Chronique : XXXHolic Rei T.1

Découvrez nos premières impressions sur le retour de XXXHolic chez Pika

 

Watanuki, un lycéen capable de voir les esprits et Yûko, une mystérieuse sorcière, sont de retour dans une nouvelle histoire, entre rêve et réalité. Une jolie femme trouve l’entrée de la boutique de Yûko, guidée par une force obscure. De quel mal souffre-t-elle et quel est son souhait ? Entrez dans le monde fantastique et chimérique de XXXHolic ! Avec xxxHolic Rei, les CLAMP nous proposent non pas une suite mais un retour en arrière, à l’époque où Yûko était encore dans la boutique et que le temps s’écoulait normalement pour Watanuki… Vous reprendrez bien un peu d’aventures mystiques ?

Titre : xxxHOLiC Rei T.1
Editeur français : Pika
Date de sortie : 18/03/2015
Dessinateur : CLAMP
Scénariste : CLAMP

Série terminée en 4 tomes

 

XXXHolic est un manga dont je pense il n'est plus nécessaire de faire la présentation. Pour moi, c'est l'une des meilleures (si ce n'est LA meilleure) séries que les Clamp ont pu nous offrir au cours de leur carrière, et c'était avec tristesse que j'avais refermé le dernier tome de la série, il y a de cela presque trois ans et demi. Mais, ô joie ! Les Clamp ont décidé de revenir sur ce seinen rempli de mystères, pour notre plus grand bonheur. Mais avant même d'ouvrir ce qui nous est présenté comme étant un « retour en arrière », on est en droit de se demander si la magie va toujours opérer dans XXXHolic Rei ou si la déception va prendre la place de l'euphorie.

 

Un retour en arrière inexpliqué

Autant le dire tout de suite : ayant crié « Au génie ! » face à la fin ouverte de XXXHolic (fin si philosophique, si mystérieuse et symbolique que j'ai dû l'expliquer à nombre de mes amis, pour ma plus grande joie) et ayant analysé la place des rêves dans l’œuvre des Clamp (notamment dans XXXHolic), je suis devenu très exigeant à ce sujet. Donc je suis très tatillon sur ce qui touche à ce seinen des Clamp, mais j'ai essayé d'être le plus objectif possible : je me suis mis du mieux que j'ai pu à la place d'un lecteur basique de XXXHolic qui maintenant a dans les mains XXXHolic Rei. J'en profite aussi pour préciser que je ne me suis basé que sur la première histoire du tome pour faire la chronique, car autrement j'aurai dû spoiler la fin du tome (je ne ferai que faire allusion à ce qui se passe ensuite, sans rentrer dans les détails). Maintenant que ces points ont été éclaircis, retournons à la chronique.


XXXHOLIC rei © CLAMP . ShigatsuTsuitachi CO., LTD. All rights reserved. / Kodansha Ltd

Dès le synopsis, on nous présente XXXHolic Rei comme étant un « retour en arrière » dans le manga d'origine, avant la disparition de Yûko et la reprise de la boutique par Watanuki. Dès les premières pages, aucun souci : on retrouve bien l'ambiance du quotidien de Yûko et de son escl... pardon, de son assistant Watanuki. Cependant, un détail m'a quelque peu dérangé : l'absence flagrante de la boule de poils noirs alcoolique, j'ai nommé Mokona. A aucun moment dans ce tome Mokona n'apparaît, alors qu'on le voyait très souvent dans XXXHolic, et surtout rien n'est expliqué pour justifier cette absence. Dans le même genre, Mugetsu (le renard en tube de Watanuki) est absent. Seulement, comme on voit Dômeki qui possède l’œuf que Yûko lui avait remis, on devrait forcément voir ces deux personnages tout en couleur et en poils. Or là, rien. Ce n'est qu'un détail me direz-vous, mais ce détail crée une rupture et une incompréhension : est-ce un retour en arrière visant à modifier la destinée des personnages ? Peu probable, vu que « Tout n'est que fatalité », leur destin est donc fixe. Cette absence sera-t-elle comblée dans le tome 2 ? Mystère. Toujours est-il qu'on se perd un peu alors que le tome vient juste de débuter. En fin de compte, on ne comprend plus ce qu'on a dans les mains ni l'intégration chronologique de ce tome dans la ligne temporelle de XXXHolic (Mais en même temps, connaissant les Clamp, il est fort probable que cela soit une sorte d'univers parallèle, ou bien qu'elles gardent le suspens pour le tome suivant). Du simple point de vue scénaristique, ce début est étrangement confus car il part sur des bases connues mais qui en même temps sont différentes (la fin du tome néanmoins pourrait signifier qu'on est dans une dimension intermédiaire, c'est-à-dire proche et en même temps éloigné de celle qu'on connaît. Mais je ne vais pas plus loin pour ne pas spoiler).

