et plutôt cru pour certaines scènes) et naïveté liée à la présence des ces jeunes filles qui vont manier la Pist'ala. Honnêtement, je ne vois pas l'intérêt d'avoir intégré cette notion dans ce manga et surtout de l'avoir traitée de cette manière. A mon sens, cela nuit à l'histoire plus qu'autre chose et empêche de prendre vraiment au sérieux ce qui est raconté.

Skeet

Créateur de Manga Sanctuary et avant tout lecteur de manga depuis la fin des années 80.
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