 

Un retour au rire, au mystère et au merveilleux.

Peu après que le tome ait commencé cependant, on retrouve ce qui a fait le succès de XXXHolic : le comique créé par l'interaction entre Watanuki et Dômeki (qui en sont donc au point où ils se chamaillent tout le temps) et entre Yûko et Watanuki (qui se fait totalement exploiter par la Sorcière des Dimensions)  que l'on retrouve dans le premier chapitre du tome; et, par la suite, surtout la part de mystère et de merveilleux des enquêtes auxquelles Watanuki est confronté. Pour ce premier tome, on a deux histoires, mais je vais surtout m'intéresser à la première car elle me permet d'en parler simplement, sans rentrer dans l'analyse, l'interprétation et le spoil comme cela est le cas pour la seconde histoire (mais j'en parlerai quand même brièvement en fin de chronique).

Pour cette nouvelle histoire de Yûko et de Watanuki, on revient aux bases : une femme arrive dans la boutique sans qu'elle l'ait décidé car elle avait quelque chose à demander. Mais cette fois, rien n'est demandé. On comprend très vite quel est l'intérêt de cette femme : elle cache quelque chose car quand Yûko lui demande si elle s'entend bien avec celle qui lui a offert ses deux straps de portable, elle répond aussitôt, en coupant la parole à Yûko que c'est sa meilleure amie. L'attitude de la femme interroge Watanuki, mais il va être d'autant plus surpris que peu de temps après, une autre femme entre dans la boutique avec les mêmes straps et elle aussi va interrompre Yûko avec exactement la même réponse (les deux femmes se connaissent de leur propre aveu, et elles ont bien d'autres similitudes encore). Plus l'histoire avance, plus on voit un brouillard obscur de mystère et de merveilleux enveloppé les deux femmes : l'une devient de plus en plus mal en point à mesure que son strap se désagrège, tandis que l'autre ne bouge pas. Les deux femmes reviennent tous les jours, repartent sans avoir touché à leur thé, et à chaque fois Yûko répond à Watanuki qu'elles reviendront car « elles en ont besoin ».

 


XXXHOLIC rei © CLAMP . ShigatsuTsuitachi CO., LTD. All rights reserved. / Kodansha Ltd

 

Sans vous dire le pourquoi du comment de l'histoire, ce chapitre est excellent : on plonge progressivement des les tourments de l'esprit humain, dans la cruauté et la perversion des hommes qui sont finalement la base des manifestations surnaturelles. On retrouve ce qui a fait de XXXHolic un manga de grande qualité, à savoir une plongée dans la psyché humaine, un miroir nous dévoilant nos pires travers. Dans la seconde histoire, on revient sur le développement scénaristique de Watanuki car l'enquête va débuter dans l'appartement à côté du sien : pour la première fois, on voit le lieu où Watanuki vit, ce qui n'était jamais arrivé avant. On se rappelle que Watanuki a une vie en dehors de la boutique, et qu'il ne vit pas avec Yûko. Par la suite, ce qui se passe nécessiterait une analyse approfondie car le récit s'ancre totalement dans le symbolique et le mystérieux. Comme cela est le cas depuis longtemps chez les Clamp, la barrière entre rêve et réalité est mince et on se demande où on se trouve à la fin du manga. Mais là, ce n'est plus parce qu'on est perdu par un défaut scénaristique : on est clairement plongé dans un flou qui nous invite à poursuivre l'expérience de nouveau, à réfléchir, à rêver, à voyager dans différentes dimensions. En bref : bienvenue dans la boutique de Yûko Ichihara !

Concernant le trait de dessin, c'est toujours aussi beau. Chaque page semble être une magnifique estampe, c'est une pure merveille visuelle (surtout les pages en couleurs et la couverture qui sont sublimes). C'est fluide, enchanteur, très agréable à regarder. Même si cela est chargé de symbole par moments, rien n'est de trop, il n'y a aucune surcharge. L'édition quant à elle rend parfaitement hommage au travail des Clamp avec un papier très agréable au toucher, et surtout quelle joie de retrouver ces bordures colorées qui nous ont bien trop manqué.

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